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DIO

DIO

DIO. Anciennement Dium. Voyez STADIA.

Dio. s. f. Premier nom que porta Cerès lorsqu’elle régnoit en Sicile.

☞ DIABOLUS. Monnoie Athénienne, sur laquelle on voyoit d’un côté représenté Jupiter, & de l’autre un Hibou, oiseau consacré à Minerve, la protectrice des Athéniens.

☞ DIOCÉSAIN, aine. s. Qui est du Diocèse. Diœcesanus, qui est e Diœcesi. Un particulier dit, je suis Diocésain d’un tel Evêque. Un Evêque dit, un tel est mon Diocésain. Fevret, contre l’usage, a dit Diocésane au féminin.

Diocésain est aussi adjectif, & l’on dit Evêque Diocésain, en parlant de l’Evêque du Diocèse dont il est question. L’Evêque Diocésain présidoit à cette cérémonie. L’Evêque Diocésain précède toujours les autres Evêques dans son Diocèse.

☞ On le dit quelquefois des choses. Statuts Diocésains, pour dire, les Statuts du Diocèse.

DIOCÈSE. s. m. Territoire, où s’étend la Jurisdiction spirituelle d’un Evêque ou d’un Archevêque, & Province d’un Métropolitain. Diœcesis. Ces deux sens sont anciens. Dans le premier sens, il se trouve dans Hincmar, Ep. 5. ép. au Pape Nicolas ; dans S. Grégoire, Liv. VII. Indict. II. ép. 17. & dans le chap. 13e du XVIe Concile de Tolède, dans l’épître Synodale de Raban au Roi Louis, dans la vie de Raban par Rudolphe. Il se trouve au second sens, c’est-à-dire, pour un Evêché, dans Sidonius Apollinaris, L. VII, ép. 6. L. IX. ép. 16. &c. dans Césaire, L. I. ch. 17. dans S. Léon, ép. 87. dans le Concile de Carthage, tenu l’an 404. ch. 93. dans un autre Concile d’Afrique, ch. 98. & 117. de l’édition de Justel ; dans la Conférence de Carthage, ch. 65. & 117. Anastase le Bibliothécaire, dans la vie de S. Denis Pape, attribue à ce Saint Pape l’institution des Diocèses Ecclésiastiques pris en ce sens, c’est-à-dire, des Métropolitains. Ce Saint gouvernoit l’Eglise au IIIe siècle. Le Diocèse de Rouen a 1400 Paroisses, celui de Chartres, 1800. Le nombre de ces Paroisses est beaucoup diminué depuis le nouvel établissement d’un Evêché à Blois, qui a été composé d’un démembrement de celui de Chartres.

Ce mot vient de Διοικησις, qui signifie proprement administration, gouvernement. C’est ainsi que les anciennes Gloses le traduisent, Διοικησις, Ministerium, administratio, moderatio. Il vient de διοικέω, que les mêmes Gloses traduisent Administratio, ministro, moderor, ordino. Ainsi διοίκησις τῆς πόλεως signifie, l’administration, le gouvernement de la ville.

Ce mot de Diocèse est Grec, διοικησις, & signifioit autrefois un gouvernement, ou préfecture composée de plusieurs Province.

