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DIÏAMBE, ou DOUBLE ÏAMBE, m. Terme de Poësie. C’est un pied composé de deux ïambes, c’est-à-dire, de quatre syllabes, donc la première & la troisième sont brèves, la seconde & la quatrième longues, comme severitas.

DIJON. Divio, Diviopolis, Diviorum, ou Deorum Civitas, & Divionum, selon quelques-uns. Le premier est le meilleur. Ville capitale du Duché de Bourgogne : le Pape Clément XIII. y érigea en 1731. un Evêché, dont le Diocèse a été tiré de celui de Langres. Il y a un Parlement, qu’y établit Louis XI. en 1476, une Chambre des Comptes, une Cour des Monnoies, & un Présidial. Le Premier Président de Ville-Neuve disoit qu’étant prisonnier en Suisse, il avoir lu une ancienne Chronique de Bourgogne, qui faisoit mention d’une fameuse ville de l’Evêché de Langres, nommée Bourg-Ogne, ou Bourg des Dieux, Burgus Deorum ; car Ogne en Celtique signifie Dieu : que c’étoit cette ville qui avoit donné son nom à tout le pays long-temps avant la conquête des Gaules par les Romains. Les habitans de cette ville, mécontens des Autunois, dont ils dépendoient, brûlèrent leur ville, & passerent le Rhin. Elle se rétablit : Aurélien la fit encore détruire ; mais, craignant d’avoir offensé les Dieux dont il avoit ruiné la ville, il résolut de la rebâtir. Il le fit, & voulut qu’elle fût appelée Divio, du nom Divi, qui signifie les Dieux. Du Chesne, Antiq. des Villes de France, P. II. L. VI. c. 1. Cette vieille Chronique pourroit bien être mêlée de fables. Valois croit seulement qu’Aurélien fit entourer Dijon de murailles, qu’il l’embellit, & l’orna de temples & d’autres édifices publics. Mais l’opinion la plus probable est que, suivant la correction d’un passage de Grégoire de Tours, où l’on doit lire Aurele au lieu d’Aurélien, c’est Marc-Aurele qui en a été le restaurateur, & que Dijon étoit plus ancien que cet Empereur, puisque l’Historien du Martyre de S. Bénigne, dans Surius, rapporte que Marc-Aurele fit un voyage en cette ville, pour visiter les nouveaux murs dont il l’avoit fait entourer.

Quoi qu’il en soit, c’est une très-ancienne ville. Grégoire de Tours en parle, & la décrit très-bien dans son Liv. III. c. 19. Un Marbre, trouvé il y a quelques années à Rome, parle des Serruriers demeurans à Dijon, Dibione consistentes. Dans la suite les Ducs de Bourgogne de la première race, descendus de Hugues Capet par le Roi Robert, son petit-fils, ayant choisi Dijon pour y faire leur résidence, l’embellirent beaucoup. Dijon a eu titre de Comté. Aujourd’hui c’est une grande & belle Ville, remplie de beaux édifices, tant sacrés que profanes, défendue par un Château fortifie. C’est Louis XI. qui l’a bâtie. Dijon est situé à une petite distance des deux collines de Talan, & de Fontaines, lieu de la naissance de St. Bernard. Ses environs sont fertiles & agréables, à cause des rivières de Sujon & d’Ouche qui l’arrosent. M. Ménage disoit souvent qu’après Paris, il n’y avoit guère de ville en France où il y eût plus de gens de lettres qu’à Dijon. L’élévation du pôle à Dijon est de 47 deg. 20 min. Sa longitude est de 22 deg. 50 min. Acad. des Sciences.

Ce nom vient de Diu, qui, en Gaulois ou Celtique, signifie fontaine, & lui a été donné à cause des sources qui sont tout autour. Cela est plus probable que ce qu’on dit au commencement, du Bour-Ogne & d’Aurélien.

DIJONNOIS, oise. s. m. & f. Habitant de Dijon, natif, originaire de Dijon. Divionensis. Jean Guenegaud, Docteur en Médecine, a expliqué historiquement un Tombeau antique de Chindonax, Prince des Vaccies, Druydes, Celtiques, Dijonnois. Th. Corn.

