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DIA

Diaphragme, en terme d’Optique, se dit de ces espèces de planchers qui traversent les tuyaux des grandes lunettes, & qui sont percés par le milieu. En général les Savans se servent de ce terme pour expliquer une cloison ou séparation entre deux parties.

☞ En Botanique, on appelle diaphragme la cloison transversale qui s’étend dans une silique, ou un autre fruit capsulaire. Septum.

Diaphragme. Le Diaphragme d’un tuyau d’orgues s’appelle biseau : il a une petite oouverture longue & étroite, & un peu en biseau, pour laisser échapper le vent. On l’appelle lumière.

☞ DIAPHTORE. s. f. Terme de Médecine, se dit en général de toute sorte de corruption. Διαφθείρειν, corrompre.

DIAPHYSE. s. f. C’est un interstice, une division, une partition, enfin tout ce qui sépare deux choses. Diaphysis dans Hippocrate, Lib. de Tract. comme l’explique Galien, signifie une certaine éminence nerveuse, & cartilagineuse dans le milieu de l’articulation du tibia avec le femur, qui sépare les têtes & les apophyses inférieures du femur qui sont articulées dans les cavités de la tête du tibia. Cette substance ne paroît que dans les cadavres récens ; car, elle se flétrit après la mort. Dict. de James.

DIAPNOTIQUE. adj. & s. Diapnoticus. On appelle ainsi les remèdes qui font transpirer. Ce mot vient du Grec διαπνοή, perspiratio, transpiration insensible. Ils ne différent guère des diaphorétiques.

DIAPRER. Vieux v. a. Orner, décorer, tapisser. Ornare, decorare.

Diapré, ée. adj. ou plutôt part. du vieux verbe diaprer. Qui est varié de plusieurs couleurs. Versicolor, varius. Il n’est plus guère en usage, si ce n’est en termes de blason, où l’on appelle diapré, tout ce qui est brodé, figuré & tracé à fantaisie, comme un compartiment de fleurs, soit sur le champ de l’Ecu, soit sur une de ses pièces honorables.

Là brillait le teint vif des pêches empourprées,
Ici le riche émail des prunes diaprées. Perrault.

Hoqueton diapré de mon maître la Trousse.
Je le suivois à pied, quand il allait en housse. Desp.

Ce mot signifioit autrefois, tapissé, orné, décoré. Gloss. sur Marot.

Diapré, ou Diaprée. s. f. Nom d’une espèce de prunes. La diaprée violette. La Quint. Le même Auteur écrit quelquefois diapré. Des Misabelles, Sainte Catherine, diapré. Id. Beaucoup de Damas & de diaprée ont la chair véreuse. Id. Il ne donne point non plus de pluriel à ces noms, comme on le voit par ces exemples, & il les fait indéclinables. Il est mieux de les décliner, & de dire les diaprées sont véreuses ; les diaprées sont longuettes. La Quint. La diaprée violette est violette tirant au rouge.

Ce mot, selon du Cange, vient du Latin diasprum, qui étoit une espèce d’étoffe précieuse & de broderie, dont le nom s’est étendu à tout ce qui étoit diversifié de couleurs, & jaspé.

DIAPRUN, ou DIAPRUNUM. Le premier mot est nouveau, mais on s’en sert aujourd’hui. s. m. Terme de Pharmacie. Electuaire mou purgatif, appelé ainsi à cause de la pulpe des prunes de Damas qui en sont la base. Il y a le diaprun simple, & le composé. Le diaprunum simple, outre la pulpe de prunes, reçoit la casse, les tamarins, la rhubarbe, les roses rouges, la semence de violette, les santaux rouge & citrin, la raclure d’ivoire, le suc de réglisse, & les quatre grandes semences froides. Il est propre pour préparer & pour ramollir les humeurs. Le diaprunum composé, ou solutif, n’est autre chose que le simple, sur une livre duquel on a mis demi-once de scammonée en poudre pour le rendre plus purgatif.

DIAPRURE. s. f. Variété de couleurs. La diaprure des prés. Il est vieux.

