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au-devant des souches de cheminée pour raccorder les tuiles, & les ardoises.

DÉVASTATION. s. f. Désolation d’un pays. Vastatio, depopulatio, direptio. Il ne se dit guère que de ces inondations de Barbares qui ont autrefois désolé les Provinces d’Occident, des Goths, des Vandales, &c. En ce sens on la trouve dans de bons Historiens. Depuis la dévastation de l’Amérique, les Espagnols, qui ont pris la place de ses anciens habitans, n’ont pu la repeupler. Montesquieu.

DÉVASTER, v. a. du Latin devastare. Dépeupler, désoler par tous les maux qu’entraîne après soi la guerre. Steinbok, Général Suédois, répondit qu’il ne s’étoit porté à ces extrémités que pour apprendre aux ennemis du Roi son Maître à ne plus faire une guerre de Barbares, & à respecter le droit des gens ; qu’ils avoient rempli la Poméranie de leurs cruautés, dévasté cette belle Province, & vendu près de cent mille habitans aux Turcs : que les flambeaux qui avoient mis Altena en cendres étoient les représailles des boulets rouges par qui Stade avoit été consumée… M. de Voltaire, Hist. de Charles XII, Roi de Suéde. Un tel exemple, joint à l’autorité de l’Académie Françoise qui a mis dévaster dans son Dictionnaire, ne laisse aucun doute sur la valeur de ce terme.

DEVAUTRAIN. s. m. Vieux mot, qui signifie devancier. Unus e Majoribus, Majores.

DEUCALÉDONIEN. C’est la même chose que Calédonien. Voyez ce mot.

DÉVÉ, ou DESVÉ, ée. Vieux mot, qui veut dire la même chose que desvoyé.

DÉVÉER. v. a. Vieux mot, qui signifie, Défendre, refuser. Vetare, negare, denegare. Aisemens communs ne doivent être dévéés à nulli. De Beuman.

Ce mot vient de devetare, qu’on avoit formé dans le temps de la basse Latinité de vetare, défendre.

☞ DÉVELOPPANTE. s. f. Terme de Géométrie, dont quelques-uns se servent pour exprimer une courbe résultante du développement d’une autre courbe, par opposition à développée, qui est la courbe qui doit être développée. Encyc.

DÉVELOPPÉE. s. f. Terme de l’Analyse nouvelle, ou de l’Analyse des infiniment petits. Evoluta. C’est une ligne sur laquelle un fil appliqué, & tendu ensuite en tangente, étant développé, décrit une autre courbe. Huygens, inventeur de la développée, dans son horologïum oscillatorium, appelle evoluta, développée la courbe sur laquelle le fil est appliqué, & celle que le fil décrit par son développement. Curva ex evolutione descripta.

Une courbe quelconque étant conçue comme enveloppée d’un fil dans toute son étendue, si l’on prend une des extrémités de ce fil, & qu’on l’étende en ligne droite en le déroulant, de manière que par son extrémité il soit toujours une tangente de la courbe, il décrira par son autre bout une autre courbe, par rapport à laquelle la première est appelée la développée. La portion du fil comprise entre un point quelconque dont elle est tangente sur la développée, & le point correspondant où elle se termine sur la courbe nouvelle, s’appelle le rayon de la développée. Ce rayon de la développée est toujours perpendiculaire à la courbe nouvelle, tandis qu’il est toujours tangente de la première, qu’on peut nommer génératrice. Acad. 1701, Hist. p. 81.

Si l’on conçoit qu’une ligne courbe quelconque, concave vers le même côté, soit enveloppée ou entourée d’un fil, dont l’une des extrémités soit fixe, & l’autre soit tendue le long de la tangente, & que l’on fasse mouvoir cette extrémité en la tenant toujours tendue, & en développant continuellement la courbe (que le fil entoure.) Il est clair que l’extrêmité (du fil qui se meut ainsi) décrira dans ce mouvement une (autre) ligne courbe. Cela supposé, la première courbe (qui étoit enveloppée du fil) sera nommée la développée de la seconde courbe, (ou de la courbe décrite par l’extrémité mobile du fil.) Les parties droites du fil (qui sont plus grandes à mesure qu’il se développe) seront nommés les rayons de la développée. De l’Hopit.

