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urinæ. L’affection du poumon donne une difficulté de respirer. Difficultas respirandi, ou spiritus. La langue grasse cause une difficulté de parler.

Difficulté, signifie encore, dans le langage commun, une contestation légère entre amis. Contentio. Ces deux frères ont eu quelque difficulté ensemble, ils sont en froideur.

On dit encore, faire difficulté d’accorder une grace, une prière à quelqu’un ; pour dire, y avoir de la répugnance. Ægrè aliquid alteri concedere.

Sans difficulté. Façon de parler adverbiale. Indubitablement, sans doute. Haud dubiè. Si vous avez ces gens-là pour vous, sans difficulté vous serez le plus fort.

Difficulté, en matière dogmatique, signifie une raison, une objection, un argument contraire à une proposition avancée, qui semble la détruire ; à un sentiment proposé. Voilà une bonne difficulté, il y faut répondre. Ah ! la mauvaise, la pitoyable difficulté. Laissez venir la difficulté, puis vous répondrez. On propose de grandes, de fortes difficultés contre ce systême. Répondre, satisfaire aux difficultés. Oppositio, objectio, argumentum contrarium.

☞ Faire des difficultés, former une difficulté, des difficultés, alléguer des raisons contre quelque chose.

☞ On dit, familièrement & figurément, qu’un homme est le père des difficultés ; pour dire, qu’il en fait sur toutes choses.

☞ On dit qu’une chose ne reçoit point, ne souffre point de difficulté ; pour dire, qu’on ne voit rien qui s’oppose à son exécution : qu’une affaire ne souffre point de difficulté, qu’il n’y a rien qui en doive empêcher le succès : qu’une proposition ne souffre point de difficulté, qu’elle est incontestable, qu’on ne peut rien alléguer contre.

DIFFICULTUEUX, euse. adj. Qui forme sans cesse des difficultés, qui en trouve où il n’y en a point. Difficilis. Voilà un homme bien difficultueux. Il est si difficultueux qu’on n’a jamais fait avec lui. Il ne se dit que des personnes.

DIFFINITEUR. s. m. Le P. Helyot, dans son Histoire des Ordres Religieux, dit quelquefois Diffiniteur au lieu de Définiteur, qui est cependant selon l’usage. Peut-être que, dans quelques Ordres, c’est l’usage de dire Diffiniteur. Chez les Célestins de la Province de France, après l’élection du Provincial on procède à celle de cinq Diffiniteurs, qui, avec le Provincial & celui qui sort de charge, composent le Diffinitoire. P. Helyot, T. VI. C. 23. Où l’on voit qu’il dit aussi diffinitoire, au lieu de définitoire qui se dit communément, & qui est le vrai mot ; car ces mots ne viennent point de diffinire, mais plutôt de definire, déterminer, régler, définir, parce que ce sont ces Définiteurs & ce Définitoire qui règlent, qui terminent toutes les affaires de l’Ordre.

DIFFINITIF, ive. adj. L’Ordonnance civile emploie ce mot : les Praticiens s’en servent aulieu de définitif ; & disent un Jugement diffinitif, un Arrêt diffinitif, une Sentence diffinitive. Mais c’est sans aucune raison d’étymologie ni autre. Il faut absolument dire & écrire définitif, du verbe Latin definire, définir, décider. Voyez DÉFINITIF.

DIFFINITOIRE. Voyez Diffiniteur.

DIFFORME. adj. m. & f. Ce mot s’applique généralement à toutes les choses qui, par leur construction extraordinaire, & l’arrangement de leurs parties, ont une figure qui s’éloigne de la naturelle assez pour choquer la vue. Informis, deformis. Les Démons sont peints sous des figures difformes pour en donner plus d’horreur. Un nez mal fait rend un visage difforme. O la difforme créature ! Elle est assez mal bâtie pour faire rougir la nature. Main.

☞ On dit, dans le même sens, qu’un bâtiment est difforme, lorsque le conducteur de l’ouvrage n’a pas mis dans toutes ses parties les proportions qu’elles devroient avoir.

Il se dit figurément des choses morales. Rien n’est si difforme que le vice. Fœdus.

