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DIO

si propre à exciter le courage. (J. C. Scaliger, Poëtic. l. i. c. 18.)

DIONYSIAQUES. s. f. pl. Nom de Fêtes des Payens, qu’on célébroit à l’honneur de Bacchus le 3e jour de septembre. Dionysia, Dionysiaca. Les Latins appeloient cette fête du nom de Liberales : on l’appelle aussi la fête des vendanges, parce que Bacchus, dans le systême de la fable, est le Dieu du vin, le Dieu qui préside aux vendanges. Voyez Varron l. 5.

Ce nom de Dionysiaques vient de Dionysiaca, mot formé du Grec διονύσια, qui est le nom de cette fête chez les Grecs. M. Blondel écrit Dionisiaques sans y : mais il en faut un, si l’on suit l’étymologie.

DIONYSIES, ou fêtes Dionysiennes. Dionysia. Voyez BACCHANALES. C’est la même chose. Bacchus s’appeloit aussi Dionysius, nom dont cette fête avoit pris celui de Dionysies.

DIONYSIOPOLI. Ville de Bulgarie, appelée autrement Chaliacra, en Latin Dionysiopolis, Crunos. C’étoit autrefois une ville Episcopale : maintenant elle est peu considérable. Elle est sur la petite rivière de Tiza, à sept lieues de Varne, que quelques Géographes prennent pour l’ancienne Dionysiopolis.

Ce nom est composé de Διονύσιος, Denys, & πολίς, Ville.

DIONYSIUS. s. m. C’est un des noms que les Anciens donnent à Bacchus. Quelques-uns tirent ce nom Διος, génitif de Ζεὺς, Jupiter, & de Nysa, ville d’Egypte sur les frontières de l’Arabie, où les Anciens disoient que Bacchus avoit été élevé par les Nymphes. D’autres prétendent qu’il vient de Du, ou Dy, qui signifie, Seigneur ; au moins Δεῦνος, en Indien, signifioit Seigneur, comme le témoigne Juba, cité par l’étymologiste ; & de Nysa, mis par métathèse, ou transposition, pour Sina. De sorte que, selon Tzerzès, Διονύσιος n’est autre chose que Δεῦνος καὶ ἄναξ Νύσσης, Dionysius, Seigneur & Roi de Nyssa.

Dionysius. Terme d’Astronomie. C’est le nom que les Astronomes ont donné à la tache de la Lune qui est la 28e du catalogue que le P. Riccioli en a dressé. Ce nom lui a été donné en l’honneur de S. Denis l’Aréopagite, & de ce qu’il dit, en voyant l’obscurcissement du soleil qui arriva à la mort du Sauveur.

Dionysius, est aussi le nom d’un des trois Anaces, fils de Jupiter.

DIOPTRE. s. m. Terme d’Astronomie. Les dioptres, sont des trous percés dans les pinnules de l’alhidade. Dioptrum, dioptron.

☞ C’est aussi le nom d’un instrument de Chirurgie qui sert à dilater la matrice ou l’anus, afin d’examiner les maladies de ces parties.

☞ On l’appelle aussi dilatatoire.

☞ DIOPTRIQUE. s. f. Dans le sens le plus général, est la troisième partie de l’Optique, qui considère & explique les réfractions que souffre la lumière, lorsqu’elle passe par différens milieux, comme l’eau, l’air, le verre, &c. Aussi cette science traite-t-elle des verres plans, convexes & concaves.

☞ Dans un sens moins étendu, c’est la science de la vision qui se fait par des rayons réfractés ou rompus, en passant d’un milieu dans un autre, c’est-à-dire, qui changent de direction dans ce passage, & ne parcourent pas la même ligne droite Dioptrica. Cette science n’a été cultivée que depuis l’invention des lunettes, qui montrent les plus merveilleux effets de la réfraction. Descartes a fait un Traité excellent de la Dioptrique. Voyez Réfraction.

Dioptrique est originairement un mot Grec, qui vient de διὰ, per, & οπτομαι, Je vois ; d’où διόπτεθαι seroit, voir à travers quelque chose.

Dioptrique, est aussi adj. & se dit de tout ce qui a rapport à la Dioptrique. Télescope dioptrique. Dioptricus.

