pas digne que vous entriez dans ma maison, disoit le Centenier à Jésus-Christ. S. Jean disoit qu’il n’étoit pas digne de déchausser les souliers de celui qui viendroit après lui. Un Auteur grave & digne de foi, qui mérite qu’on ajoûte foi à ce qu’il dit. On dit que c’est un homme digne, un digne sujet, pour dire, qu’il est capable de remplir un emploi, une dignité, une charge. Le Roi choisit de dignes sujets pour mettre dans les charges, dans les Prélatures. On dit aussi, cela est digne de pitié, cela est digne de grace, digne de pardon. C’est un crime digne de mort, qui mérite la mort. On dit aussi d’un brave homme, qu’il a fait une action digne de lui, digne de si naissance. Et au contraire on dit d’un infame, qu’il n’est pas digne de vivre.
DIGNE. Ville de Provence en France. Digna, Dina, Dinia, Dinensium ou Diniensium civitas. Le troisième Dinia est le meilleur : c’est le nom que Pline lui donne, L. III, c. 4, où il dit que c’étoit une ville des Ebroduntiens, qui étoit dans les Alpes, & que l’Empereur Galba avoit ajoutée à la Province Narbonnoise. Il paroît à Scudus qu’il faut lire dans Pline Bodiontios, au lieu d’Ebroduntios, & qu’un bourg qui est à cinq lieues de Digne, nommé Bajour, Brodiontium, conserve cet ancien nom. Dans une vieille Notice, elle est la seconde des huit villes de la Province des Alpes maritimes. Dans des Notices plus récentes, son Evêque est le premier suffragant du Métropolitain d’Embrun. Aujourd’hui c’est une bonne petite ville de Provence, sur la rivière de Bleone, dans les montagnes. Il y a à Digne un Siège Royal, ou Vice-Sénéchaussée, dont le Chef est Lieutenant du Sénéchal de la Province. C’est François I qui l’établit vers l’an 1555. Il y a aussi une Viguerie. L’Evêque de Digne est suffragant d’Embrun. Le fameux Pierre Gassendi, né à Chauterfier, bourg de la Vice-Sénéchaussée de Digne, Chanoine, & ensuite Prévôt de l’Eglise Cathédrale de Digne, & mort à Paris le 24 d’Octobre 1655, a donné une Notice de l’Eglise de Digne. Le premier Evêque de Digne, selon cet Auteur, est Saint Domnin, qui lui paroît avoir commencé son Episcopat vers l’an 313. Il y a des thermes, ou des bains chauds à Digne, qui sont excellens. Gassendi, qui en parle dans l’ouvrage que j’ai cité, c. 5. dit que le rocher d’où ces eaux sortent, est plein, dans sa partie supérieure, de trous & de fentes, d’où au printemps, & sur-tout au mois de Mai, il tombe des serpens, ordinairement accouplés, mais qui ne sont point venimeux, qu’on touche impunément, & dont la morsure fait moins de mal que la piquure d’une guêpe. M. Gassendi sur des observations sures, fixe la latitude de Digne à 44 degrés 6 minutes, & sa longitude à près de 24 degrés, ou 23 degrés 52 minutes. Ce qui s’accorde avec les Cartes nouvelles de M. de Lisle, faites sur les Mémoires ds Messieurs de l’Académie. Voyez ces Auteurs. Toute la première partie de sa Notice est une histoire abrégée de Digne. Gaspard l’Alleman, Sebastien Richard & Loteret, ont aussi écrit sur cette ville.
Son nom s’est formé du Latin, selon la remarque de Gassendi, c. 1. On l’appela Dinia & Dina, Dinensium civitas, ensuite Dinna, Dignia, Digna, d’où s’est fait en François Digne ; Dineensis, Dienensis, Digmensis, & Dignensis urbs. Quelques-uns, comme Scaliger, écrivent Dine, & non pas Digne ; & Scudus, dans Ortelius, l’appelle Donoy.
DIGNEMENT. adv. D’une manière digne. Dignè. On ne sauroit parler assez dignement de l’Eucharistie. Cet Ambassadeur s’est acquitté dignement de sa commission.
