Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
DIM

dans les Hôpitaux. Elles sont habillées de noir ou de brun. P. Heliot. T. VIII. C. 3.

DIMÈTRE. adj. Terme de Poësie. Qui est de deux mesures. Dimeter, a, um. Ce nom se donne aux Vers qui n’ont que deux mesures, ou quatre pieds. Par exemple :

Nox erat, & cœlo fulgebat Luna sereno,
Inter minora sidera. Horat.

Le premier vers est hexamètre, & le second est un ïambique dimètre. Il y a un ïambique dimètre défectueux d’une syllabe au commencement. On peut aussi l’appeler un trochaïque dimètre défectueux d’une syllabe à la fin. Telle est celui-ci d’Horace.

Non ebur neque aureum, &c.

Ce mot vient de δίς bis & μέτρον mesure.

DÎMEUR, ou DIXMEUR. s. m. Celui qui lève actuellement la dîme. Decumanus.

DÎMIER, ou DIXMIER. s. m. Journalier qui recueille la dîme. Le décimateur est celui qui a le droit de percevoir la dîme. Le dîmier est celui qui la lève pour un autre. Dîmeur est plus usité que dîmier.

DIMINIA. Diminia. C’est l’ancienne Onchestus, petite ville de Béotie près du lac de Stivo : ou du moins Diminia a été bâtie de ses ruines. Ce n’est qu’un village, qui a pris ce nom du mot Grec Δίμηνον qui signifie l’espace de deux mois, parce que les grains jetés en terre dans son terroir ne sont que deux mois à produire. Voyez M. Spon, Voyage de Grèce, L. II. p. 89.

☞ DIMINUER. v. a. Rendre moindre, retrancher une partie de quelque chose. Minuere, diminuere, imminuere. Un tel a diminué sa dépense. Ce nouveau Prieur a diminué la portion de ses Religieux.

Diminuer. v. n. Devenir moindre. Minui, imminui. Sa vue diminue tous les jours. Ses forces diminuent. Se forces augmentent, à mesure que sa fièvre diminue. Les jours commencent à diminuer à la S. Jean.

☞ On le dit également des personnes. Cet enfant diminue à vue d’œil.

Diminuer se dit aussi dans les choses morales. Cette disgrâce a diminué son crédit. Ses dépenses excessives ont diminué son bien. Un favori tâche de diminuer le crédit des autres. Son esprit s’affoiblit, il diminue tous les jours. Son autorité diminue. Ceux qui sont arrivés au comble de la gloire, sont obligés de descendre de cet état glorieux, & de diminuer autant qu’ils peuvent leur propre gloire dans leur esprit. Flech. L’esprit de l’homme n’est que trop porté à diminuer les vérités qui incommodent ses passions, & à chercher des biais pour éluder la sévérité des préceptes. Id.

Diminué, ée. part. Imminutus, minutus.

En Architecture, on appelle colonne diminuée, celle qui est sans renflement, & dont la diminution commence dès le pied de son fût, à la manière des arbres. Voyez diminution.

Diminué. Terme de Musique. Les intervalles diminués sont ceux qui sont moindres d’un semi-ton mineur, lorsqu’ils sont justes. On marque un intervalle diminué par son b mol, ou par un double dièse. Contre-point diminué, est celui dont les notes sont de différente figure & de différente valeur. Quarte, quinte, &c. diminuée.

DIMINUISER. v. a. Mot du vieux langage. Diminuer.

DIMINUTIF, ive. adj. Terme de Grammaire, souvent employé substantivement, se dit d’un mot qui adoucit, ou affoiblit la force de son primitif, ou qui signifie une chose petite dans son genre. Diminutivus. Comme bovillon est un terme diminutif, ou un diminutif de bœuf, pochette de poche, maisonnete de maison. Les diminutifs qui étoient des délicatesses dans le style de nos vieux Auteurs, ne se peuvent supporter dans le langage d’aujourd’hui. Nous n’avons pas la liberté d’en faire selon notre caprice, comme les Italiens, qui en font autant qu’il leur plaît ; & l’on se moqueroit présentement d’un Poëte qui diroit avec Belleau :

Le gentil rossignolet,
Douceret,
Découpe dessous l’ombrage,
Mille fredons babillards,
Fretillards,
Au doux son de son ramage.

Notre langue abonde en diminutifs ; & l’on peut s’en servir, sans entreprendre d’en forger de nouveaux. Ce n’est pas qu’elle soit devenue dure, & incapable d’expressions passionnées. Mais elle a mis toute la tendresse dans les sentimens : ou plutôt elle est tendre comme une personne sage, qui parle toujours raisonnablement, même en parlant de sa passion, & qui ne cherche point à se parer de colifichets. Mademoiselle de Gournai se déclara la protectrice des diminutifs : elle cria au meurtre de toute sa force, quand elle les vit attaqués. Mais elle eut le chagrin de les voir bannis peu-à-peu. Bouh. Rien n’est plus fade que les Orateurs affectés, qui ne se servent que de diminutifs, & dont les paroles sont doucereuses, & confites, pour ainsi dire, dans le miel. S. Evr.

C’est ici le lieu d’observer que la langue Latine, grâces, sur-tout à Plaute & à Catulle, a beaucoup de diminutifs ; que l’Italienne en a encore davantage, & qu’au sentiment de plusieurs, la nôtre n’en a pas assez. Elle étoit autrefois bien plus riche de ce côté là, si, comme le dit le P. Bouhours, dans ses Remarques, c’est une richesse à une langue que d’avoir des diminutifs. Il en a fait un chapitre exprès, où il ne leur est point du tout favorable. Il prétend que, depuis que la langue Françoise est devenue raisonnable, elle a mieux aimé être pauvre, que d’être riche en babioles & en colifichets. Il faudroit au moins distinguer les styles. Le style familier admet bien des expressions qui ne seroient pas propres au style soutenu.

M. de la Monnoye a parlé des diminutifs dans son Glossaire Bourguignon au mot Fammelote, & le P. Buffier dans sa Grammaire Françoise. n. 353.

Il y a, dans la langue Françoise, des diminutifs qui ont perdu leur signification diminutive, comme cassette, vergette, qui viennent de caisse, & de verge. Dans la langue Italienne, & dans plusieurs autres, les mots diminutifs se forment des mots primitifs, par l’addition de quelques syllabes : il n’en est pas de même en François ; &, dans notre langue, le diminutif est quelquefois plus court que le primitif, quelquefois il a le même nombre de syllabes.

Les terminaisons les plus ordinaires des diminutifs sont eau, perdreau, faisandeau, &c. Et pour le masculin, ette pour le féminin, jeunet, jeunette ; grasset, grassette ; herbette, miette ; poulet, poulette. On. Manon, Marion, Nanon, Jeanneton, Fanchon, Magdelon, folichon, garçon, bichon, bichonne au féminin, &c. In au masculin ; ine au féminin ; Colin, Perrin, Perrine, Jaqueline, &c. Ot ordinairement pour le masculin, ote pour le féminin, Jeanot, Pierrot, Tiennot ; Jeanote, Marote, Genevote, Javote, &c.

Je suis Margot la genre Demoiselle,
A deux maris mariée & pucelle.

Voyez la Grammaire Françoise de M. l’Abbé Régnier.

On appelle en grammaire au moins & du moins, des conjonctions diminutives, parce qu’elles servent à diminuer. Rendez lui au moins une visite. Du moins donnez-lui de quoi vivre.

Diminutif, est aussi substantif, comme on peut voir