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celle de tristesse, celle de douleur sur celle d’affliction, & celle de désolation sur celle de douleur.

DÉSOLER. v. a. Ravager, détruire, affliger un pays, ou une personne, par une ruine ou destruction entière. Vastare, depopulari, desolare. Les Barbares ont plusieurs fois désolé les Provinces de l’Empire Romain. Savoir seulement tuer des gens, & désoler la société, c’est exceller dans une science bien funeste. S. Evr. Ils désoloient les familles par leurs concussions. Vaug.

Une saison trop cruelle
A beau désoler nos champs
La terre en paroît plus belle
Au doux retour du printems. P. du Cerceau.

Ce mot vient de soulas, comme qui diroit, priver de tout soulas ; joie & consolation.

Désoler, se dit aussi pour, causer une très-grande douleur. Affligere, mœrore conficere. Cette mort a désolé cette pauvre famille. Pat. Son malheur me désole. Vous me désolez en m’apprenant de si tristes nouvelles.

En parlant de la supériorité, de l’avantage qu’une personne prend sur une autre, soit dans une contestation & dans une dispute, soit ailleurs, on dit qu’il le désole, qu’il l’a désolé. Ac. Fr.

Désolé, ée. part. & adj. Ravagé, ruiné, accablé de douleur. Afflictus, mœrore conjectus, ou vastatus, desolatus. Veuve désolée par la mort de son mari. Cette Paroisse a été toute désolée par un ouragan. Un spectacle si cruel & si funeste, ôta l’usage des pleurs à ce père désolé. Fel. L’Eglise désolée pouvoit à peine gémir librement, & pleurer sa gloire passée. Flech.

Que devant Troye en flamme Hécube désolée,
Ne vienne pas pousser une plainte empoulée. Boil.

☞ DÉSOPILATIF, ive. adj. Epithète que l’on donne en Médecine à certains remèdes qui résolvent ou débouchent les opilations. Voyez Opilation. Discutiendi obstructiones virtute præditus. Remède désopilatif.

DÉSOPILATION. s. f. Action de désopiler. Vis discutiendi obstructiones. Ce remède est admirable pour la désopilation de la rate.

DÉSOPILER. v. a. Terme de Médecine. Déboucher les conduits du corps humain où il y a eu quelque obstruction causée par de mauvaises humeurs qui s’y sont arrêtées. Obstructiones discutere. Les purgatifs sont propres pour désopiler.

On dit, par extension & familièrement, d’une chose qui réjouit, qui fait rire, qu’elle désopile la rate.

Désopilé, ée. part.

DÉSOR. adv. Vieux mot. Dorénavant. On a dit aussi Désore, pour dire, par-dessus ; & Aldésor, pour dire, à l’étroit.

DÉSORDONNER. v. a. Troubler l’ordre. Perturbare. Cette armée navale étoit rangée en bataille & bien ordonnée ; une tempête l’a désordonnée, l’a dissipée, & mise en désordre. Le fossé ne laissa pas de désordonner mes escadrons en le passant. Bussi Rab. Ce mot se dit peu, il n’est guère en usage qu’au participe passif, qui est pris comme adjectif.

Désordonné, ée. adj. Qui est sans ordre, contre l’ordre, déréglé. Ce dérangement universel & continuel des choses humaines, tout désordonné qu’il semble à nos yeux, est pourtant dans l’ordre de la Providence. Flech. Toutes les passions humaines sont vicieuses & désordonnées comme l’amour propre qui leur donne la naissance. M. Esp. Inordinatus. Une Communauté désordonnée. Une vie désordonnée. Corruptus, depravatus.

☞ Ce mot est quelquefois employé comme synonyme à excessif. Un appétit désordonné. Une passion désordonnée pour une femme, pour la chasse, &c. Immoderatus.