☞ Pour se former une idée nette de la Dioptrique, il faut se rappeler tout ce qu’on a dit de la Réfraction, & supposer les vérités suivantes :

1o Tout corps solide ou fluide qui donne passage à la lumière, se nomme milieu.

2o L’air est un milieu moins dense que le verre.

3o La lumière se réfracte en passant d’un milieu dans un autre, lorsque dans ce passage elle change de direction, c’est-à-dire, lorsqu’elle ne parcourt pas la même ligne.

4o Un rayon de lumière qui passe perpendiculairement d’un milieu dans un autre, ne souffre aucune réfraction.

5o Un rayon de lumière qui passe obliquement d’un milieu moins dense, dans un milieu plus dense ; par exemple, de l’air dans le verre, se réfracte en s’approchant de la perpendiculaire, c’est-à-dire, qu’il quitte la ligne qu’il décrivoit, pour en décrire une moins éloignée de la perpendiculaire.

6o Un rayon de lumière qui passe obliquement d’un milieu plus dense, dans un milieu moins dense ; par exemple, du verre dans l’air, se réfracte en s’éloignant de la perpendiculaire.

☞ C’est par le moyen de ces principes, que l’on peut regarder comme incontestables, & dont on fait souvent usage dans plusieurs articles de ce Dictionnaire, qu’on explique les différens phénomènes que nous présentent les verres convexes & concaves dont il est question dans la Dioptrique. À l’égard des verres plans, la réfraction que souffre le rayon de la lumière, en passant du verre dans l’air, corrige le dérangement occasionné par celle que ce même rayon avoit soufferte en passant de l’air dans le verre.

DIORYX, ou DORYX. Dans l’Ecclésiastique XXIV. 14. On lit, Ego sicut fluvii Dioryx (& dans plusieurs exemplaires, Doryx) & sicut aquæductus exivi de Paradiso. Quelques Auteurs ont fait un nom propre de fleuve de ce nom Dioryx, ou Doryx ; & l’Auteur de la Glose ordinaire prétend que c’est l’Araxe, peut-être parce que dans l’Arménie il y a un fleuve appelé Dorinx. C’est une pure méprise, Doryx est une faute, il faut lire Dioryx ; & Dioryx est un mot purement Grec, de διὰ, & ρὴνγυμι, frango ; & il ne signifie qu’un fossé, une fosse, une ravine où l’eau coule.

DIOSCORI. Dioscorus. Petite Isle de la mer Ionienne, sur la côte de la Calabre ultérieure, près du Cap delle Colonne.

DIOSCORIEN, ou DIOSCORIDIEN, ENNE. s. m. & f. Nom d’anciens Hérétiques qui suivoient les sentimens d’Eutyches, ou plutôt de Dioscore, Evêque d’Alexandrie, fauteur d’Eutyches : ce Dioscore fut condamné avec Eutyches dans le Concile général de Chalcédoine, & ensuite relégué à Gangres dans la Paphlagonie, où il mourut. Mais, pendant sa vie, & même après sa mort, il eut un grand nombre de sectateurs, & principalement dans Alexandrie, auxquels on donna le nom de Dioscoriens.

DIOSCURES. f. m. pl. Terme de Mythologie. Nom que l’on donnoit dans l’Antiquité à Castor & à Pollux. Dioscuri. Ce nom signifie enfans de Jupiter, de Διος, & κοῦροι, qui se dit dans le dialecte Ionien pour κόροι, Enfans. Cicéron, au 3e L. De naturâ Deorum, dit qu’il y avoit trois différens Dioscures : les premiers étoient fils du Roi Jupiter, le plus ancien des Jupiter. Ils se nommoient Tritopatrée, Eubulée & Dionysius. Les seconds Dioscures étoient fils du troisième Jupiter & de Léda ; c’étoient Castor & Pollux. Les troisièmes, selon quelques-uns, sont Aleon, Mélampus & Emolus, fils d’Arée, qui l’étoit de Pelops. A. Posthumius Dictateur l’an de Rome 257. bâtit un Temple aux Dioscures, parce qu’on crut leur être redevable d’une victoire que l’on remporta contre les Latins, & d’en avoir porté