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DIO

que l’on donnoit à celui qui savoit donner de meilleure grace le plus doux baiser.

DIOCLÉTIEN. s. m. Nom propre d’homme. Diocletianus. Autrefois on écrivoit Diocletian. Dioclétien étoit un soldat de fortune, brave de sa personne ; il étoit de basse naissance, né en Dalmatie : on croit qu’il avoit été Affranchi du Sénateur Anulin. Il s’avança par tous les degrés de la milice, & parvint à l’Empire après la mort de Numérien. Il régna seul après la mort de Carinus, frère de Numérien, arrivée l’an 285. Cette même année, Dioclétien envoya Maximien commander dans les Gaules, & le fit César : l’année suivante 286. il le fit Auguste, & l’associa à l’Empire. Dioclétien, fatigué des soins de l’Empire, & chagrin de ne pouvoir abolir le Christianisme, quoiqu’il eût cruellement persécuté les Chrétiens, abdiqua l’Empire, & se retira à Salone, où il mena une vie privée. Dioclétien s’appela d’abord Diocles, & ensuite Dioclétien.

DIOCLÉTIENNE. adj. f. En usage dans la Chronologie, où l’on appelle l’époque Dioclétienne, & l’Ere Dioclétienne, une époque & une Ere qui a commencé sous Dioclétien. Epocha Diocletiana. Æra Diocletiana, ou Æra Martyrum. L’Epoque Dioclétienne est le 29e d’Août de l’an de la période Julienne 4997. de Jésus-Christ 284. L’Ere Dioclétienne, que l’on appelle aussi l’Ere des Martyrs, commence à cette époque. Les Ethiopiens se servent de cette ère, dont ils appellent les années, années de graces ; mais ils n’en comptent pas les années tout de suite : ils accommodent cette ère à un cycle de 534 ans, après lesquels ils recommencent à compter années 1ere, année 2e ; de sorte que la 535e année se nomme année première, & de même la 1069e, & ainsi après chaque révolution de 534 ans. Leurs années ne sont donc pas les années de l’ère, mais les années du cycle ; & pour trouver les années de l’ère, il faut savoir quel est le cycle ; si c’est le premier, les années du cycle & celles de l’ère sont les mêmes ; si c’est le second cycle, pour avoir l’année de l’ère, il faut ajouter l’année du cycle à 534. ainsi la 50e année du second cycle est la 584e de l’ère ; si c’est le IIIe cycle, il faut ajouter l’année courante du cycle à 1068 ; ainsi, la 20e année du second cycle est la 1088e de l’ère, & ainsi des autres.

DIODAN. Voyez DESANUS.

DIOGÈNE. s. m. Nom d’homme. Diogenes. Ce nom a été fort commun parmi les Grecs. Diogène le Cynique, ou le Philosophe, étoit fils d’un Banquier : il méprisa les richesses lorsqu’il n’en put avoir, car son père avoir fait banqueroute : quelques-uns disent que ce fut Diogène lui-même. Ainsi le mépris qu’il eut pour les richesses est bien suspect, & paroît être bien moins l’effet de sa sagesse & de sa vertu, que la marque de son orgueil. Diogène étoit de Synope. Diogène-Laerce a écrit la vie des Philosophes : c’est un excellent ouvrage. Il y a eu cinq Diogènes célèbres chez les Grecs : le premier étoit Physicien ; le second, qui étoit de Sicyone, a écrit sur le Peloponèse ; le troisième est Diogène le Cynique ; le quatrième étoit un Philosophe Stoïcien, il étoit de Séleucie ; le cinquième, qui étoit de Tarse, a écrit sur la Poétique. Il y a un S. Diogène martyrisé en Macédoine : on célèbre sa fête le 6e d’Avril

Le nom de Diogène vient du Latin Diogenes, formé du Grec ; Διογένης.

DIOGNÉTE. s. m. Architecte & ingénieur, étoit de Rhodes. Il rendit de grands services à sa patrie, lorsque Demetrius Poliorcètes assiègea la ville de Rhodes. Epimaque avoit construit, par l’ordre de ce Prince, une Hélépole d’une grandeur prodigieuse, c’est-à-dire, une tour roulante, pour approcher des murailles, & du haut de cette tour combattre les assiégés ; mais Diognéte trouva moyen d’inonder promptement le terrein par où l’Hélépole devoir passer : de sorte que Demetrius fut obligé de lever le siège l’an 304. avant J. C. Les Rhodiens récompensèrent Diognéte leur libérateur.

