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DIE

des Hôpitaux. La Chaise-Dieu, Bourg-Dieu, Benisson-Dieu, Lieu-Dieu, sont des noms d’Abbayes.

On appelle communément l’Hostie consacrée, le bon Dieu. On lève le bon Dieu. On va porter le bon Dieu à ce malade.

La Fête-Dieu, Festum Corporis Christi : c’est une fête que l’Eglise célèbre le Jeudi d’après le Dimanche de la Trinité, qui suit immédiatement celui de la Pentecôte. Elle s’appelle autrement la fête du S. Sacrement, ou la fête du Corps de Notre-Seigneur : c’est en l’honneur du S. Sacrement de l’Autel, & de son institution : le jour même de la fête s’appelle par le peuple la grande Fête-Dieu, & le jour de l’Octave, ou le Jeudi suivant, la petite Fête-Dieu, parce qu’elle est moins solennelle, & fêtée seulement jusqu’à midi. Quelques-uns disent mal Fête de Dieu. Vers le milieu du XIIIe siècle, une sainte fille de Liège, appelée Julienne, ayant eu une révélation de faire instituer une fête à l’honneur du Très Saint Sacrement de l’Autel, entreprit de l’exécuter, aidée d’une autre sainte Recluse, nommée la vénérable Eve. Elle en vint à bout, malgré un nombre infini de contradictions, & fit faire un office particulier pour cette fête, par son Clerc, nommé Jean-Jacques Pantaléon, de la ville de Troyes en Champagne, qui étoit alors Archidiacre de Liége, favorisa fort un si pieux dessein, & approuva cet Office. Cet Archidiacre ayant été tait Patriarche de Constantinople, & ensuite créé Pape le 29e d’Août 1261, sous le nom d’Urbain IV, un miracle qui arriva à Bolsena, petite ville de l’Etat Ecclésiastique, non loin de Civita-Vecchia, où au milieu des saints mystères, il coula du sang de l’hostie, entre les mains d’un Prêtre qui doutoit de la présence réelle, & il vit Jesus-Christ dans l’hostie ; ce miracle, dis-je, qui arriva vers la quatrième année du Pontificat d’Urbain, & dont tout le peuple fut témoin, & ce qui s’étoit passé à Liége environ quinze ans auparavant, porta le Pape, de l’avis des Cardinaux, à ordonner qu’on célébreroit tous les ans dans toute l’Eglise la fête du Corps de Jesus-Christ, le Jeudi qui suit l’octave de la Pentecôte, &, ayant envoyé quérir S. Thomas, qui se trouva pour lors à Civita-Vecchia, où étoit la Cour, il lui ordonna d’en composer l’office, qui est celui que nous récitons encore. Voyez les Bollandistes, Propylæum mensis Mari, Dissert. XXIII. & Maii, T. VII. Paralip. ad Conat. Chronol. p. 104.

DIEUSE. Petite ville de Lorraine, à deux lieues de Marsal, du côté du levant. Dieusa, Decempægi. Cette ville est située sur la Seille, peu éloignée de l’endroit où cette rivière sort de l’étang de Lindre, appelé en Latin Lacus Duodeciacus. Les Allemands appellent cette ville Duoge in Lotringen. Quelques Géographes prétendent que Dieuse est l’ancien Duodeciacum, que d’autres placent à Delme, & d’autres à Douzy. On dit aussi que c’est à Dieuse qu’arriva le miracle qui rendit Attila plus traitable & plus doux, & qui lui fit renvoyer S. Auteur, Evêque de Metz, & tous les captifs qu’il avoit faits dans cette ville. Selon quelques-uns, les Romains la nommoient Decempagi. L’Itinéraire d’Antonin marque expressément Decempagi à une égale distance de Metz & de Saverne, c’est-à-dire, à vingt milles de l’une & de l’autre. On la voit marquée dans la Carte de Peutinger, entre Divodurum ou Metz, & Taberna ou Saverne. Dans la Description Historique & Géographique de la France, par M. l’Abbé de Longuerue, p. 154. il est dit que Dieuse est célèbre par ses puits d’eau salée, dont on fait quantité de sel.

DIEUTELET. s. m. Petit Dieu. Le Capitan Châteaufort dans la Comédie du Pédant joué, se sert de ce mot, expression digne de son Auteur.