Dijonnois. Territoire de Dijon, petit Pays du Duché de Bourgogne, appelé autrement Bourgogne propre, Ressort du Parlement de Dijon. Pagus Divionensis. Outre la ville de Dijon, le Dijonnois renferme encore celles d’Auxonne, S. Jean-de Laune, Beaune, Nuys, &c.

DIJOVIS. s. m. Terme de Mythologie. C’est un nom de Jupiter, qui se trouve dans Varron, L. IV. De ling. Lat. & dans Aulu-Gelle, L. V. c. 12. On peut voir aussi Vossius, De Idol. L. II. C. 84. p. 365. Comme on appela ce Dieu Jupiter & Diespiter, on l’appela aussi Jovis & Dijovis. Voyez les Dissertations du P. S. Jés. imprimées à Pans en 1715. p. 184.

DIIPOLIES. s. f. pl. Terme de Mythologie. Anciennes Fêtes d’Athènes, qu’on célèbroit en l’honneur de Jupiter Polien ou Tutélaire de la ville. Elles n’étoient plus en usage du temps d’Aristophane : voilà pourquoi il se sert du mot de Diipoliode, pour marque d’une chose du vieux temps.

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DILACÉRATION. s. f. Dilaceratio. C’est la même chose que déchirement ; division violente, séparation causée par une grande distention. Pour empêcher le dépôt sur la partie maltraitée par la dilacération des fibres, des muscles & des membranes. Dionis.

☞ DILACÉRER. v. a. C’est la même chose que déchirer avec violence. Dilacerare. Ce terme ne paroît pas fort usité.

☞ DILACÉRÉ, ée. part. Dilaceratus.

DILANIATEUR. adj. Effort dilaniateur. Terme de mineur. C’est l’effort que fait la poudre d’une mine ou d’un fourneau, en s’enflammant, contre la résistance du poids des terres qu’elle doit enlever, jointe à la ténacité des parties, qui composent cette masse. Et, comme le poids des terres à enlever, & la masse des terres contenues dans les entonnoirs semblables sont entr’eux comme le cube des lignes par la 33e. du II. Livre d’Euclide, c’est-à-dire, comme le cube de la hauteur perpendiculaire du terrein qui est sur la mine, & que les surfaces de ces mêmes entonnoirs sont entr’elles comme les carrés de leurs hauteurs, M. Bélidor dit que la quantité de poudre nécessaire pour la charge d’une mine, doit être déterminée par la ténacité des terres, par le poids des masses à détacher & à enlever, & par conséquent déterminée par le carré & le cube des lignes.

Ce mot est pris du Latin dilaniare, déchirer, séparer avec violence.

☞ DILAPIDATION. s. f. Dépense folle. Terme peu usité, ainsi que le verbe qui suit.

DILAPIDER, v. a. Du Latin dilapidare. Dépenser, dissiper mal à-propos. Cotgrave. C’est un mot dont Rabelais s’est servi en parlant de Panurge, au commencement du 2. chap. 3e Livre. Voici ses termes : Et se gouverna si bien & prudemment Monsieur le nouveau Chastelain, qu’en moins de quatorze jours il dilapida le revenu certain & incertain de sa Chastelenie pour trois ans. Il ne sera pas mal-à-propos de joindre le commentaire au texte. Entre toutes les manières, dit M. le Duchat, de dilapider son bien, Rabelais a mis la manie de ceux qui cherchent la Pierre-Philosophale : & le bon Owenus, qui possédoit bien son Rabelais, n’a pas manqué de faire entrer l’allusion dans sa 9e Epigramme du second Livre : d’où Naudé, dans son Mascurat, a tiré les vers.

Qui bona dilapidant omnia pro lapide.

☞ DILAPIDÉ, ée. adj.

☞ DILATABILITÉ. s. f. Propriété de ce qui peut se dilater, s’étendre en un plus grand volume. La dilatabilité de l’air. M. de Reaumur se sert souvent