☞ DÉSORDRE. s. f. Dérangement des choses qui ne sont plus dans l’état, dans la disposition où elles devroient être. Ce mot dans toutes ses acceptions particulières conserve son idée générale. Perturbatio, confusio, inordinatio. Une maison, une bibliothèque en désordre, où rien n’est à sa place. Quand vous voyez vos cheveux dérangés, vous réparez bien vite ce petit désordre, afin qu’on ne vous surprenne pas négligée. M. Scud. Le désordre s’est mis parmi nos troupes ; l’armée s’est retirée en désordre, en confusion.

Désordre, se dit de même des affaires embrouillées & en mauvais état. Les affaires de ce marchand sont en désordre.

☞ On le dit de même de ceux dont la conduite est déréglée, qui ne vivent pas selon les loix. Immoderata vivendi licentia. Les Payens faisoient les Dieux coupables des mêmes crimes qu’eux pour excuser leurs désordres & leurs saletés. P. le Boss. Je hais ces repas où l’on fait gloire de perdre la raison, & où le désordre fait le plus grand plaisir. M. Scud. Il est assez ordinaire aux gens abandonnés à l’oisiveté de tomber dans le désordre. S. Evr.

☞ Ce terme appliqué à l’esprit signifie la même chose que trouble & embarras. Je feignis d’être malade pour cacher le désordre de mon esprit, mais je le devins en effet, & mon corps ne put supporter une si violente agitation. P. de Cl. Les passions mettent le désordre dans l’ame. La colère met le désordre dans les discours de ceux qu’elle maîtrise. M. Esp.

Un désordre éternel règne dans son esprit. Racine.

☞ On dit, dans ce sens, qu’un homme est en désordre, quand il se trouve embarrassé en parlant, ou qu’il est surpris dans un état indécent. Cet accident mit le Prédicateur en désordre. Ce Galant fut surpris tout en désordre. Perturbatio.

Désordre poëtique. On appelle ainsi, dans la poésie lyrique, la fougue de l’esprit qui presse les pensées & les précipite, qui présente les choses brusquement & sans préparation, ou les place dans un ordre qu’elles n’ont pas naturellement. Il ne faut pas le confondre avec l’enthousiasme, enthousiasmos. Voy. ce mot, & écart en poësie.

Ces magnifiques images de nouveaux cieux & d’une terre nouvelle, réformée du cahos après sa conflagration, ont effectivement saisi tout le monde, & ont peut-être plus fait concevoir ce que c’est que le désordre de l’Ode, que n’auroient pu faire toutes les définitions. En effet, ce désordre a ses règles, son art & sa méthode, mais d’autant plus belles, qu’elles sont plus cachées, & que les liaisons en sont imperceptibles, comme celles de nos conversations, quand elles sont animées par cette espèce d’ivresse d’esprit, qui les empêche de languir. En telle sorte que ce désordre est proprement la sagesse habillée en folie, & dégagée de ces chaînes géométriques qui la rendent pesante & inanimée. Rouss. On trouve dans Pindare, plus qu’en aucun autre Poëte, ce beau désordre, qui ravit & qui charme, & qui enlève un lecteur hors de lui, & malgré lui l’agite, le remue, l’échauffe.

Souvent un beau désordre est un effet de l’art. Boil.

Désordre, signifie aussi, les abus, les irrégularités qui proviennent ou de l’inexécution des loix, ou de quelque autre cause dans l’Etat, ou dans l’Eglise. Le Cardinal s’appliqua sérieusement à réformer les désordres qui s’étoient glissés dans l’Etat. S. Evr. Le peuple demanda qu’on songeât à remédier à tant de désordres qui troubloient le repos du Royaume. Id. L’Eglise souffrit beaucoup par les désordres inévitables d’un schisme.

Désordre, signifie encore, dégât, ravage. Vastitas, vastatio, clades, ruina. Dans les guerres civiles il se commet mille désordres. Le Prince ordonna qu’on payât le désordre de troupes.