DIEY. Voyez DÉEL, & DIEL.

DIF.

DIFFAMANT, ante. adj. Qui diffame, qui nuit à la réputation, fait perdre l’estime, & attire le mépris des honnêtes gens. Infamans, infamiam inferens. On peut faire informer pour des injures atroces & diffamantes. Voyez Diffamatoire.

DIFFAMATEUR. s. m. Celui qui diffame, qui ôte la réputation de quelqu’un par des paroles ou écrits diffamatoires. Qui alteri infamiam infert, infamiæ notam inurit obtrectator, alienæ famæ violator. On punit ceux qui font des Libelles, comme des diffamateurs publics.

DIFFAMATION. s. f. Action par laquelle on diffame quelqu’un, on lui ôte sa réputation. Alienæ famæ violatio. La diffamation du prochain est un crime qui n’est pas assez puni. Vous êtes bien-heureux, si vous souffrez des injures & des diffamations pour le nom de Jésus-Christ. Port-R.

DIFFAMATOIRE. adj. m. & f. Epithète qui sert à marquer la nature des discours ou des écrits qui attaquent la réputation d’autrui. Infamans, famosus. Libelle diffamatoire. Les Magistrats doivent empêcher la publication des libelles diffamatoires. Par les loix Romaines, & par les anciennes Ordonnances, les Auteurs de libelles diffamatoires étoient punis de mort, voyezFrançois Baudouin, Commentarius ad Leges de Famons Libellis, & la Dissertation de M. Bayle sur les libelles diffamatoires, à la fin de son Dictionnaire Critique. Le Cardinal de Ximénès étoit insensible aux libelles diffamatoires. Il trouvoit qu’il étoit juste de laisser aux inférieurs la liberté de venger leur douleur par des écrits, qui ne durent qu’autant qu’on s’en offense, & qui perdent leur agrément & leur malignité dès qu’on les méprise.

☞ Le mot diffamatoire, suivant la remarque de M. l’Abbé Girard, sert à marquer la nature des discours ou des écrits qui attaquent la réputation d’autrui. Diffamant & infamant marquent l’effet des actions qui nuisent à la réputation de ceux qui en sont les Auteurs ; avec cette différence que ce qui est un obstacle à la gloire, fait perdre l’estime, & attire le mépris des honnêtes gens ; que ce qui est infamant est une tache honteuse dans la vie, fait perdre l’honneur & attire l’aversion des gens de probité. Qui a eu la sottise ou le malheur de faire quelque action diffamante, doit être attentif à ne se point donner des airs de vanité. Rien n’est plus diffamant pour un homme, que les bassesses de cœur & rien ne l’est davantage pour les femmes, que les foiblesses de galanterie poussées à l’excès. Plus on a d’éclat dans le public, plus on est exposé aux discours diffamatoires des jaloux & des mécontens. Les libelles diffamatoires sont plus propres à déshonorer ceux qui les composent, que ceux contre qui ils sont faits. Voyez Aussi Infamant.

DIFFAME. s. m. Vieux mot. Honte, diffamation, opprobre. Opprobrium, decus. Marot s’en est servi.

DIFFAMER, v. a. Déshonorer, noircir la réputation de quelqu’un. Infamare, aliquem infamiâ aspergere, turpitudinis notam alicujus vitæ inurere. Plusieurs Ecrivains ont tâché de se diffamer les uns les autres dans leurs livres, dans leurs critiques. Diffamer les autres, c’est se diffamer soi-même.

Ce long amas d’aïeux, que vous diffamez tous,
Sont autant de témoins qui parlent contre vous. Boil.

Nicot dit que ce mot vient du Grec δυσφημέω, signifiant la même chose, d’où l’on a fait diffamare en Latin, & ensuite diffamer en François.

Diffamé, ée. part. Un homme diffamé, c’est un homme perdu de réputation. Infamis, infamiâ flagrans, diffamatus, famosus.

En termes de Blason, on appelle diffamé, un animal, comme un lion, un aigle, un chien, &c. qui n’a point de queue. Caudâ carens, caudâ mutilus. On appelle armes diffamées, celles dont quelque pièce a été retranchée, ou auxquelles on a ajoûté quelque chose, qui fait déshonneur, en punition de quelque crime commis par celui qui les porte. Sous le règne