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DIB DIC

Septante la nomment Δαιβών, & Δεβών. C’étoit une ville ancienne située à l’Orient du Jourdain. Elle fut d’abord aux Moabites, comme on le conclut du Livre des Nombres XXI. 30. Apparemment qu’ils en étoient les fondateurs ; car on ne sait point qu’il y eût aucun autre peuple avant eux dans le pays qu’ils occupèrent. Séhon, Roi des Amorrhéens Orientaux, la leur enleva, comme il paroît par le même endroit, & par Jos. XIII. 9. Ce Roi ayant été défait, & son Royaume conquis par les Israëlites, la Tribu de Gad & celle de Ruben la demandèrent, comme un endroit propre à nourrir du bétail. Nombres XXXIII. 3. La Tribu de Gad la rétablit. Nombres XXXII. 34. Ensuite ils la cédèrent à la Tribu de Ruben ; car Josué XIII. 17. la compte parmi les villes de cette Tribu. Peut-être réforma-t-il les partages qui n’avoient pas été assez également faits ; ou qu’il n’y eut point de partage avant la conquête entière de la terre promise, & que les Tributs de Gad & de Ruben s’étoient mises en attendant dans les premières villes où elles se trouvèrent. Dibon confinoit avec Medaba. Jos. XIII. 9. Elle fut considérable, au moins dans la suite, ayant des filles, selon le langage de l’Ecriture, c’est-à-dire, d’autres villes sous elle. 2 Esdr. XI. 15. Il paroît encore par le même endroit qu’elle n’étoit pas éloignée du Jourdain, & qu’après le retour de la captivité, les Juifs s’y placèrent. Isaïe XV. 9. marque qu’elle avoit des eaux, c’est-à-dire, qu’elle étoit située sur quelque ruisseau, ou sur quelque torrent. Les Septante au même endroit l’appellent Δειμονη, Dimon ; c’est une faute qui vient de l’ancien caractère Hébreu, dans lequel il a été facile de confondre le mem & le beth. Voyez la Dissertation du P. Souciet Jésuite sur les Médailles Hébraïques & sur les premières lettres Hébraïques. Il n’est donc point nécessaire de donner deux noms à cette ville avec Adrichomius.

La même faute est arrivée dans le nom d’une ville de Juda, qui se nomme Dimona dans Jos. XV. 22. & Dibon, ou Dibona, dans le 21 Liv. d’Esdr. XI. 25. le mem rongé a pu être pris dans l’ancien Hébreu pour un beth.

DIBON-GAD. C’est la ville dont nous venons de parler, Dibon. Dibon-Gad, ainsi nommée Nomb XXXIII. 46. entre Jeabarim, & Helmondeblathaïm.

DIC.

☞ DICASTES. s. m. pl. Ministres de la Déesse Dicé, qui présidoit aux jugemens. Voyez DICÉ.

DICÉ. s. f. Terme de Mythologie. Nom d’une Divinité des Grecs, Δίκη. Elle étoit fille de Jupiter & de Thémis, Hesiode, Opera, v. 254. Théog. v. 902. respectable à tous les Dieux, Hésiod. Opéra, v. 255. Son office étoit d’accuser les coupables au Tribunal de Jupiter, Hésiod. Op. v. 257. & de donner de bons succès aux entreprises des hommes, Hés. Théog. v. 904. Dicé étoit vierge, Hés. Op. v. 254. pour marquer que les Juges doivent être d’une parfaite intégrité. On la faisoit fille de Jupiter, parce qu’il est le Roi de l’Univers, & le Souverain Législateur, & de Thémis, parce qu’elle est la Déesse de la Justice. Rhodigin en parle Liv. XXII. C. 16. Tout cela étoit très-moral.

☞ DICELIES. s. f. Sortes de farces ou de scènes libres conservées de l’ancienne Comédie. On appeloit Dicelistes les farceurs qui jouoient ces sortes de pièces. Acad. Fr.

DICHORÉE ou DITROCHÉE. s. m. Terme de Prosodie & de Poësie latine. C’est un pied de vers composé de deux trochées, c’est-à-dire, d’une longue, une brève & une longue & une brève : comme Comprobare, permanere, &c. Ce mot se trouve dans le Traité des Etudes de M. Rollin, de l’édit. de 1736. t. 2. p. 236. Dichoreus.

☞ DICHOTOME. adj. Terme d’Astronomie. On dit que la Lune est dichotome lorsque l’on voit précisément la moitié de sa face éclairée.

