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donner la Communion aux Prêtres : il leur étoit permis dans la pénitence publique de recevoir à pénitence ceux qui se présentoient, ou, comme on parloit, de leur donner la pénitence, de leur administrer même l’Eucharistie en cas de nécessité, sur-tout lorsque l’Evêque ou le Prêtre le leur ordonnoit ; mais jamais ils n’ont eu le pouvoir de réconcilier les pénitens, ou de leur donner l’absolution. Voyez le Concile d’Elvire Can. 32. Alcuin, de Divin. Off. in Capite Jejun. les Constitutions Synodales du Diocèse de Saintes, faites en 1270. par Simon Cardinal-Légat, qui fut depuis Martin IV. le Pontifical Romain, ouvrage du VIe siècle ; l’Ordre Romain, fer. 4. in Capite Jejun. Burchard, L. XIX. du Décret, C. 153. 154. Yves de Chartres, p. XV. C. 161. 162. Odon de Paris, Statut. Synod. 5. &c.

Les Diacres chantoient l’Evangile devant le Pape, quand il venoit célébrer dans une Eglise de leur région ; c’est pourquoi ils furent appelés Diacres Cardinaux, ou principaux Diacres, de la première, seconde & troisième région, comme étant les directeurs, & les administrateurs de l’Eglise Patriarchale. Ainsi les premiers Cardinaux ont été les Diacres de l’Eglise de Rome. On distingua encore à Rome deux sortes de Diacres, par rapport aux fonctions qu’ils faisoient. Les uns s’appeloient Diacres Palatins, ou Diacres du Palais ; & les autres s’appeloient Diacres Stationnaires, ou Diacres des Stations. Les Diacres du Palais étoient attachés à l’Eglise de saint Jean de Latran : c’étoit-là qu’étoit le Palais du Pape. Les Stationnaires faisoient leurs fonctions dans les Eglises où il y avoit des stations marquées.

Il y a chez les Maronites du Mont-Liban deux Diacres qui sont de purs administrateurs du temporel. Le P. Jérôme Dandini, qui les appelle dans sa Relation Li Signori Diaconi, dit que ce sont deux Seigneurs Séculiers, qui gouvernent le Peuple, jugent de tous leurs différends, & traitent avec les Turcs de ce qui regarde les tributs, & de toutes les autres affaires qui se rencontrent. Il semble que le Patriarche des Maronites ait voulu imiter les Apôtres, qui se déchargèrent des affaires temporelles de l’Eglise sur les Diacres qu’ils élurent : Ce n’est pas bien fait, disent-ils de laisser la parole de Dieu pous servir aux tables. Ce fut-là l’occasion du premier établissement des Diacres. Il y a de l’apparence que les Maronites ont voulu conserver chez eux quelque chose de cette discipline Apostolique.

Voyez dans les Acta Sanct. Maii, Tom. VII. Paralip. p. 97, l’ancien habit des Diacres.

Ce mot originairement signifie Ministre, & est formé de Diaconus, mot Latin, qui a été fait de διάκονος qui signifie, Ministre.

Les cérémonies qui se pratiquent quand on ordonne les Diacres, ne sont pas les mêmes dans toutes les Eglises. Dans l’Eglise Romaine on fait les Diacres de la manière qui suit : un Archidiacre présente à l’Evêque ceux qui demandent l’Ordre de Diacre, & l’Evêque demande s’ils en sont dignes ; l’Archidiacre répond qu’ils le sont, autant que la fragilité humaine le peut permettre : alors l’Evêque, étant assis, & revêtu de ses habits pontificaux, déclare tout haut qu’il les admet pour être Diacres, puis il leur fait une courte exhortation, dont la formule est dans le Pontifical : ensuite il exhorte le Clergé & le Peuple à se joindre à lui, pour demander à Dieu les graces nécessaires pour ceux qui vont être ordonnés Diacres : il se lève, & fait une prière par laquelle il demande ces grâces, après quoi on lui ôte sa Mitre, & il chante ou récite une espèce de préface, vers la fin de laquelle il étend la main droite sur la tête de chacun de ceux qui demandent le Diaconat, & qui sont à genoux, & dit, Recevez le Saint Esprit pour avoir de la force, & pour résister au Diable, & à ses tentations. Au nom du Seigneur. Il achève la préface, reprend sa mitre, s’assied, & met l’étole, puis la dalmatique, à ceux qu’il ordonne, en récitant à chaque cérémonie une formule, ou une prière convenable à cette cérémonie : ensuite il leur présente le livre des Evangiles (c’est le Missel) qu’ils doivent toucher de la main droite, tandis que l’Evêque dit, Recevez le pouvoir de lire l’Evangile dans l’Eglise de Dieu, tant pour les vivans que pour les défunts. Au nom du Seigneur. Ainsi soit-il. La cérémonie finit par des prières que l’Evêque récite après s’être levé, & s’être tourné du côté de ceux qu’il vient d’ordonner. Voyez le Pontifical Romain, & les anciens Pontificaux rapportés par le P. Martène, dans son ouvrage des anciens Rits de l’Eglise.

