Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
340
DIF

la légende des espèces du côté de l’effigie, & du côté de l’écusson. Boizard. Ces différents ont été établis pour répondre de la bonté des espèces, & pour faire voir le lieu où elles ont été fabriquées, ainsi qu’il s’est pratiqué dès le temps de nos premiers Rois. Alors le Monétaire faisoit mettre son nom & sa qualité entière, ou en abrégé sur les espèces. Ces différents doivent être particuliers, & ils ne peuvent être marqués sur les espèces, ni être changés, que par l’ordre de la Cour, ou des Juges-Gardes. Idem

DIFFÉRENTIEL, elle. adj. Terme de la nouvelle Analyse, qui suppose l’Algèbre ou l’Analyse ordinaire, mais qui en est tout à fait différente, & pour la méthode, & pour l’usage.

☞ Quantité différentielle, une quantité infiniment petite. Calcul différentiel, le calcul de ces sortes de quantités. On dit aussi substantivement une différentielle, pour dire, une quantité différentielle.

Ce mot est nouveau : la découverte des infiniment petits & la querelle de M. Leibnits avec M. Newton l’ont fait naître. Tous les Mathématiciens parlent aujourd’hui de calcul différentiel, de méthode différentielle. On appelle calcul différentiel, l’Arithmétique des fluxions. Le calcul différentiel consiste à descendre des grandeurs entières à leurs différences infiniment petites, & à comparer entre eux ces infiniment petits, de quelque genre qu’ils soient, & c’est pour cela qu’on l’appelle calcul différentiel, ou Analyse des infiniment petits. Il est opposé au calcul intégral, qui consiste à remonter de ces infiniment petits aux grandeurs dont ils sont les différences. L’un & l’autre sert principalement à la résolution des lignes courbes, soit Méchaniques, soit Géométriques. Dans le calcul différentiel, on regarde les courbes comme des polygones d’une infinité de côtés, qui ne diffèrent entre elles que par la différence des angles, que ces côtés infiniment petits font entre eux. On détermine la position de ces côtés pour avoir la courbure qu’ils forment, c’est-à-dire, les tangentes de ces courbes, leurs perpendiculaires, leur point d’inflexion ou de rebroussement, les rayons qui s’y réfléchissent, & ceux qui s’y rompent, &c. Tout ce calcul différentiel a été paefaitement bien traité & mis dans tout son jour par M. le Marquis de l’Hôpital, dans son livre intitulé, Analyse des infiniment Petits pour l’intelligence des lignes courbes, in-4o. à Paris de l’Imprimerie Royale 1696. Il se fonde uniquement sur deux demandes ou suppositions très-simples. La première, est que l’on puisse prendre indifféremment l’une pour l’autre deux quantités qui ne diffèrent entre elle que d’une quantité infiniment petite. La seconde demande est ce que je viens de dire, qu’on puisse considérer une ligne courbe comme l’assemblage d’une infinité de lignes droites, chacune infiniment petite, ou comme un polygone d’un infinité de côtés, chacun infiniment petit. On trouvera bien des exemples de ce calcul dans les Journaux de Leipsic depuis l’an 1684. On attribue la gloire de l’invention de ce calcul au célèbre M. Leibnits Meilleurs Bernoulli, M. Newton, M. T. Schirneus, s’en sont servis avec avantage pour la solution de différens problêmes très-curieux ; comme M. Varignon l’a souvent fait dans l’Académie Royale des Sciences.

DIFFÉRER. v. a. Gagner du temps, remettre à un autre temps. Differre, procrastinare. Les Financiers different les paiemens le plus qu’ils peuvent. Il ne faut point différer sa conversion la remettre de jour en jour. On ne doit point différer à bien vivre. Ablanc. Je ne puis différer plus long-temps à vous supplier de me tirer de peine. Voit.

Tu sais bien que mon cœur, facile à tes desirs,
N’a jamais d’un moment différé tes plaisirs.

Boileau.