C’est Constantin qui divisa l’Empire en Diocèses. Il ne le partagea qu’en quatre, qui furent le Diocèse d’Italie, le Diocèse d’Illyrie, celui d’Orient, & celui d’Afrique. Voilà ce qui se dit communément. Cependant, long-temps avant Constantin, Strabon, qui écrivoit sous Tibère, dit L. XIII. p. 432. que les Romains avoient divisé l’Asie en Diocèses ; car il se plaint de la confusion que cela mettoit dans la Géographie, parce qu’ils ne divisoiont point l’Asie par peuples, mais par Diocèses, dans lesquels il y avoit un Tribunal, où l’on rendoit la justice. Constantin fut donc seulement l’Instituteur de ces grands Diocèses qui comprenoient plusieurs Métropoles & plusieurs Gouvernemens ; au lieu que les Diocèses auparavant ne comprenoient qu’une Jurisdiction, un district, le pays qui ressortissoit à un Juse, comme il paroît par cet endroit de Strabon même, par Cicéron, L. III. Ep. ad famll. ep. 9. & L. XIII. ep. 67. Ainsi d’abord une Province comprenoit plusieurs Diocèses, & dans la suite, un Diocèse comprit plusieurs Provinces. Le Préfet du Prétoire commandoit à plusieurs Diocèses. L’Empire Romain étoit divisé en XIII. Diocèses, ou Préfectures. Il y en avoit XIV, si l’on compte le Diocèse de Rome, & les villes suburbicaires. Ces XIV Diocèses contenoient 120 Provinces. Chaque Province avoit un Proconsul qui demeuroit dans la Capitale ou Métropole ; & chaque Diocèse un Vicaire de l’empire, qui résidoit dans la principale ville de son district. L’Ordre Ecclésiastique fut réglé sur le gouvernement civil. Chaque Diocèse avoit un Vicaire Ecclésiastique ou Primat, qui jugeoit en dernier ressort les affaires de l’Eglise. Aujourd’hui le changement du gouvernement temporel de chaque Province n’apporte aucun changement pour le Diocèse. Févret. Il y a seulement cette différence, c’est que le Diocèse ne signifie plus un assemblage de plusieurs Provinces ; mais, dans un sens plus limité, une seule Province sous un Métropolitain, ou l’étendue du ressort, & la Jurisdiction d’un Evêque, ou plutôt le territoire d’un Evêque ou Archevêque, considéré comme Evêque seulement. Le Ressort du Métropolitain s’appelle Métropole, & celui du Primat, Primatie. Guillelmus Brito, dit que le Diocèse est proprement le territoire & le gouvernement d’une Eglise baptismale ou paroissiale : d’où vient que plusieurs Auteurs se sont servis de ce nom pour signifier une simple Paroisse. Le P. Thomassin, dans son livre de la Discipline de l’Eglise, fait le mot de Diocèse féminin. Ç’avoit été, dit-il, la Coutume de Constantin, qui avoit établi ces grandes Diocèses dans les Provinces de l’Empire.

L’Abbé Fleury, dans son Histoire Ecclésiastique, fait aussi ce mot masculin, selon notre usage, quand il se dit du district & de la Jurisdiction d’un seul Evêque ; & quand il se dit d’une Province entière, de tout le pays qui est soumis à un Métropolitain, qui a sous lui plusieurs Evêques, il le fait féminin : cela est contre l’usage ; jamais Diocèse n’est féminin en notre langue. Il en use ainsi pour mettre de la différence en ces deux choses, & n’être pas obligé d’ajouter si souvent une explication ou une périphrase. Est-ce une raison suffisante ? Il falloit se servir du mot de Province au second cas ; c’est l’usage constant.

Diocèse s’est pris aussi quelquefois pour Paroisse, comme Paroisse, παροκία, s’est pris pour Diocèse. Le Canon 56. & le 57. de l’Eglise d’Afrique, Sidonius Appoll. L. IX. ép. 16. Grég. de Tours L. IV. C. 13. l’Auteur de la vie de S. Prix, Præjectus, C. 1. dans Bolland. Acta SS. T. I. p. 634. le prennent en ce sens. Voyez les Notes de Justel sur ce dernier Canon, les Notes du P. Sirmond sur Sidonius Apollinaris, Filesac ; De Paræciar. orig. De la Cerda, Advers. Sacr. C. XXVI. 11. 12. Bollandus cité, p. 654. Mais ce sens n’est point du tout en usage dans notre langue.

DIOCLÉES. s. f. pl. Terme de Mythologie. Diocleia. Fêtes établies à Mégare par Alcathoüs, fils de Pélops, en l’honneur de Dioclès, Roi de Mégare, selon le Scholiaste de Pindare, (Olymp. od. 13. sub. fin.) Il en est fait mention dans Théocrite, (Idyl. 12. v. 27.) Ce Poëte, après avoir loué les Mégariens de ce qu’ils ont reçu Dioclès avec plus d’honneur que les autres étrangers, ajoûte qu’au commencement du Printemps, des jeunes garçons se disputoient la victoire dans le combat du baiser auprès de son tombeau. Un ancien Scholiaste de Théocrite nous apprend l’origine de cet usage, en disant que ce Dioclès, qui aimoit beaucoup les jeunes garçons, s’étant enfui d’Athènes pour se retirer à Mégare, fit des merveilles dans un certain combat, & qu’en couvrant de son bouclier un de ses favoris, il le sauva, en perdant lui-même la vie ; que les Mégariens lui firent des funérailles, l’honorèrent comme un héros, & instituèrent un combat, où étoient admis les plus beaux garçons, pour disputer le prix du baiser, qui consistoit en une couronne