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& comiques, comme a fait Lucien, mais dans les plus sérieux & les plus abstraits. Tels sont les Dialogues de Platon, & ceux de Cicéron, qui roulent tous sur la Philosophie, ou sur la Politique. Outre M. de Fénelon, nous avons aussi plusieurs Auteurs qui ont pris ce tour ; Paschal, dans les Provinciales ; le P. Bouhours, dans les Entretiens d’Ariste & d’Eugène, & dans la Manière de bien penser ; M. de Fontenelle, dans ses Dialogues des Morts, de la Pluralité des Mondes, &c. le P. Daniel, dans ses Entretiens d’Eudoxe & de Cléante, l’Auteur de l’Esprit des nouveaux Disciples de S. Augustin.

Dialogue, en termes de Musique, est une composition au moins à deux voix, ou à deux instrumens, qui se répondent l’un à l’autre, & qui souvent se réunissant, font un trio avec la basse continue. Il y a plusieurs exemples de dialogues dans les Opéra François & dans les Italiens. Les Organistes appellent aussi dialogues, le duo qu’ils jouent sur les orgues, en se répondant avec différens jeux, ou sur différens claviers.

Le nom de dialogue vient du Latin dialogus, en Grec διάλογος. La signification est la même.

DIALOGUER, v. a. Faire parler entr’eux plusieurs personnes. Dialogos texere. Il est aussi quelquefois neutre. Voici comme l’Auteur les fait dialoguer. Merc. de Mai 1725. On ne peut guère dialoguer plus vivement & plus légèrement. Idem. Les Adieux de Mars ne sont point proprement une Comédie. C’est une pièce d’esprit, agréablement dialoguée, partagée en Scènes différentes qui se rapportent au même objet, & qui, sans nœud & sans dénouement, ne laissent pas de faire un tout qui plaît. Observ. sur les Ec. Mod. L’auteur de ces Observations, en parlant de la Comédie de l’Amitié Rivale, a dit encore, Toute la pièce, qui est dialoguée avec esprit, & conduite avec art, offre de temps en temps des morceaux brillans. On ne peut pas dire qu’elle soit indigne de l’Auteur du Rendez-vous & de la Pupille, pièces vraiment comiques, qui ont fait tant d’honneur à M. Fagan. Il est des Versificateurs pompeux qui n’ont d’autre mérite que de savoir dialoguer des Scènes décousues, en belle cadence, en Epithètes & en Antithèses. Des Fontaines. Les Mystères ou Chants Royaux succédèrent. On les dialogua ; on les joua à S. Maur, puis à Paris. Riccoboni. Avant ces Mystères dialogués, les Spectacles n’étoient que des Bouffonneries sur des tréteaux. Id. L’Avare de Molière est plus intéressant, mieux dialogué que celui de Plaute. Pouilly de Burigny.

☞ DIALOGUÉ, ée. part. pass. & adj. Qui est écrit en dialogues. Alternis sermonibus constans. Scène bien dialoguée, pour dire que les interlocuteurs y parlent convenablement au sujet, se répondent juste, ou s’interrompent à propos.

Nous a produit cette foule incommode
D’Auteurs glacés, qui, séduits par la mode,
N’exposent plus à nos yeux fatigués
Que des Romans en vers dialogués. Rousseau.

DIALOGUEUR, euse. s. m. & f. Qui dialogue, qui parle & écrit par dialogue. L’Auteur peint ici le Dialogueur sophiste, le subtil furet des replis imaginaires du fond du cœur. Desfontaines. Dancourt s’étoit attiré la réputation d’être le meilleur & le plus agréable Dialogueur des Modernes. Lettre sur la Comédie.

DIALTHÆA. s. m. Terme de Pharmacie. Onguent qui tire son nom de sa base, qui est la racine d’althæa. Il est composé de mucilages de cette racine, & de ceux des semences de lin, de senegré & de squille. Les autres ingrédiens sont l’huile commune, la cire jaune, la résine, la térébentine, le galbanum & la gomme de lierre. Il est propre pour ramollir, pour humecter, & pour résoudre ; il appaise les douleurs de côté ; il amollit les duretés, & il fortifie les nerfs. On en frotte les parties malades.

