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DIP

Egypte, Ethiopie, &c. & non pas Ænée, Æthiopie, Ægypte. On a cependant conservé l’æ dans quelques mots d’art ou de quelque science particulière, comme ætites, &c. mais, soit qu’on écrive ces mots avec un æ, ou avec un e, on doit savoir qu’ils sont dérivés des mots Grecs qui commencent par αι, comme Αἰνείας, &c. ou des mots Latins qui commencent par un æ, comme le même nom en Latin Æneas, &c.

Les diphthongues par rapport aux oreilles sont,

Eau, comme perdreau, faisandeau.

Ia, comme dialogue, diacre, &c. en prose.

Ie, comme fier, bien, rien, &c.

Ieu, Dieu, Dieux, Cieux, &c.

Io, jod, lettre Hébraïque, devions, aurions, &c.

Oe. quelquefois en vers, poëte, poëme.

Oei, œil, œillet, œillade.

Oi, croire, devoir, oiseau.

Oie, croient, voient.

Uei, accueil, orgueil.

Ui, puisque, puissance.

Ya, cette diphthongue ne se trouve que dans quelques mots étrangers, comme Yachoranda ; &, comme ces mots ne sont pas de l’usage ordinaire, peut-être nos Poëtes, s’ils étoient obligés de les faire entrer dans les vers, feroient-ils deux syllabes des lettres y & a.

Yeu, yeux.

Toutes les diphthongues que nous venons de rapporter, ne sont pas toujours diphthongues : les lettres qui les forment le séparent quelquefois en différentes syllabes. Il y a des mots où les deux ou trois lettres qui forment une diphthongue en prose, n’en forment pas en vers : alors il faut appuyer sur la première de ces lettres en lisant des vers, & couler doucement sur toutes les voyelles de la diphthongue, en lisant de la prose ou des vers où ces voyelles font une dipthongue ; par exemple.

Quand les ormes fuiront l’embrassement du lie-rre.

Corneille.

Le li-erre y croît au foyer. S. Amant.

Quelquefois les lettres qui forment uns diphthongue dans certains mots, n’en forment jamais dans certains autres : les lettres io sont une diphthongue dans les premières personnes de plusieurs temps des verbes, aurions, devrions, &c. les mêmes lettres dans les mots féminins terminés en ion sont une diphthongue en prose, & n’en sont pas une en vers. En voici des exemples.

Nous devions fuir l’amour, & c’eût été le mieux.

La Fontaine.

Nous attendions un sort plus heureux que le nôtre.

Racine.

Non je ne hais rien tant que les contorsi-ons,
De tous ces grands faiseurs de protestati-ons.

Molière.

On appelle ici diphthongues aux yeux, celles que d’autres Auteurs appellent diphthongues impropres ; & triphthongues, celles qui ont trois lettres, quoique le nom de diphthongue ne convienne proprement qu’où l’on entend deux sons dans une même syllabe ; & celui de triphtongue, où l’on entend trois sons dans une même syllabe.

Le mot de diphthongue vient du Latin diphthongus, formé du Grec δίϕθογγος, qui signifie la même chose.

DIPHYE. s. m. Nom donne à Cécrops : qui signifie, composé de deux natures, pour faire allusion à la fable qui le faisoit moitié homme & moitié serpent. Ce mot vient de δις, bis, & φυω, nascor.

DIPHYES, ou DIPHRIS. s. f. Pierre figurée qui représente les deux natures du mâle ou de la femelle : elle est noire ou blanche.

☞ DIPLETHRUM. Mésure des Grecs, double du Plethrum. Voyez ce mot.

DIPLOË. s. f. Terme d’Anatomie. Substance spongieuse & moëlleuse qui sépare les deux tables du crâne, qui est entre elles, & qui avec elles forme le crâne. Diploa. Barthol.

La substance du diploë est une substance médullaire, ou spongieuse, qui s’imbibe aisément de sang, & qui se trouve partagée en une infinité de cellules de différente grandeur, qui reçoivent leurs artérioles du cerveau, & qui donnent issue à des vènules qui vont se rendre dans les sinus de la dure-mère. Dionis. Le diploë est entre les deux tables du crâne. Id.

☞ DIPLOMATIQUE. s. f. Diplomatica. Diplomatum cognoscendorum ratio, ars, scientia, methodus. C’est la science de connoître les Diplômes & les siècles où ils ont été faits, & qui indique les moyens de les discerner d’avec ceux qui sont, ou faux, ou supposés. Depuis que le P. Mabillon a fait un ouvrage sur la manière de connoître les Diplômes, les Savans ont appelé cet art Diplomatique. La Diplomatique du P. Mabillon est un ouvrage savant : le P. Germon l’a attaqué par un ouvrage qui a eu du succès.

Diplomatique. adj. qui concerne les Diplômes, qui appartient, qui a rapport aux Diplômes. Diplomaticus. Recueil Diplomatique.

☞ DIPLÔME. s. m. Diploma. C’est la même chose que Chartre. Les Diplômes sont des priviléges, ou des actes émanés, ou de quelque Souverain, ou d’une personne d’un grade inférieur, voyez Chartre. Dans quelques Etats, on appelle encore Diplômes les Lettres-Patentes, & ces termes paroissent synonymes. En faisant venir ce mot du Grec, il signifie la copie d’un acte. Le P. Mabillon a fait un ouvrage connu de tous les Savans, pour connoître l’âge des Diplômes, pour distinguer les vrais d’avec les faux, &c. Il faut que les règles que ce savant Auteur donne ne soient pas incontestables, & qu’elles ne paroissent pas sûres à tout le monde, comme elles lui ont paru ; car elles ont été attaquées en France, comme on vient de le dire, & en Angleterre. M. Icquez ne les reçoit qu’avec modification, comme on peut le voir dans la Préface de son Archæologie des langues Septentrionales, où il loue l’Auteur de la Diplomatique ; & certainement il mérite d’être loué pour sa profonde érudition, & pour sa grande modestie.

DIPOLÉES. s. f. pl. Fêtes de Jupiter, Protecteur d’Athènes : de Ζεὺς, δίος, Jupiter, & de πόλις, ville. Dipoleia. Elles se célébroient le 14e jour du mois Scirrophorion. Elles portoient aussi le nom de Bouphonies, à cause du bœuf qu’on immoloit. Pausanias, in Attic.

☞ DIPSACÉES. (Plantes.) Dipsaceæ planta. Terme de Botanique. C’est une famille de plantes, établie par Vaillant, qui les a nommées ainsi de dipsacus, le chardon à-foulon.

DIPSAS. s. m. ou DIPSADE. s. f. Est une espèce de vipère qui se trouve dans les lieux maritimes. Le dipsas est marqueté par tout le corps de taches rousses & noires, & a la tête fort petite. Il cause, par sa morsure, une tumeur lâche & flasque, & engendre une altération si grande, qu’il n’est pas possible de désaltérer ceux qui en sont mordus, quoiqu’ils ne rendent point d’eau, ni par la bouche, ni par l’urine, ni par les sueurs. Dipsas. Quelques-uns l’appellent causus ou causon, c’est-à-dire, ardent ; d’autres, prester, anombates & melanurus. Brébeuf a dit dipsade, au lieu de dipsas, & l’a fait féminin. Il a suivi l’analogie, & je crois qu’on peut l’imiter.

DIPTÈRE. s. m. Terme d’Architecture. Les Anciens appeloient ainsi les Temples qui étoient entourés de deux rangs de colonnes, parce que ces deux