DIFFORMER. v. a. Oter la forme. Il ne se dit guère qu’en termes de Palais. Deformare, fœdare. On ordonne qu’une médaille, qu’une planche sera difformée, quand elle est déshonnête ; que des faux coins de monnoies seront difformés. Il est défendu aux Orfèvres de fondre, ou de difformer les monnoies, & les espèces d’or & d’argent.

Difformé, ée. part. Deformatus.

DIFFORMITÉ. s. f. Ce mot désigne en général une disposition de parties, qui s’éloigne plus ou moins de la disposition naturelle, mais toujours assez pour choquer la vue. Défaut de proportion. Difformitas. La difformité de ce bâtiment vient de ce qu’on n’y a point observé de symmétrie. Aristote dit que le ris vient d’une difformité sans douleur. On prise les nains & les bossus en Turquie, pour leur difformité. Leur extrême difformité est la preuve de leur sagesse. Gomb.

On le dit aussi des choses spirituelles. La difformité du vice. Ce qui fait que nous avons tant d’indulgence pour nos passions, c’est que nous les regardons dans un certain point de vue, qui nous empêche d’en apperçevoir la difformité. Bell. Il faut accoutumer les enfans à haïr le vice, & leur en faire voir la difformité. Mont.

DIFFRACTION. s. f. Terme d’Optique. Inflexion que subissent les rayons de lumière, en rasant la surface d’un corps opaque. C’est le nom d’une des quatre manières dont la lumière se répand, & dont on est redevable au père Grimaldi. On avoit cru que la lumière ne se faisoit apperçevoir que par direction, par réfléxion, & par réfraction ; mais le P. Grimaldi a découvert qu’elle se répand d’une quatrième manière, qu’il appelle diffraction. Pour expliquer ce que c’est que la diffraction, il dit que, si l’on fait un trou, dans une chambre bien fermée, exposée au Soleil, & qu’on mette, dans le cône lumineux que forment les rayons qui entrent par le trou, un corps opaque qui ne soit pas si grand que le cône, on voit que la lumière se partage à la rencontre de ce corps : &, comme un ruisseau qui court, rencontrant un corps solide, se divise & coule par les deux extrémités de ce corps, & y répand ses eaux, de manière que de chaque côté une partie de l’eau s’écarte vers le bord du ruisseau, & l’autre partie coule à l’entour de ce corps solide, & s’y répand en tournant par derrière ; de même la lumière, rencontrant le corps opaque, se divise & jette de chaque côté plusieurs rayons colorés, dont les uns se répandent vers les bords du cône lumineux, & les autres, tournant derrière le corps opaque, se font voir dans l’ombre que produit ce corps : ce qui ne se peut rapporter au mouvement direct, ni à la réflexion, ni à la réfraction ; mais à une quatrième manière, à laquelle il a donné le nom de diffraction, & il en conclut que la lumière est un corps fluide comme l’eau, puisqu’elle a le même mouvement. Journal des Savans du 30 Aoûtt 1666. Toute diffraction, ou inflexion des rayons se fait avant qu’ils aient touché le corps, à l’occasion duquel elle se fait ; & c’est en quoi elle diffère, du moins en apparence, de la réflexion, ou de la réfraction, qui demandent toutes deux un contact immédiat. Hist. de l’Ac. des Sc. 1740, p. 84.

DIFFUS, use. adj. Etendu. Il ne se dit que du discours & des écrits, son opposé est succinct. Diffusus. Cet Avocat plaide bien, mais il est trop diffus. Les Commentateurs souvent sont trop diffus, pour vouloir paroître trop savans. Le style diffus est propre pour tous les discours qui se font dans le genre démonstratif. Démosthène est serré & concis ; Cicéron au-contraire est diffus & étendu. Boil. L’Orateur doit être succinct & diffus, selon le sujet qu’il traite & l’occasion où il parle. M. l’Abbé Girard.

☞ On voit par-là que le mot diffus, en matière de littérature, ne se prend point nécessairement en mauvaise part, c’est-à-dire, qu’il n’emporte pas,