DIARBECK. s. m. Province de Turquie en Asie. Diarbeckia, Mesopotamia. Le Diarbeck est renfermé entre le Tigre & l’Euphrate, & borné au nord par la Turcomanie, au couchant par la Syrie, au midi par l’Arabie déserte & par l’Yérak-Arabique, & au levant par l’Arzerum & une partie du pays des Curdes. Le Diarbeck est divisé en trois grands Beglerbeglics, ou Gouvernemens, celui de Diarbeckir, qui est au nord, & ceux de Mosul & de Rike, qui sont au midi, le premier vers le Tigre, & l’autre vers l’Euphrate. Outre ces trois villes, qui donnent le nom à ces trois Beglerbeglics, il y a encore Nesbin, Merdin, Asauchiuf, Orpha, Bit, Harran, qui est le Haran de l’Ecriture, & le Charræ, fameux par la défaite de Crassus ; Chabur, & Karkir, qui sont encore de bonnes villes. Le Diarbeck, tel que nous venons de le décrire, est le פדן ארﬦ, Padan Aram, ou ארﬦ נהריﬦ, Aram Naharim, de l’Ecriture, & la Mésopotamie des Anciens. Quelquefois, selon la remarque de Maty, on lui donne plus d’étendue, & l’on y comprend l’Arzerum, qui est une partie de l’ancienne Assyrie, & l’Yerak Arabique, qui est la Babylonie & la Chaldée des Anciens. Voyez d’Herbelot, Biblioth. Orient, pag. 154. où il écrit Diarbekr, & Diarbek.

DIARBEKIR. Ville de la Turquie en Asie, capitale d’une Province de même nom. Diarbeckia, Amida. Cette Ville est sur le Tigre à 50. lieues environ au-dessus de Mosul. Elle est grande, & l’une des plus peuplées & des plus marchandes de la Turquie. Il y a dans Diarbekir un très-grand nombre de Chrétiens Arméniens, Nestoriens & Jacobites. Au reste Diarbekir est la même ville que Caramit, ou Cara-hemit, quoique quelques Cartes les distinguent mal à-propos. Mati dit aussi Diarbeck ; mais c’est le nom de la Province.

DIARRHÉE. M. Lemery écrit diarrée, prononcez diarrée, s. f. Terme de Médecine. Cours de ventre, dévoiement. Alvi resolutio, liquida alvus. Ce mot en général se prend pour toute sorte de flux de ventre, mais proprement c’est celui dans lequel les humeurs pures ou mélangées s’écoulent, quelquefois sans douleur, & quelquefois avec douleur. La diarrhée est de plusieurs sortes, selon la diversité des excrémens : il y en a une bilieuse, une séreuse, une pituiteuse, une purulente. La purulente vient toujours de quelque abcès qui s’est ouvert. Les autres diarrhées viennent d’une fermentation qui se fait dans le sang, par laquelle il se décharge de ses excrémens dans les intestins. La diarrhée vient aussi des mauvais alimens qu’on a pris, de la suppression de la transpiration, & de plusieurs autres causes. On remarque que ceux qui transpirent peu, sont sujets à la diarrhée, & que ceux au contraire qui transpirent beaucoup, sont ordinairement resserrés. Stolterfoth, Médecin de Lubec, rapporte qu’un Artisan, Lavandier de profession, eut, depuis l’âge de 30 ans jusqu’à l’âge de 65 ans une diarrhée, qui lui causoit cinq ou six selles par jour, se portant toujours bien, ayant appétit, & toutes les forces nécessaires pour son travail. Enfin, à l’âge de 65 ans, par des remèdes astringens, qu’il se fit lui-même, ou qu’il acheta chez les Apotiquaires, il arrêta son flux. Aussitôt il lui vint une grande douleur de reins, avec difficulté de respirer, cessation de la digestion, rendant les alimens comme il les avoit pris, froid aux extrémités, enflure aux cuisses, une soif insupportable, & plus d’appétit, n’urinant qu’à peine une humeur aqueuse & vide de soufre. Stolterfoth appelé lui fit des aromates pour le conforter doucement, & des antiscorbutiques mêlés de choses qui délayassent modérément. Alors il commença à respirer plus librement ; les urines furent plus teintes, la couleur naturelle lui revint, l’enflure diminua, & il se remit. Mais, ayant pris du vin d’absynthe & de l’eau-de-vie pour se fortifier, disoit-il, l’estomac, il retomba & mourut.

Le mot de diarrhée est Grec, & vient de διὰ, par ; & ῥέειν, couler.

DIARRHODON. s. m. Terme de Pharmacie, qu’on donne à diverses compositions à cause des roses rou-