Je m’affoiblis, plus je diffère :
Il faut m’arracher de ce lieu. Quin.

Différé, ée. part. On dit proverbialement, ce qui est différé n’est pas perdu.

Différer, signifie être dissemblable, n’être pas de même. Differre, disconvenire. Il y a bien des hommes qui ne diffèrent de la bête, que par la figure. Il disoit qu’un Roi, qui ne faisoit point la guerre, ne différoit en rien de son Palfrenier. Ablanc. Ils conviennent en plusieurs choses, mais ils diffèrent en cela.

Différer vient du Latin differre, formé du Grec διαφέρειν : ces mots signifient la même chose.

DIFFICILE. adj. m. & f. Ce qui se fait avec peine. Voyez Facile. Difficilis, difficultatem habens. Il est plus difficile qu’un riche entre en Paradis, qu’un chameau dans le trou d’un aiguille, dit Jesus-Christ en Saint Matthieu. L’Algèbre est une science difficile à entendre. Les Princes sont difficiles à gouverner. Les chemins des montagnes sont âpres & difficiles. Ce passage est difficile, il a fait suer tous les Commentateurs.

Difficile, se dit aussi de l’esprit, en parlant des qualités opposées à la bonne société. Morosus, difficilis. C’est un homme fantasque, difficile. C’est une humeur difficile qu’on ne sauroit contenter. Cette femme fait la difficile par honneur seulement, & pour ne se rendre que dans les formes. B. Rab. Les amis difficiles donnent plus de peine par leur humeur, qu’ils ne rendent de services utiles. S. Evr. On dit aussi de ces Critiques qui trouvent toujours à redire aux plus beaux ouvrages, que rien ne contente, que ce sont des gens bien difficiles.

On appelle figurément temps difficiles, les temps de troubles, de misère, de disette, de guerre civiles ; pendant lesquels les Ministres ont de la peine à gouverner les peuples, & le peuple a de la peine à vivre. Difficilia, dura tempora.

On dit en proverbe, qu’un homme est difficile à ferrer, à chauffer ; pour dire, qu’on a du mal à le persuader, qu’il n’est pas accommodant.

DIFFICILEMENT. adv. Avec peine, d’une manière difficile. Difficilè, difficulter, difficiliter, ægrè. La profonde érudition ne s’acquiert que fort difficilement & avec grand travail. On se défait de l’amour propre difficilement. S. Evr.

☞ DIFFICULTÉ. s. f. Embarras qui se trouve dans les affaires, qui naît de la nature & des propres circonstances de ce dont il s’agit, & qui en suspend la décision. C’est ainsi que M. l’Abbé Girard développe le caractère de ce mot. Difficultas. La disposition des esprits fait souvent naître dans les traités plus de difficultés que la matière même sur laquelle il est question de statuer. Les grands hommes surmontent toutes sortes de difficultés. Les difficultés irritent l’amour & les desirs. Les difficultés redoublent l’empressement des Amans. S. Evr.

☞ La difficulté embarrasse ; elle se trouve surtout dans les affaires, & en suspend la décision. L’obstacle arrête ; il se rencontre proprement sur nos pas, & semble exprimer quelque chose qui vient d’une cause étrangère. L’empêchement résiste ; il semble mis exprès pour s’opposer à l’exécution de nos volontés. Il fait entendre quelque chose qui dépend d’une loi ou d’une force supérieure. Lever la difficulté ; surmonter l’obstacle ; ôter ou vaincre l’empêchement.

Difficulté, signifie quelquefois obscurité, endroit difficile à entendre, raisons de douter. Il est assez ordinaire aux Commentateurs d’être diffus sur ce qui s’entend aisément, & de passer rapidement sur les difficultés, sur les endroits difficiles. Cet homme est si subtil, qu’il cherche des difficultés plutôt que des raisons de décider, S. Evr.

Difficulté, se dit aussi des dispositions des parties du corps, qui causent des maladies. Difficultas, &c. La gravelle donne une difficulté d’uriner. Difficultas