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DID

DIDAQUE, ou DIDACE. Mr. Baillet dit le second : le premier est le plus en usage. s. m. & nom d’homme. Didacus. Didaque est la même chose que Diego en Castillan. Didaque Alvarez, & non pas Didace Alvarez, fut un grand maître de la vie spirituelle. Saint Didace, que le Vulgaire appelle Diego, dans la Castille, Jaime dans l’Aragon, & qui n’est autre chose que le nom de Jacques. Baillet, 13e Nov.

DIDASCALE. s. m. Docteur, qui enseigne. Du Grec διδασκω, doceo. On avoit choisi pour disputer avec Anselme, Evêque d’Avelberg en Basse-Saxe, Néchitès, Archevêque de Nicomédie, le principal des douze Didascales, ou Docteurs, qui gouvernoient les études, & étoient consultés sur les questions difficiles. Fleury.

DIDEAU. s. m. Terme de Pêche. C’est un grand filet qui sert à barrer les rivières pour arrêter tout ce qui passe. Retis genus totum flumen trajiciens. Au pont de S. Cloud il y a un grand dideau suspendu par des potences & des poulies, qu’on tend & qu’on lâche dans certaines occasions.

DIDEMAIRE. s. m. Espèce de Jongleur & de Charlatan chez les Anciens. Didemarius. On trouve ce mot dans Commodien, De simulacris Deorum. C’étoient, dit-il, des gens qui contrefaisoient les Furies, & qui se déchiroient le corps devant le peuple, pour le tromper. Quelques-uns croient que c’étoient des Prêtres de Cybèle, ainsi appelés pour Dindymarii, parce que Cybèle étoit nommé Dindymène, du mont Dindyme en Phrygie. On les appeloit aussi Corybantes & Galles. Voyez ces mots.

DIDIA. Nom d’une famille Romaine. Didia gens. On ne sait si la famille Didia étoit patricienne, ou plébéienne. Patin. Les médailles de la famille Didia ne sont pas communes. Les médailles portent Deidius, ou Didius.

DIDIER ou DIZIER. s. m. & nom d’homme. Desiderius. S. Didier étoit un pauvre Paysan d’un village près de Gènes en Italie. On dit que le peuple de Langres fut inspiré de l’aller tirer de la charrue pour en faire son Evêque, & que, d’ignorant qu’il étoit, il devint tout-d’un-coup très-habile. Il prit l’Evêché, &, après s’être acquitté de tous ses devoirs en homme vraiment Apostolique, il souffrit le martyre sous l’Empire d’Honorius, dans la persécution des Vandales. Quelques-uns disent que ce fut au IIIe siècle, sous Galien, & d’autres au IVe. Warner a imprimé & retranché les Actes de S. Didier. Il y a encore un S. Didier, Achevêque de Vienne, sur la fin du VIe siècle : il mourut en 608. Voyez Chastelain, Mart. T. I. p. 614. un S. Didier, Evêque de Cahors, dans le VIIe siècle ; un Didier Lombard, Docteur en Sorbonne au XIIIe siècle. Le dernier Roi des Lombards, qui se fit élire en 756. & fut pris par Charlemagne dans Pavie en 764. s’appeloit aussi Didier.

Ce mot s’est formé du Latin par corruption, Desiderius, Désidier, Diedier, Didier & Dizier : ce nom se dit différemment en différens lieux. Ordinairement on dit Didier ; en Champagne plus communément Dizier ; en Languedoc & en Italie, Dezery & Drezery ; aux Pays-Bas, Desie. Baillet. On a même dit Géry. Voyez ce nom.

DIDIUS JULIANUS. s. m. C’est ainsi qu’on nomme un Empereur Romain qui gouverna l’Empire à la fin du II. siècle de Jésus-Christ., & qui succéda d Pertinax. Comme il ne faut point dire en François Julianus quand on parle de Julien l’Apostat, il faut conserver ces noms Latins dans notre langue, & ne point dire Julien, quand il s’agit de cet Empereur-ci. Les Didius Julianus sont très-rares en or & en argent, & même en moyen bronze & en petit bronze. J’ai le plus beau Didius Julianus qui soit à Paris. Didius Julianus étoit de Milan, fils de Didius Severus, & de Clara Æmilia. Ayant acheté l’Empire, des soldats, après la mort de Pertinax, & ne pouvant payer la somme qu’il en avoit promise, il fut mis à mort deux mois & cinq jours après son élection, le 29e Septembre de l’an 193. Voyez Spartien, Aurelius Victor & Dion. Il s’appela Marcus Salvius Severus Commodus Didius Julianus.

