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DIO

la nouvelle à Rome. Voyez sur ces Dieux, Voisins, De Idolol. L. I. C. 13.

DIOSCURIES. s. f. Terme de Mythologie. Fêtes en l’honneur de Castor & de Pollux, célébrées à Cyrène, selon le Scholiaste de Pindare, & sur-tout à Lacédémone, où ces deux héros avoient pris naissance. On faisoit ce jour-là de grandes réjouissances ; en buvoit à toute outrance, & l’on donnoit des jeux, dont l’exercice de la lutte faisoit la meilleure partie. Dioscuria.

DIOSON. Rivière de France. Dioso. Le Dioson a sa source dans le pays de Brenne : il vient d’une fontaine de même nom, un peu au-dessus de l’Abbaye de Maubec, & se jette dans la Claise, un peu au-dessus du Bourg de Suberay. Davity, Corn.

DIOSPOLIS. C’est le nom de plusieurs villes. Diospolis. Thèbes, ville d’Egypte, a été appelée Diospolis. Laodicée a été aussi nommée d’abord Diospolis, parce qu’Antiochus, disoit-on, la bâtit par ordre de Jupiter. Lidda, ou Rama, ville Episcopale de Palestine, de la dépendance du Patriarche de Jérusalem, s’est aussi appelée Diospolis ; & c’est celle dont nous parlons le plus, à cause du Concile qui y fut tenu contre Pélage ; & que nous nommons le Concile de Diospolis, ou de Palestine, où l’Hérésiarque sut si bien se contrefaire, qu’il persuada aux Pères de ce Concile qu’il étoit Catholique. Voyez S. Jérôme, ép. 74. S. Augustin, L. I. contre Julien, C. 5. & suiv. & L. II. des Rétractations c. 47. Il y avoit aussi une ville de ce nom en Ethiopie : on y voyoit un grand temple, où les Ethiopiens alloient tous les ans, en certain temps, prendre la statue de Jupiter & celle des autres Dieux, & les portoient en procession dans les campagnes, autour des villages de la Lybie, faisant de grands festins pendant douze jours.

DIOSPOLITES. C’est le nom que l’on donne aux Rois qui ont régné à Diospolis dans la basse Egypte. Il y a dix-huit Diospolites : en ce sens, il est substantif. Orus est un des Rois Diospolites : pour lors, il est adjectif.

Ces noms viennent de Δίος, Jupiter, & πόλις, ville : Diospolis, Ville de Jupiter.

DIOSPIRE. s. f. Diospyros. Plante dont parlent Gèsner, Ray & Lémery sous ce nom, & plusieurs autres Botanistes sous d’autres noms ou dénominations. C’est un bel arbrisseau qui pousse de sa racine beaucoup de tiges plus hautes qu’un homme, rameuses, couvertes d’une écorce rougeâtre. Ses feuilles ont la figure de celles du Poirier, de grandeurs différentes, vertes en dessus, blanchâtres & lanugineuses en dessous, arrondies à leur extrémité, crénelées en leurs bords, nerveuses. Ses fleurs naissent entre les feuilles, plusieurs jointes ensemble, composées chacune de cinq feuilles blanches, oblongues, presque sans odeur. Elles sont suivies de baies grosses comme celles du myrte, violettes ou noires, creusées & couronnées de cinq découpures d’un goût doux & agréable, remplie de semences noirâtres comme celles des poires. Ce fruit est stomachal & cordial. Lémery.

DIOU. Voyez DIU.

DIOXIE s. f. C’est la même chose que Diapente. Voy. ce mot.

DIP.

☞ DIPHAT. Voyez RIPHAT.

DIPHRYGES. s. m. Terme de Pharmacie. Marc de bronze. Diphryges, diphrix. C’est comme la lie & la cendre du cuivre fondu qui se trouve à la fournaise, lorsqu’il est écoulé. Dioscoride en distingue de trois sortes ; savoir, celui qu’il appelle naturel, quoiqu’il se fasse d’un limon de certaine mine séchée au soleil, & brûlée à feu de sarment ; celui qui est la crasse du cuivre fondu, & celui qui se fait de la marcassite, ou pierre pyrite brûlée. Le diphryges est médiocrement âcre, & médiocrement astringent : il est très-bon pour les ulcères difficiles à cicatriser.

