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DIM

servent pour les intérêts de l’Eglise, n’eût pas manqué de s’en plaindre, comme d’une usurpation. Quoi qu’il en soit, c’est un point d’Histoire assez obscur.

☞ On appelle grosses dîmes, les dîmes qu’on lève sur les gros fruits, comme le bled & le vin. Menues dîmes, celle qu’on lève sur le menu grain & sur le menu bétail. Dîmes vertes, celles qu’on lève sur les légumes, sur le chanvre, le lin, &c.

Dîmes novales, sont les dîmes des terres nouvellement défrichées, qu’on adjuge toujours aux Curés, aussi-bien que les menues dîmes. Decimæ novales. La nouveauté est bornée à 40 ans avant la demande.

L’usage de payer la dîme, ou de consacrer la dixième partie de ce qu’on possède, ou de ce qu’on retire, n’a pas seulement été pratiqué par les Fidèles, tant sous l’ancienne loi, que sous la nouvelle : chez les Payens il y avoit quelque chose de semblable. Xénophon, au livre 5. de l’expédition de Cyrus, rapporte l’inscription qui étoit sur une colonne proche d’un temple de Diane, par laquelle on avertissoit d’offrir à la Déesse tous les ans la dîme ou la dixième partie des revenus. Pausanias, l. 5. & Diodore de Sicile, Bibl. hist. l. 11. disent qu’on offroit aux Dieux la dîme des dépouilles. Festus, au livre 4. de la signification des mots, dit que les Anciens offroient la dîme à leurs Dieux. Decima quæque veteres Diis suis offerebant.

La dîme Saladine, est une dîme qui fut établie par un Concile de Paris en l’an 1188. sous Philippe Auguste, pour le secours de la Terre-Sainte envahie par Saladin. Tous ceux qui ne vouloient point aller à la Terre-Sainte étoient condamnés à payer la dîme de leur bien. On établit de même en Angleterre un impôt de 70 mille livres sterling en 1188. sous Henri II. pour faire la guerre à Saladin, & cet impôt fut aussi appelé dîme Saladine.

☞ DÎME de suite. La Coutume de Nivernois dit ce que c’est qu’un droit de suite. C’est la moitié de ce que le Décimateur Laïc ou Ecclésiastique prendroit chez lui, si le Laboureur y avoit travaillé, & qu’il n’eût point passé dans une autre dîmerie. Ce droit de suite n’est pas dans le décret, ni dans les décrétales des Papes, si ce n’est dans le chapitre, cùm sint homines, qui est le 18e au tit. de decimis. Pour que la dîme de suite ait lieu, il faut deux conditions, suivant la Coutume de Nivernois ; la première, que les bœufs aient hiverné dans la dîmerie du Seigneur décimateur, quand bien même ils auroient été nourris ailleurs : la seconde que le Laboureur n’ait point labouré à prix d’argent.

☞ La Coutume de Berri dit aussi que la dîme de suite n’a pas lieu, quand le Laboureur cultive à prix d’argent.

☞ On voit que ce nom vient de ce que cette dîme suit le Laboureur, quand il change de lieu.

DIME, ou DIMEL. Rivière d’Allemagne. Dimola. Le Dimel, à sa source dans le Comté de Waldek, coule sur les confins de la Hesse & de la Westphalie, baigne Stadberg, Warborch, Liebenaw, & se décharge dans le Wéser au-dessus de l’Abbaye de Corwey.

☞ DIMENSION. s. f. Terme de Physique & de Géométrie. Etendue des corps considérés en tant qu’ils sont susceptibles de mesure. Nous concevons trois dimensions dans les corps naturels, la longueur, la largeur & la profondeur. La longueur toute seule s’appelle ligne. La longueur combinée avec la largeur se nomme surface. Ces trois dimensions combinées ensemble produisent le solide. Mensura, dimensio. Considérer un corps par toutes ses dimensions. Prendre toutes les dimensions d’un bâtiment.

