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DIA

se servent de huhe ou hur-hau, ou huho, pour les faire détourner à gauche. Dextra, dextrorsum.

On dit, proverbialement, Il n’entend ni à huhe, ni à dia ; ou bien, Il n’entend ni à dia, ni à hur-hau ; pour dire, C’est un homme à qui l’on ne peut faire entendre raison. On dit aussi, proverbialement, de deux personnes qui, étant chargées d’une affaire, la conduisent par des voies opposées, que l’un tire à dia, & l’autre à hur-hau.

Dia, est le commencement de plusieurs termes de Médecine, de Chirurgie, de Pharmacie. Dans les mots où ces trois lettres commencent le nom d’un remède, d’un onguent, d’un emplâtre, d’un cataplasme, &c. elles marquent composition, mêlange, comme dans Diapalme, diachylon, &c. Voyez ces mots. Dia est encore le commencement de plusieurs mots, tant des Arts & des Sciences, que de l’usage ordinaire, comme diamètre, dialogue, Diacre, &c. Dans tous ces mots Dia, qui est préposition ou particule inséparable, vient de δια, qui commence les mêmes mots en Grec. Il y a des mots où dia n’est point une préposition prise d’une langue étrangère, quoique ces mots viennent ou puissent venir d’une langue étrangère, comme diamant, Diane, diantre.

DIA, ou DIE. s. f. Nom d’une fausse Divinité des Anciens. Dia. La Déesse Dia étoit honorée chez les Sicyoniens & chez les Philiasiens. Elle étoit aussi connue & honorée des Romains, comme il paroît par le fragment des inscriptions des frères Arvales, qui se voit dans Gruter, p. CXVII, & suiv. où elle est nommée Dea Dia, cinq fois, p. CXX & CXXI. On y voit que les hères Arvales lui font des sacrifices solemnels, qu’elle avoit un bois sacré proche de Rome ; qu’il étoit sur le chemin, ou Campagne d’Italie, Via Campana, à cinq stades de Rome, apud lap. V. que les arbres de ce bois ayant été frappés de la foudre, on y fit des lustrations & des sacrifices pour purger le lieu, & qu’on en planta d’autres. Par une autre inscription rapportée au même endroit, pag. CXXIV, on connoît encore qu’il y avoit un temple, ou une salle, un portique, peut-être un dôme soutenu de quatre colonnes, Tetrastylon, où les Prêtres s’assembloient, & où ils se seyoient & tenoient leurs assemblées.

Quelques-uns de nos Auteurs prétendent que la Déesse Dia fut aussi honorée en Gaule ; qu’elle le fut sur-tout des Vocontiens, qui l’adoroient particulièrement dans leur ville principale, qui pour cette raison fut appelée Dia Vocontiorum, & qui est aujourd’hui Die en Dauphiné, dont le nom s’est formé de Dia : mais il y a d’autres raisons de ce nom comme on le peut voir ci-dessous au mot Die. Ils appuient cette opinion sur ce que l’on trouva, il y a quelques années, à Die, une inscription d’un sacrifice d’un bœuf fait à la Mère des Dieux, Matri Deum magnæ Ideæ. Ils ajoutent que l’on voit à Die, sur l’une des portes qui restent de l’ancienne ville, une tête de bœuf sur la clef de la voûte au-dedans de la ville ; & qu’il y a encore plusieurs bas-reliefs dans la même ville, ou sont représentées des têtes de bœufs & de moutons avec des instrumens pour la culture de la terre. Tout cela rend la conjecture assez plausible.

Du reste on ne sait quelle étoit la Déesse Dia. Quelques-uns disent que c’étoit Hébé, Déesse de la Jeunesse. Je n’en vois point les raisons. Un Docteur en Droit de Bâle, nommé Sébastien Fesch, habile Antiquaire, prétend que Dia est la même qu’Ops, ou Cybèle. Sa conjecture est fondée, sur ce que Cybèle & Saturne son mari passoient pour les inventeurs de la culture de la terre & des fruits, & que les frères Arvales, comme il paroît par le monument que nous avons cité, étoient Prêtres de la Déesse Dia, & que ces Prêtres, comme leur nom semble l’indiquer assez, étoient les sacrificateurs & les Ministres des Dieux, qui présidoient aux biens de la terre, ou aux fruits de la terre. Mais par la même raison on pourroit dire que Dia seroit Cérès, à qui l’Antiquité fabuleuse croyoit devoir l’invention des blés. Il y a plus même ; car les frères Arvales, comme nous l’avons dit en son lieu, étoient Prêtres de Cérès & de Bacchus, & furent institués pour leur offrir des sacrifices, & non point pour le culte de Cybèle.