Ce mot vient de δις, deux fois, & de φρύγειν, rôtir.

DIPHTHONGUE. s. f. Terme de Grammaire. Jonction de deux voyelles qui se prononcent ensemble, & ne font qu’une syllabe. Diphthongus. Selon l’étymologie du mot, les diphthongues doivent faire entendre un double son composé de deux voyelles. Ainsi eu dans le mot de bonheur n’est pas une diphthongue, ni ae dans Caen, ni ao dans Laon, faon ; parce que, dans bonheur, on ne fait entendre ni le son propre de l’e, ni le son propre de l’a, mais un son simple, tout différent de celui de chacune de ces deux voyelles ; &, dans Caen, on retranche entièrement l’e, comme on retranche l’o dans Laon & faon.

Les Latins prononçoient comme nous les deux voyelles dans une diphthongue, avec cette exception, que l’on n’entendoit pas également les deux voyelles ; l’une étoit plus foible que l’autre : on les divisoit même le plus délicatement qu’il étoit possible. La plupart des diphthongues se sont perdues dans la prononciation ordinaire du Latin. Leur æ & leur œ ne se prononcent plus que comme un e : quelquefois aussi en François, deux voyelles ne sont qu’un son simple : œ se prononce comme l’e : sœur.

On peut distinguer en François, comme dans plusieurs autres langues, des dipthongues par rapport aux yeux, & des diphthongues par rapport aux oreilles. Une diphthongue par rapport aux yeux, est formée de deux voyelles qui se trouvent dans une même syllabe, soit que, dans la prononciation, on fasse entendre le son particulier de chaque voyelle, soit que le son d’une des voyelles se perde, soit enfin qu’on fasse entendre un son nouveau, différent du son propre de chacune des deux voyelles : dans les deux dernières occasions, les diphthongues ne sont appelées qu’improprement diphthongues ; mais, dans la première occasion, elles sont diphthongues propres, parce qu’elles sont diphthongues par rapport aux yeux & par rapport aux oreilles, qui sont les diphthongues propres, sont formées ou de deux voyelles qui sont dans une même syllabe, ou dont on entend le son particulier, ou de trois voyelles d’une même syllabe, lesquelles ne rendent que deux sons dans la prononciation. Dans cette dernière occasion, les diphthongues par rapport aux oreilles, sont triphthongues par rapport aux yeux.

Diphthongues Françoises par rapport aux yeux, æ, æthiopis, plante, æthites, pierre : ai, aigle, faire : ao, Laon, Faon, Saone : au, autour, vautour : ay, ayde, ayder.

Ea, jugea, mangea : eo, mangeons, jugeons.

Ei, feindre, peintre, dessein : eu, bonheur, heureux : ey, Leyde, ville de Hollande.

Ie, fier, lievre : io, devions, aurions, chanterions.

Oe, œsophage, œsype : oi, croire, boire : oo ne se trouve, dans notre langue, que dans les noms propres étrangers que nous avons conservés tout entiers, sans y rien changer, comme Verboom. Ces sortes de mots sont pris, pour l’ordinaire, de la langue Flamande : ces deux oo dans notre langue, n’ont d’autre effet que d’alonger la syllabe où ils sont ; ce que faisoient autrefois les deux aa dans certains mots, dont on en a retranché un dans la suite, comme aage, aagé, aujourd’hui, âge, âgé : ou, vous, vouloir : oy oyseau.

Ua, quand, quatrain : ue, quel, question : ui, qui, quitter, puisque, puissance : uo, quolibet, quotidien : uy, aujourd’hui.

Ya, Yachoranda, arbre. Dans la plupart des mots où l’on mettoit autrefois un y, aujourd’hui on met un i. Remarquez aussi que, dans les noms propres dérivés du Latin & du Grec, au lieu d’ae, on met aujourd’hui un é, Se qu’on écrit Enée,