Dimension. Terme d’Arithmétique & d’Algèbre. Puissance, ou nombre de degrés, auxquels une fraction est élevée par la multiplication, ou réduite & abaissée par la division. Dimensio. La multiplication des grandeurs littérales est la cause de leurs dimensions. Par exemple, le produit est de deux dimensions ; est de trois dimensions, & la division qui est opposée à la multiplication, diminue les dimensions des produits. C’est pourquoi dans une fraction littérale le numérateur ayant cessé d’être divisé par le dénominateur, le surplus des dimensions du numérateur sur le dénominateur est le nombre des dimensions de la fraction. Deux multiplié par deux donne 4, & 4 est un nombre ou une puissance de deux dimensions. Quatre multiplié par 2 donne 8, 8 est une puissance de trois dimensions. Soit proposée la puissance de 6 dimensions, ou dont l’exposant est 6, & que la racine soit appelée  ; & la racine de la même puissance plus l’unité soit  ; la différence de ces deux puissances sera . De Lahire, Académ. 1704.

Si l’on propose une puissance de sept dimensions, on aura pour différence,

. Id.

ou & sont des grandeurs de deux dimensions.

ou & sont de trois dimensions.

DIMENTS. Voyez Diements.

☞ DÎMER, ou plutôt dixmer, v. a. avoir droit de lever la dîme dans un endroit, dans un certain canton. Decimare, jus decimarum habere. Tel Curé est à portion congrue ; c’est le Curé primitif qui dîme dans toute la Paroisse.

☞ DÎMER, signifie aussi lever actuellement la dîme. Decimas colligere. C’est un tel qui dîme pour le Curé. On n’a pas encore dîmé dans ce champ.

☞ DÎMÉ, ÉE. part.

DÎMERIE, ou DIXMERIE. s. f. Étendue d’un territoire sur lequel on a droit de dîmer. Tractus in quo quis decimarum jus habet. La dîmerie d’un tel Abbé s’étend depuis une telle borne jusqu’au grand chemin.

DIMESSE. s. f. Nom que l’on donne aux personnes du sexe qui composent une congrégation établie dans l’Etat de Venise, & qu’on appelle autrement Modestes. Dimessa, Modesta. La Congrégation des filles & veuves appelées Dimesses ou Modestes, dans l’État Vénitien, a eu pour Fondatrice Dejanira Valmarana, fille d’Aluise Valmarana, & d’Isabelle Nogarole de Vérone, & épouse d’Agrippa Pristrate, Jurisconsulte de la même Ville, dont elle eut un fils. Le père & le fils étant morts, elle se trouva en 1572. libre de tout ce qui pouvoit l’attacher au monde. Elle prit l’habit du Tiers-Ordre de S. François d’Assise, & se retira avec quelques pauvres femmes dans une maison qui lui appartenoit, où elles vécurent dans la pratique de toutes les vertus Chrétiennes, sous la conduite du P. Antoine Pagani de l’Ordre de S. François de l’Observance. Angele Valmarana, cousine de Dejanira, se voyant aussi veuve, fit la même chose dans une maison voisine, qu’elle acheta. Le P. Pagani fit des réglemens communs pour ces deux Maisons. L’Evêque de Vicenze, & le Cardinal Augustin Valierio, Evêque de Vérone, & Visiteur Apostolique dans le Diocèse de Vicenze, les approuvèrent l’an 1584. Quelques autres Maisons du même Institut ayant été fondées, Dejanira Valmarana les gouverna en qualité de Supérieure générale, mourut en 1605. & fut enterrée dans l’Eglise de Notre Dame-la-Neuve à Vicenze, & mise dans la sépulture commune des Dimesses. Pour être reçues, elles doivent être libres de tout engagement, même de tutelle de leurs enfants. Elles font trois ans d’épreuves, &, encore après, deux ans, pendant lesquels on peut les renvoyer. Il ne doit y avoir que huit ou dix Dimesses dans chaque Maison. Tous les trois ans deux Maisons voisines, ou quatre au plus, élisent pour chaque Maison une Supérieure, deux Ajutantes ou Majeures qu’on appelle aussi Consultrices. Elles ne font point de vœux & peuvent sortir, même pour se marier. Elles enseignent le catéchisme aux personnes de leur sexe, & servent les femmes