Dans l’Eglise Latine toutes les Eglises particulières pratiquent aujourd’hui, & ont autrefois pratiqué à-peu-près les mêmes cérémonies. On n’a pas néanmoins toujours présenté le livre des Evangiles à ceux qu’on fait Diacres ; & les plus anciens Pontificaux qui rapportent cette cérémonie sont ceux des Eglises d’Angleterre, ou de quelques autres Eglises, mais soumises à la domination des Anglois lorsque ces Peuples étoient Catholiques. Ce n’est pas à dire que cette cérémonie ne puisse être aujourd’hui la matière de l’ordination des Diacres, & que l’Eglise n’ait pu la déterminer ainsi.

Dans l’Euchologe des Grecs on trouve les cérémonies suivantes pour l’ordination des Diacres. Deux Diacres présentent à l’Evêque, qui est sur son trône, celui qui doit être ordonné Diacre : ils font trois tours autour de l’Autel, en disant, Saints Martyrs qui combattez avec courage. Alors celui qui veut être fait Diacre s’approche de l’Evêque, qui le marque trois fois à la tête, lui fait ôter sa ceinture, & lui ordonne d’ôter la serviette, ou la nappe : après avoir fait cela, il s’approche de la table sacrée, la touche du front, & fléchit le genou droit ; puis, tandis que l’Archidiacre dit à haute voix, Soyons attentifs, l’Evêque étend la main droite sur la tête de celui qui doit être fait Diacre, & il l’ordonne en prononçant la forme en ces termes : La grâce divine qui guérit ce qui est infirme, & qui donne ce qui manque, éleve au Diaconat N. Soudiacre très-pieux. Prions pour lui, afin que la grâce du Très-Saint Esprit vienne sur lui. Les assistans disent trois fois, Seigneur, ayez pitié : l’Evêque marque trois fois à la tête d’un signe de croix le nouveau Diacre, qui dit pendant cette cérémonie, Prions le Seigneur. L’Evêque ensuite récite deux prières différentes, tenant toujours la main étendue sur la tête du nouveau Diacre : entre ces deux prières l’Archidiacre récite la Diaconique. Après que l’Evêque a achevé la dernière des deux prières qu’il récite, il met l’étole au nouveau Diacre ; puis on chante quelques courtes prières, qui terminent la cérémonie de l’ordination des Diacres.

Les Coptes ont un Rit particulier pour l’ordination des Diacres. Ce Rit renferme les cérémonies que voici. Celui qui présente quelqu’un pour être ordonné Diacre, l’amène & le conduit à l’Autel devant l’Evêque : là il met le genou droit à terre sur les degrés de l’Autel : l’Evêque prend l’encens, & le bénit, en disant une prière assez longue : elle est suivie d’une seconde que l’Archidiacre récite, & de trois autres qui sont dites par l’Evêque : durant la première & la dernière de ces trois oraisons, il a le visage tourné du côté de l’Autel, c’est-à-dire, à l’Orient ; &, durant la seconde, il est tourné du côté de l’Occident, & il a la main droite étendue sur la tête de celui qu’il ordonne : il se tourne encore vers lui après la troisième de ces prières, & il le marque au front de son pouce, en disant : Nous vous appelons dans la sainte Eglise. Ainsi soit-il. Après quoi l’Archidiacre dit : Un tel est Diacre dans la sainte Eglise, l’Eglise Apostolique, l’Eglise de Dieu. Ainsi soit-il. Ensuite l’Evêque dit : Nous ordonnons Diacre un tel sur l’Autel, c’est-à-dire, sur telle Eglise orthodoxe, au nom du Père, & du Fils, & du Saint Esprit. Ainsi soit-il. Puis il fait trois croix sur le front du nouveau Diacre, &, après s’être tourné vers l’Orient, il récite une prière, laquelle étant finie, il