DIABETÈS. s. m. Terme de Médecine. Soudaine & copieuse évacuation de la boisson par les conduits urinaires, accompagnée d’une soif pressnte & de la maigreur de tout le corps. Diabetes. Cette boisson est ordinairement changée, lorsqu’on la rend ; mais quelquefois elle ne l’est point du tout. Le diabetès est causé par les sels âcres qui dissolvent la masse du sang, ou qui en désunissent les parties, de sorte que la sérosité s’en sépare facilement. Il y a une autre espèce de diabétès, dans lequel ceux qui en sont attaqués rendent plus d’urine qu’ils ne boivent. Quelques Médecins croient que cette quantité extraordinaire de liqueur vient de l’air qu’on respire, qui se convertit en eau : mais d’autres jugent avec plus de raison, que c’est le sang, la graisse & même les parties solides qui se liquéfient. M. Woodward, dans son livre de l’état de la Médecine & des maladies, explique comment les sels vitiés causent toutes les maladies, & même la pierre des reins & de la vessie, le Diabétès, la strangurie, l’urine sanguinolente, &c. Journ. des Savans, 1711, p. 173.

Le mot diabétès vient du Grec διαβαίνειν, passer vîte : il a été donné à cette maladie, parce que la boisson passe fort vite.

Diabetès : est aussi un terme dont on se sert en Hydraulique, qui se dit d’un syphon dont les deux branches sont enfermées l’une dans l’autre, comme on le voit dans le verre décrit par Héron : il se vide tout entier sans être renversé, dès que l’eau est arrivée à la hauteur de la branche intérieure du syphon.

DIABÉTIQUE. adj. m. & f. Diabeticus, diabete laborans, ou affectus. Terme de Médecine. Celui qui est incommodé de la maladie appelée diabétès.

DIABLE. s. m. Mauvais Ange, & l’un de ces Esprits célestes qui ont été précipités du ciel, pour avoir voulu s’égaler à Dieu. Diabolus, malus dæmon, hostis humani generis. Les Ethiopiens peignent le Diable blanc, pour prendre le contrepied des Européens qui le représentent noir. Ludolf. Le Diable est toujours pris dans l’Ecriture pour l’ennemi de Dieu & de l’homme. Jésus-Christ fut tenté par le Diable dans le désert. Le Diable tente les Saints pour avoir des compagnons de sa misère. Ce n’est point le Diable qui nous tente pour l’ordinaire ; ce sont nos passions. S. Evr. Le Diable est toujours en embuscade, & en sentinelle pour nous surprendre. Id. Le Diable désabuseroit les incrédules, s’il se montroit ouvertement. Id. Le Diable tenta Eve sous la figure d’un serpent.

Eve aima mieux, pour s’en faire conter,
Prêter l’oreille aux fleurettes du Diable,
Que d’être femme, & ne pas caqueter. Saras.

On se livre à la volupté,
Parce qu’elle flatte & qu’on l’aime ;
Et, si du Diable on est tenté,
Il faut dire la vérité,
Chacun est son Diable à soi-même.

Nouv. choix de Vers.

Dieu donna pouvoir au Diable de tourmenter Job, pour éprouver sa patience. Jésus-Christ chassoit les Diables hors du corps des possédés. Il n’est point parlé du Diable dans l’ancien testament, mais seulement de satan. On ne trouve point dans les Auteurs Payens le mot de Diable dans la signification que l’on y a attachée parmi les Chrétiens ; c’est à-dire, pour signifier une créature qui s’est révoltée contre Dieu : ils tenoient seulement qu’il y avoit