DIGNITAIRE. s. m. Celui qui occupe une dignité dans une Eglise Cathédrale ou Collégiale, comme la dignité de Prevôt, de Doyen, de Trésorier, d’Archidiacre, de Chantre, &c. In aliquâ Capitali dignitate constitutus. Tous ceux qui ont quelque prééminence sur les autres Chanoines, ne sont pas dignitaires. Quand ils n’ont point de jurisdiction contentieuse ou extérieure, on les nomme seulement Personnats. Dans quelques Cathédrales le premier dignitaire est le Grand-Chantre, dans d’autres c’est le Prévôt, &c. Au lieu du terme de dignitaire, on se sert presque toujours aujourd’hui de celui de dignité ; en sorte qu’on dit : Monsieur un tel est une dignité. Les Trésoriers sont les premiers dignitaires dans les Saintes Chapelles.
☞ DIGNITÉ. s. f. Charge, office, qualité qui relève l’état des personnes, & dont celui qui en est revêtu peut prendre le titre. Dignitas, honor, munus. Le Chancelier possède la première dignité de la Robe. L’Episcopat est une des premières dignités Ecclésiastiques. C’est un homme constitué en dignité. Fabius Maximus, voulant éprouver si son fils sauroit bien maintenir sa dignité, s’avança sans descendre de cheval, jusqu’à ce qu’il eût reçu le commandement de son fils : puis courant l’embrasser, je voulois voir, dit-il, si tu savois ce que c’étoit d’être Consul. Ablanc. D’où vient cet empressement pour les dignités, sinon de l’envie que l’on a d’acheter l’empire sur les autres, & d’avoir moins de maîtres à qui l’on doive obéir ? Flech. La vertu donne un degré d’honneur qui n’est pas moindre que celui des dignités. Herman. Au lieu d’assujettir la vie à sa dignité, Pétrone, d’un esprit supérieur à ses charges, les ramène à soi-même. S. Evr.
☞ On a donné le nom de dignités à ces qualités honorables, parce qu’elles supposent ou rendent dignes de la considération publique, ceux qui en sont revêtus.
☞ Dignité, se prend aussi pour mérite, importance & en général pour tout ce qui peut donner de l’éclat aux personnes & aux choses. Ce Prédicateur a bien soutenu la dignité de son sujet par la noblesse de ses expressions. Ce grand Seigneur parle avec dignité, agit avec dignité, marche avec dignité c’est-à-dire, qu’il soutient bien son rang, qu’il ne dément point son caractère, qu’il parle, qu’il agit d’une façon convenable à son rang, digne du caractère qu’il soutient & de l’affaire qu’il traite. Il faut une grande étendue d’esprit pour demeurer inutile ; presque personne n’a assez d’esprit pour jouer ce rôle avec dignité. La Bruy. Peu de gens savent conserver la dignité en ménageant leur fortune à la Cour. S. Evr. Jusque dans les plaisirs mêmes il y avoit de la dignité. Fléch. M. le Premier Président Lamoignon avoit je ne sai quoi de doux & d’honnête, accompagné de dignité & d’une certaine autorité naturelle qui peut tout. Bouh.
De tous temps il y a eu des marques de dignité par des habits, des ornemens, des symboles, mais les principales se conservent aujourd’hui dans le Blason. On voit dans les anciennes médailles, que Pompée avoit des proues de vaisseaux, comme Chef de la guerre des Pirates. César avoit le bâton augural, la hache, & le simpule pour marque de ses dignités d’Augure, de Pontife & de Sacrificateur. Aujourd’hui on les place dans le Blason. Les tiares, les chapeaux, les mitres, les couronnes & les mortiers, se mettent en cimier. Les croix des Archevêques, l’ancre de l’Amirauté, les bâtons des Maréchaux, les clefs des Papes, les masses des Chanceliers se mettent derrière l’écu, ou en pal, ou en sautoir. Les épées du Connétable, du Grand-Ecuyer, les bouteilles des Boutilliers, les clefs des Chambellans, se mettent à côté. Les canons des Grands Maîtres de l’Artillerie se mettent au-dessous & les colliers des Ordres de Chevalerie, tant Militaires que Religieux, se mettent autour de l’Ecu. les Electeurs de l’Empire les placent dans un quartier de leurs Armoiries, comme le Palatin la couronne, Brandebourg le sceptre, Saxe les épées, &c.
☞ On distingue les dignités en Ecclésiastiques, le Pape, les Cardinaux, les Archevêques, les Evêques, les Abbés & les dignités des Chapitres, &
