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duction de la Loi, donnèrent aux cinq parties dans lesquelles elle étoit divisée les noms de Genèse, Exode, Lévitique, Nombre & Deutéronome. Ces noms en effet sont Grecs, à celui de Lévitique près, qui est Hébreu ; mais dans la forme Grecque ils expriment ce que contiennent ces livres, ou du moins la chose la plus remarquable qui y est contenue.

Le Deutéronome, dont il s’agit ici, fut ainsi nommé, parce que cette dernière partie de l’ouvrage de Moïse comprend la répétition, la récapitulation que ce Législateur fit aux Israëlites, avant que de mourir, de la Loi qu’il leur avoit donnée. C’est pour cela que le Deutéronome s’appelle encore par les Rabbins מִשְׁנֶה, Misch-neh Répétition ; תּוֹרַת מִשְׁנֶה, Répétition de la Loi, seconde Loi. Ils le nomment encore סֵפֶר תוֹכָחוֹת, le Livre des Réprimandes, à cause du Chapitre XXXVIIIe. qui est plein des bénédictions que Dieu leur promet s’ils gardent sa loi, & des malédictions dont il les menace s’ils la transgressent, & que pour cela ils appellent סֵדֶר תוֹכָחוּת, Seder Tochahhur, le Chapitre des Réprimandes. Le Deutéronome fut fait la quarantième année depuis la sortie d’Egypte, dans les campagnes des Moabites, au-delà du Jourdain. Expression équivoque qui a fait douter si Moïse étoit véritablement l’auteur de ce livre, puisqu’il est certain qu’il n’a jamais passé ce fleuve. Mais les interprètes répondent que l’expression qu’on a traduite par ces mots au-delà, signifie également en-deçà. Moïse étoit alors dans sa 120e. année. Le Deutéronome contient en Hébreu onze parasches ou dix seulement, selon la Bible des Rabbins, édition de Venise, 27 Chapitres & 955. Versets. Dans les Versions Grecques & les Latines il a XXXIV Chapitres. Le dernier n’est pas de Moïse. Quelques-uns disent qu’il fut ajoûté par Josué ou par Esdras immédiatement après la mort de Moïse. C’est le sentiment le plus vraisemblable, ou plutôt c’est le commencement du livre de Josué, comme il est aisé de s’en convaincre en comparant le premier verset du livre de Josué, selon la division présente, avec le dernier verset du Deutéronome. De sorte que la difficulté tirée de la description de la mort de Moïse, qui se trouve à la fin du Deutéronome, disparoît, quand on fait attention qu’elle ne se trouve là, que par la faute de ceux qui ont fait la division de ce livre d’avec celui de Josué, qui y étoit joint anciennement sans aucune division. Ainsi ce morceau du Deutéronome où la mort de Moise est décrite appartient réellement au livre de Josué.

Ce nom est Grec, composé de δεύτερος, second, & νόμος, Loi ; & on l’a donné à cette partie de l’ouvrage de Moïse, pour la raison que nous avons dite ci-dessus.

☞ DEUTÉROPATIQUE. Terme de Médecine. adj. de t. g. dérivé du Grec δεύτερος, second, & παθος, maladie. Ainsi ce mot signifie proprement, maladie secondaire, c’est-à-dire, qui est la suite ou l’effet d’une maladie précédente. C’est l’opposé de Protopathique.

DEUVE. s. f. Etoffe de soie. C’est une espèce de satinade ou d’ostade.

DEVUIDE. Terme de Billard. Faire devuide, se dit à la guerre, lorsque le joueur ne laisse aucune bille sur le tapis, pas même la sienne ; ou bien, lorsqu’il fait sauter sa propre bille ou qu’il la met dans la belouse, quoique celle de son adversaire reste sur le tapis. Celui qui fait devuide paie deux marques à celui sur lequel il fait devuide.

DEUX. s. m. Nom du nombre qui suit l’unité, & qui est la première puissance qui commence les multiplications. Duo. Fendre en deux, c’est diviser par la moitié. Bifariam.