Il y eut aussi à Rome un Peintre nommé Diognéte, de qui l’Empereur Antonin le Philosophe apprit à peindre. Dict. de Peint. & d’Arch.

DIOIS, oise. s. m. & f. Qui est de Die en Dauphiné ; habitant de Die, Deensis, Diensis. Pendant les guerres civiles du XVI siècle, les Diois souffrirent beaucoup des Huguenots, qui ruinèrent leur Eglise cathédrale.

DIOIS. Contrée de Dauphiné, en France. Pagus, ou ager Diensis. Le Diois est entre le Valentinois, les Baronies, le Gapençois & le Grésivaudan. Le Diois est fort montagneux : il y a pourtant un grand nombre de bourgs & de villages, dont les plus considérables sont Saillans & Luc ; mais point d’autre ville que Die, qui en est la capitale, & qui lui donne son nom. L’Evêque de Die étoit autrefois Seigneur du Diois ; puis les Comtes s’en emparèrent. En 1289. Aimon, Comte de Toulouse, donna ce pays à Aimar de Poitiers, Comte de Valentinois, à la charge de foi & hommage. En 1404. Louis de Poitiers le vendit cent mille écus à Charles VI. qui le réunit ainsi à la Couronne.

Ile de DIOMEDE Voyez TRÉMITI.

DION. s. m. Nom du mois dans lequel l’Equinoxe d’Automne arrive. Δίον. Ce mot n’étoit en usage que chez les Macédoniens. Gallien. Com. in. I. Epid.

DIONE. s. f. Terme de Mythologie. Déesse du Paganisme, dont Hésiode parle au commencement de sa Théogonie, v. 17. Dione. Il la nomme parmi les Nymphes dans le même Poëme, v. 352. & lui donne les épithètes de belle & d’aimable. Elle étoit fille de l’Océan & de Thetis. C’est encore Hésiode qui le dit, v. 337. & suiv. On dit qu’elle fut mère de Vénus, & qu’elle l’eut de Jupiter ; & c’est pour cela que Vénus est appelée Dionée. Cependant Homère, dans son Hymne sur Vénus, la fait fille de Saturne & de Rhéa ; & Hésiode, dans sa Théogonie, v. 190 & 198. la fait naître de l’écume de la mer.

Vossius, de Idol. L.II. C. 21. p. 208. croit que Dione, ou Vénus, ou la Lune, est la même que la Baaltis ou Beltis des Phéniciens. Il avoue néanmoins que Sanchoniaton, cité dans le premier livre de la Préparation Evangélique d’Eusèbe, semble les distinguer ; car il y dit qu’Astarte & Baaltis sont sœurs ; que la première est Vénus, l’autre Dione : il les fait l’une & l’autre femmes de Saturne, qui n’eut de Dione que des filles : mais les Grecs & les Romains font Dione mère de Vénus. Consultez Vossius à l’endroit qu’on vient de citer.

DIONYSIA. s. f. Espèce de pierre fort dure, qu’on met au rang des précieuses. Elle est noire, & marbrée de tâches rougeâtres. Pline, qui parle de cette pierre, dit que, si, après avoir été bien pulvérisée, on en met tremper dans de l’eau, elle lui donnera le goût du vin, & qu’elle empêche l’ivresse du vin véritable. C’est son goût de vin qui lui a fait donner le nom de Dionysia ou Dionysias, à cause d’une des Cyclades nommée Dionysias, parce qu’elle est fertile en vignes. C’est le Naxos ou le Naxi d’aujourd’hui, où l’on sacrifioit à Bacchus, & où se trouvoit, dit-on, une fontaine de vin.

DIONYSIA. Voyez DONUSA.

DIONYSIADES. Dionysiades. Les Dionysiades sont trois petites Iles à l’Orient de celle de Candie, entre celles de Lovo, de Stampalia & de Scarpanto. Les incursions des Pirates ont fait déserter ces Iles, où il n’y a presque personne.

DIONYSIAQUE. s. f. Dionysiaca. Sorte de danse, appelée aussi la Pyrrhique ; par laquelle on exprimoit les belles actions de Bacchus dans les Indes. Elle fut très-fatigante dans son institution ; mais on la rendit plus douce & plus légère, en se servant de Thyrses, au lieu de lances, qui étoient beaucoup plus pesantes, & en prenant de petites baguettes, ou des flambeaux à la place de javelots. Cette danse étoit accompagnée de flûtes, & du Carmen Orthisium,