DÉVELOPPEMENT. s. m. Les Architectes appellent développement de dessein, la représentation de toutes les faces, profils, & parties du dessein d’un bâtiment. Explicatio. On appelle aussi, Faire le développement d’une pièce de trait, se servir des lignes de l’épure pour en lever les différens panneaux. Développement est aussi l’extension des surfaces qui enveloppent un voussoir ou une voûte dont les parties contigues sont rangées de suite sur une surface plane. Le développement dans un épure ordinaire est l’extension de la doële, sur les divisions de laquelle on ajoûte les figures des panneaux de lit. Frezier. Quelques ouvriers peu instruits, comme Blanchard dans son traité de la coupe des Bois, entendent par le mot de développement la ligne courbe, & quelquefois l’angle naturel qui est représenté en raccourci dans la projection. Ainsi il dit qu’un tel angle est le développement d’une telle ligne, qui en est le profil, ou la projection horisontale. Idem.

☞ Ce mot s’emploie de même au figuré, le développement d’un système.

Développement, en Géométrie, est l’action par laquelle on développe une courbe, & on lui fait décrire une développante.

DÉVELOPPER, v. a. Oter l’enveloppe qui cache quelque chose, déployer ce qui est enveloppé. Explicare, evolvere. Il faut développer toutes ses hardes en passant aux Douanes.

Développer, se dit, figurément, d’une chose qu’on ne peut pas saisir d’un coup-d’œil, parce que les idées qu’elle renferme y sont exprimées d’une manière trop serrée. Développer une proposition. Ce Rapporteur a bien développé l’affaire. Une pensée, pour être délicate, ne doit pas être trop développée. Voyez Expliquer & éclaircir.

On le dit, dans le même sens qu’au propre, des qualités, de l’esprit, des talens, &c. Pour s’insinuer dans l’esprit des hommes il faut les aider à développer leurs talens, & leur faire trouver plus d’esprit qu’ils n’en ont naturellement. Bell. Le Duc de Bouillon fut long temps à se développer, & demeuroit assez renfermé en lui-même. De Langlade.

Développer, se dit aussi chez les Artisans, quand ils dégrossissent du bois, ou de la pierre, pour leur donner la taille ou la disposition nécessaire pour les placer, ou en faire quelque ouvrage. Minuere, imminuere. Développer se dit aussi lorsqu’on rapporte sur un plan les différentes faces d’une pierre, ou les parties d’une voûte.

Développé, ée. part. & adj. Explicatus. Dieu n’exige point des hommes une préférence d’amour distincte & développée. Fénel.

DEVELTO. Ville de Turquie, située aux confins de la Bulgarie & de la Romanie, sur la rivière de Paviza. Develtum, Deultum. C’est une ancienne ville de Thrace, dont parlent Ptolomée & Pline, Liv. IV, c. 11. Develto a eu un Evêque suffragant d’Andrinople. Long. 45. d. 8′. lat. 41. d. 33′.

DEVENER. v. a. Vieux mot. Dévider du fil sur un dévidoir.

DEVENIR, v. n. Je deviens, je devins, je suis devenu, je deviendrai, que je devienne, je deviendrois, que je devinsse. Changer d’état, commencer à être ce qu’on n’étoit pas. Fieri, evadere. Les cerises deviennent rouges en murissant. Cette fille devient tous les jours plus belle, plus grande. Il est devenu, maigre, impuissant, &c. Actéon devint cerf à la vue de Diane.

Ce mot vient de devenire. Nicot.

Devenir, se dit dans le même sens en choses morales. On devient sage avec l’âge & l’expérience. De libre qu’il étoit il est devenu esclave. Il est devenu Président par son grand mérite. Il est devenu pâle & froid en apprenant cette nouvelle. L’homme veut