Deux frères jumeaux. Gemelli. Regarder entre deux yeux ; pour dire, fixement. Defigere oculos. Une poire à deux têtes. Pyrum biceps. Les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits. Cela est certain comme deux & deux font quatre. Ils sont à deux de jeu ; pour dire, Ils n’ont point d’avantage l’un sur l’autre : phrase tirée du jeu de paume, où l’on compte à deux, quand on a gagné un nombre égal de coups ou de jeux. Pares. On dit à la boule, Il porte les deux ; pour dire, Il a deux coups à jouer. Duabus partibus fungitur, duorum partes sustinet : & d’un Cavalier qui s’enfuit, qu’il donne des deux ; pour dire, des deux éperons.

Je me vois en rase campagne,
Dominant sur tout l’horison :
Je pique des deux mon grison,
Et crois voler sur un Pegase,
Comme un autre Bellérophon. P. Du Cerc.

On dit aussi au jeu, porter ses deux ; pour dire, Jouer seul contre deux. Il se dit aussi figurément, pour dire, Exercer deux fonctions différences.

Deux & un. On le dit en termes de Blason, pour dire, deux en chef & un en pointe. Il y a dans l’écu de France trois fleurs de lis, deux & un.

On dit au Trictrac, Double deux, quand on amène un doublet de deux. Et aux trois dés, on dit, Rafle de deux, quand chacun des trois dés est sur le point de deux. Après la virgule il faut mettre les deux points. Le deux se marque en chiffre Romain ainsi, II, & en chiffre Arabe ainsi, 2.

Deux. s. m. Le nombre de deux étoit regardé chez les Romains comme de mauvais augure, & de tous les nombre le plus malheureux. Et, comme tous les mauvais augures étoient consacrés à Pluton, les Romains lui avoient dédié le second mois de l’année & le second jour de chaque mois.

Deux. s. m. En termes de Chasseur, on appelle du deux, une sorte de petit plomb à tirer moins gros que celui qu’on appelle de l’un, & plus gros que celui qu’on nomme du trois. Les tireurs chargent leurs fusils avec du deux, lorsqu’ils vont chasser le lièvre. On dit acheter du deux, charger avec du deux, ce lièvre a été tué avec du deux.

On dit, proverbialement, Marcher deux à deux, comme Freres Mineurs. Cela est fait comme deux œufs. Deux chapons de rente, l’un gras & l’autre maigre. On dit aussi, je ne vous en ferai pas à deux fois. Scar.

DEUX-AMANS. Prieuré de Chanoines Réguliers, situé sur la cime d’une haute montagne, entre la rive droite de la Seine & la rive gauche de l’Andèle, au confluent de ces deux rivières dans le Diocèse de Rouen. Description Géographique & Historique de la. Haute-Normandie, Tom. II, pag. 351.

DEUXIÈME. adj. m. & f. numéral. Qui suit le premier, qui est au second rang. Secundus. César aimoit mieux être le premier au village, que d’être le deuxième à Rome.

DEUXIÈMEMENT. adv. En second lieu. Secundo.

DEUX-PONTS, s. m. & pl. Ville d’Allemagne, capitale du Duché de Deux-Ponts, Bipontium. Elle est du Cercle Electoral du Rhin. Maty fait ce nom féminin. Deux-Ponts, dit-il, est assez bien bâtie & défendue par un Château assez fort, où les Ducs de Deux-Ponts faisoient autrefois leur résidence. Il falloit dire la Ville de Deux-Ponts. Elle est située au confluent de deux petites rivières, sur chacune desquelles il y avoit apparemment un pont, d’où la ville a pris ce nom, pour le donner ensuite au Duché dont elle est capitale.

Le Duché de Deux-Ponts, petit Etat du Cercla du Bas Rhin en Allemagne. Bipontinus Ducatus. Il est dans les montagnes de Vôge, borné au couchant par la Lorraine & par le Comté de Sarbruck, au midi par l’Alsace, & des deux autres côtés par le Palatinat du Rhin. La France s’empara du Duché de Deux-Ponts après la mort du dernier Duc ; mais en 1693, il fut rendu au Roi de Suéde, qui est de la Maison de Deux-Ponts. Maty.

DEUX-TESTES. Nom d’une espèce de Poire. La deux-