☞ DIAMANT. s. m. Terme de Joaillier. La plus dure, la plus brillante & la plus précieuse de toutes les pierreries. Adamas. Les Physiciens prétendent que les parties élémentaires sont la terre la plus pure & la plus divisée, le feu le plus vif & l’eau la plus limpide : quoi qu’il en soit de cette composition, il est sûr qu’il n’est point de corps diaphane qui soit aussi pésant & aussi dur que le diamant : aussi le polit-on d’une manière à nous éblouir. Un diamant brut est celui qui n’est point encore taillé. Adamas rudis, impolitus. Trois choses font estimer le Diamant : son éclat ou son lustre qu’on nomme son eau, son poids ou sa grandeur, & sa dureté. Sa couleur la plus parfaite est le blanc. Il faut qu’il soit épais, carré & haut de biseau. Ses défauts sont d’être glaceux, sourd & rempli de sable rouge, ou de tirer sur l’azur ou le jaune brun. Il a cela de particulier que quand, le soleil donne dessus, il jette autant de rayons qu’il a de faces, & tous de différentes couleurs, rouge, verte, jaune & bleue. Le prix des diamans se suppute selon leur poids, qui est mésuré par des carats dont chacun pèse quatre grains. La terre où viennent les diamans est sablonneuse. Il y a plusieurs roches qui ont des veines d’environ un doigt de large, d’où les mineurs, avec des fers crochus, tirent le sable, parmi lequel se trouvent les diamans, quand on l’a bien lavé. La plus belle mine de diamans est à Golconde dans les terres du Grand-Mogol. La mine des diamans a été trouvée, par hasard, par un Berger, qui ayant donné du pied contre une pierre qui lui parut avoir quelque éclat, la vendit pour un peu de ris sans la connoître. Cette mine est à 108 milles de Masulipatan. Il y a 30000 hommes qui y travaillent, & deux fois autant qui y trafiquent. On en paye 300000 pagodes de ferme au Roi, qui, outre cela, se réserve tous les diamans qui passent dix carats. Il n’y a dans l’Orient que quatre mines & deux rivières d’où l’on tire les diamans, & ce sont les seuls lieux du monde où l’on en trouve. C’est dans les Royaumes de Golconde & de Visapour, ou sont ces mines ; ces Royaumes sont aujourd’hui soumis au Grand Mogol. Les rivières sont dans le Royaume de Bengale & dans l’Ile de Bornéo. Les plus belles pointes de diamans s’appellent pointes naïves qui viennent dans la rivière de Grouël dans le Royaume de Bengale.

Le plus beau diamant qu’ait le Grand Mogol pèse de carats, & vaut onze millions sept cens vingt-trois mille deux cens soixante & dix-huit livres 14 s. 9 den. & celui du Grand Duc de Toscane pèse 139 carats, & vaut deux millions six cens huit mille trois cens trente-cinq livres, suivant la règle de la supputation de la valeur des diamans que rapporte Tavernier en ses Voyages. Le diamant de Sanci, tant vanté autrefois pesoit 100 carats, étoit de la grosseur d’une amande, & taillé à facettes.

On appelle diamant rosette, ou diamant rose, un diamant taillé à facettes par-dessus, & plat par-dessous ; & diamant brillant, un diamant taillé à facettes par-dessous comme par-dessus.

On donne aussi le nom de diamant, à certaines pierres qui ressemblent aux diamans. Acad. Fr.

Diamant du Brésil. On découvrit ces diamans en 1728 près de la ville du Prince. Voyez cette Ville au mot PRINCE. Les diamans que l’on y a trouvés ont ordinairement depuis un grain jusqu’à six carats, il y en a de plus gros, & on en a vu un entre autres de 45 carats. Ils ont la couleur, la solidité, & toutes les autres propriétés des diamans d’Orient. On a seulement remarqué que les diamans qui étoient à la superficie de la terre, & exposés à l’action de l’air & du soleil, ont une enveloppe beaucoup plus épaisse, & perdent, par conséquent davantage, quand on les veut polir. Transact. Philosoph. 1731, p. 257. Nos plus habiles Joailliers pré-