DIDON. s. f. Nom de femme, Dido Didus, ou Didonis au génitif. Didon fut fille de Belus II. Roi des Tyriens, appelé autrement Métrès. Elle épousa en premières noces un Prêtre d’Hercule, nommé Sichée. Sichée étoit fort riche. Pygmalion, frère de Didon, pour se rendre maître des trésors de son beau-frère Sichée, le tua une nuit. Didon, avertie de ce meurtre dans un songe, rassembla ce qu’elle put trouver d’ennemis de Pygmalion, & ayant tiré de terre les trésors de son mari, s’embarqua avec eux la nuit pour fuir la tyrannie de son frère, & vint surgir à la côte d’Afrique, à l’endroit où est aujourd’hui le Royaume de Tunis, un peu à l’occident de l’endroit où est la ville de Tunis. Elle y acheta autant de terre que le cuir d’un bœuf en pouvoit entourer. Virg. Enéide L. I. v. 371. Silius Italicus, L. I. v. 24. Ayant coupé le cuir d’un bœuf en une aiguillette, ou en une bande très-peu large, mais fort longue, elle entoura un grand espace de terrein, où elle bâtit une ville, dont on montre encore les ruines sur la côte du Royaume de Tunis à l’embouchure du Magrada, un peu plus au midi que le Porto Farina : elle nomma sa nouvelle ville Carthage, & la citadelle Byrsa.

Joseph, dans son premier livre contre Appion, dit que ce fut 144 ans après la fondation du Temple de Salomon, & par conséquent, près de deux cens ans plutôt que Velleius Paterculus ne place cet événement, mais toujours près de 400 ans plus tard que Virgile ne l’a feint dans son Enéïde. Joseph paroît plus croyable que Paterculus. Il cite sur cela les Annales des Tyriens & Ménandre d’Ephèse, d’où il a tiré ce qu’il avance. Aussi le P. Pétau, le P. Salien, &c. suivent Joseph. Bien des Savans croient que Didon ne bâtit que la citadelle appelée Byrsa, autour de laquelle, dans la suite des temps, se construisit la ville qu’on nomma Carthage. Iarbas, Roi de Gétulie, demanda Didon en mariage ; &, comme elle le refusa, il lui déclara la guerre, & se mit en devoir de l’y forcer par les armes. Pour l’éviter, Didon se tua elle-même, aimant mieux mourir que de violer ou de partager par des secondes noces l’amour qu’elle avoit pour Sichée. C’est cette mort qui a donné lieu à Virgile de feindre, par un anachronisme de plusieurs siècles, qu’elle s’étoit tuée, parce qu’Enée l’abandonna après l’avoir épousée. Sur quoi Ausone a fait cette épitaphe de Didon.

Infelix Dido, nulli bene nupta marito :
Hoc pereunte fugis, hoc fugiente peris.

☞ Qui a été heureusement rendue par les vers suivans, malgré la faute qui se trouve dans le premier.

Pauvre Didon, où t’a réduite
De tes maris le triste sort !
L’un en mourant cause ta fuite,
L’autre en fuyant cause ta mort.

Ce nom Didon vient du Phénicien דיר, dilectus, דריה, dilecta. Servius dit que Didon, en Phénicien, signifie virago. L’Etymolgiste & Phavorius l’interprètent errante, vagabonde ; & Eustathius, dans ses Notes sur Denis le Géographe, v. 195. Ἀνδροφόνος, Homicide.

Didon fut aussi appelée Elize, Eliza, & fut honorée à Carthage comme une Déesse, ainsi que le témoignent Justin & Paterculus. Consultez Voss. de Idol. L. I. c. 32. p. 124.

Didon. s. m. Nom d’homme. Il y a un Didon, Evê-