☞ Et l’on appelle Dichotomie ou bissection. s. f. la phase ou apparence de la lune, dans laquelle elle est coupée en deux, de sorte qu’on ne voit que la moitié de son disque. Il se trouve alors un arc de près de 90° ou d’un quart de cercle entre la Lune & le soleil. Du mot grec qui signifie couper.

☞ La Dichotomie est ce qu’on appelle en langage vulgaire le commencement du premier ou du dernier quartier.

DICOFRIT. Ancien nom d’une corvée qui étoit en usage en Bretagne, & qu’un ancien titre appelle Opus dicofrit, mais sans expliquer en quoi elle consistoit. Voyez le IIe Tome de l’Hist. de Bret. p. 24.

DICROTE. ou recurrent. adj. Dicrotus, recurrens. Terme de Médecine. On a donné ce nom à une espèce de pouls inégal qui bat deux fois dans une même pulsation ; c’est-à-dire, qu’avant que l’artère soit entièrement dilatée pour finir sa pulsation, elle se retire un peu & rebat dans le même instant, comme il arrive aux marteaux qui sont repoussés par l’enclume lorsque l’on frappe dessus. On pourroit dire pouls rebondissant. Ce mot est Grec, δίκροτος, bis feriens, qui bat deux fois. Col de Villars.

DICTAINO. Voyez DITTAINO.

DICTAME, ou DICTAMNE. s. m. Le premier est le plus usité. Terme de Botanique, qui se dit de quelques plantes. Dictamus, dictamnum. Il y a le vrai dictame, qu’on appelle dictame de Crète, parce qu’il croît en l’Isle de Crète, ou de Candie. Il jette quantité de tiges entassées, & couvertes d’un coton fort & très-touffu, de même que ses feuilles, qui sont rondes & épaisses. Ses fleurs sont d’une couleur tirant sur le pourpre, & semblables aux violettes, mais d’un violet plus clair. Elles paroissent dans le sommet des tiges. Sa semence se trouve dans le calice de la Fleur, lorsqu’elle est passée. Le dictame de Crète a les mêmes propriétés que le pouliot, mais il est plus efficace : il est bon pour provoquer les mois aux femmes, pour faire sortir l’enfant mort du ventre, & pour mondifier les plaies. On prétend aussi qu’il fait tomber les flèches qui sont dans le corps, & que les chèvres de Candie en étant blessées, mangent du dictame pour les faire sortir. Voy. Origan.

Le faux dictame, ou le dictame bâtard, est une autre sorte de plante, dont il y a plusieurs espèces. Celle qu’on appelle pseudodictamus verticillatus inodorus, pousse des verges qui sont en plus grand nombre, plus hautes & plus blanches que celle du marrube : Ses feuilles sont aussi plus rondes & plus petites, semblables à celles du dictame de Crète, cotonnées, moins épaisses, d’une odeur foible, & qui n’est point désagréable. Ses fleurs sont d’une couleur tirant sur le pourpre, & rangées par étage entre les feuilles. Les propriétés du faux dictame sont les mêmes que celles du vrai, mais beaucoup plus foibles. On appelle cette plante dictame, ou pseudodictamus, parce que les feuilles de l’espèce dont on vient de parler ont du rapport à celles du dictame de Crête.

Le dictame blanc, qu’on nomme aussi dictame commun, ou dictame des boutiques, est une plante différente des précédentes. On l’appelle autrement fraxinelle. Voy. Fraxinelle.

Le dictame étoit très-estimé des Anciens pour la guérison des plaies. Ce furent des biches blessées qui firent connoître la propriété de cette plante, qui faisoit tomber les flèches dont elles étoient percées, sitôt qu’elles en avoient mangé. Le même Pline, L. VIII. C. 27. Cicéron, De naturâ Deor. L. II. n. 126, Virgile, Enéid. L. XII. v. 412. Tertul. De Pœnit. C. XI. disent la même chose ; mais Cicéron, plus critique & plus sage que Pline, dit seulement qu’on raconte. Aristote, L. De Mirabilib. Auscult. le rapporte des chevreuils. Virgile, à l’endroit cité, dit que cette plante avoit une tige d’où sortoient des feuilles couvertes d’une espèce de petit duvet, & Dioscoride convient avec Virgile, quant au duvet des feuilles. Le Poëte ajoute, que les fleurs du dictame sont purpurines : Dioscoride & Pline, L. XXV. c. 8. disent au contraire qu’il n’a ni tronc ou tige, ni