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grec vit en effet cette figure, et il ajoute que les Orchoméniens offraient chaque année au héros des sacrifices funèbres. C’est la même tradition que rappelle une monnaie d’Orchomène (fig. 84), qui montre d’un côté Actéon assis
Fig. 84. Monnaie d’Orchomène en Arcadie.
enchaîné sur un rocher, de l’autre Diane armée de l’arc et s’agenouillant pour lancer ses traits[1].

Polygnote, dans les peintures qui décoraient la lesché de Delphes[2], avait représenté Actéon assis sur la peau d’un cerf et tenant un faon ; un chien de chasse était près de lui et, à peu de distance, une figure de femme Maera (Μαίρα), c’est-à-dire l’étoile du Chien ; et c’est en effet à l’influence funeste des feux caniculaires qu’il faut, selon toute apparence, demander l’explication de la fable d’Actéon[3].

Les peintures des vases grecs reproduisent fréquemment le mythe d’Actéon, mais non point sous l’aspect érotique et probablement populaire (celui d’une femme surprise au bain) que les artistes des temps postérieurs ont choisi le plus souvent comme un motif aussi pittoresque qu’attrayant. Ce que les peintres de vases paraissent avoir représenté de préférence, c’est le châtiment d’Actéon[4], c’est le chasseur intrépide dévoré par ses propres chiens. Diane, vêtue et armée de l’arc, préside presque toujours à cette exécution barbare, et, dans quelques peintures, elle semble animer les chiens. Tantôt elle est seule, comme dans la figure 85,


Fig. 85. Diane et Actéon.

empruntée à un vase de la collection Campana, actuellement au Musée du Louvre ; tantôt elle a près d’elle le dieu Pan, parfois Vénus et l’Amour, et même une des Furies. L’auteur de cet article a publié le premier une peinture de vase qui représente Actéon offrant à Diane les prémices de sa chasse, en présence de Pan, de Mercure et d’un satyre[5]. Il a publié également le premier une coupe de Bomarzo sur laquelle on voit Actéon ensanglanté par la morsure de sept de ses chiens[6]. Une métope d’un des temples de Sélinonte[7], sculpture des plus archaïques, représente Actéor, en présence de Diane, assailli par deux chiens. Même sujet sur une belle terre cuite**17 du musée Campana. Une statuette du Musée britannique offre de même l’image du chasseur se défendant contre ses chiens**18. Le célèbre sarcophage du Louvre**19 (jadis à la villa Borghèse), connu sous le nom de Sarcophage d’Actéon et vanté par Winckelmann, nous offre d’une tout autre façon la légende du chasseur grec. Ici, on voit Diane surprise au bain, puis Autonoé pleurant sur le corps de son fils et d’autres détails encore qui indiquent un esprit et un art nouveaux.

Dans la peinture de Pompéi qui est ici reproduite (fig. 869)


Fig. 86. Diane et Actéon.

et dans une autre récemment découverte, on voit réunis les épisodes successifs de la fable : Actéon apercevant Diane au bain, puis livré par elle en proie à ses chiens[8]. On trouve encore le même sujet sur une pierre gravée[9]. Il est à remarquer que la métamorphose d’Actéon n’est jamais représentée comme accomplie dans les œuvres de l’art antique ; elle n’y est qu’indiquée le plus souvent par les cornes de cerf qui se dressent sur le front du chasseur, rarement par la tête complète d’un cerf[10], et la forme humaine y conserve toute sa pureté.

E. Vinet.
  1. Sestini Lett. numism. nouv. série, t. IV, pl. I, no 27 ; Prokesch, Berl. Akad. 1845, pl. III, no 49 ; Guigniaut, Nouv. Gal. mythol. pl. clxxi, no 629 d.
  2. Paus. X, 30, 3.
  3. Preller, Griech. Myth. I, 359 ; cf. H. D. Muller, Myth. der griech. Stämme, II, p. 108 et s.
  4. Lenormant et de Witte, Élite des monuments céram. t. II, pl. XCIX, C, CI, CII, CIII, CIII n. 
  5. Revue archéolog. t. V, 1848, pl. 100, p. 460 et s.
  6. Ib. p. 475.
  7. Serradifalco, Antichità di Sicilia, t. II, tav, III. Voy. la figure de Diane seule au mot acrolithus.
  8. Mazois, Ruin. de Pompéi, II, 39 ; Zahn, Die schönst. Ornam. III, 50 ; Wieseler, Denkm. der alt. Kunst. II, no 183 a ; id. Zeitschr. für Alterth., 1851, p. 323 ; Helbig, Wandgemälde Campaniens, n. 249 et s., pl. vii, viii.
  9. Wieseler, Denkm. der alt. Kunst, no 183.
  10. Inghirami, Mon. Etrusch. I, pl. lxv, lxx ; R. Rochette. Mém. de l’Acad. des Inscr. XIII, 2e part., p. 554, et pl. ix, 2.

17 Campana, Antiche Opère in jilastica, t. il, lav. 57.

18 Anc. Marbles of British Mus. t. II, pl. {rom|xlv}} ; Clarac, Mus. de sculpt. t. IV, p. 59, pl. 579, no 1252.

19 Clarac, Musée de sculpture, t. II, pl. 113, 114.

ACTIA (Ἄκτια). — Fête célébrée en l’honneur d’Apollon Actius sur le pro­montoire d’Actium en Acarnanie, auprès du temple qui était le centre religieux de tous les Acarnaniens[1]. Des concours[2] gymniques et hippiques y avaient lieu tous les deux ans ; les vainqueurs remportaient pour prix une couronne. Quelques auteurs en racontent un usage singulier : au commencement de la fête un bœuf sacrifié était abandonné aux mouches.

Auguste, après sa victoire sur Antoine, agrandit le sanctuaire d’Apollon, fonda sur le promontoire une ville qui fut nommée Nicopolis, et institua de nouveaux jeux[3],

  1. Bückh, Corp. Inscr. 1793 ; Comp. les inscr. d’Actium dans le recueil de Lebas.
  2. Strab. VII, p. 501 ; Harpocr. et Steph. Byz. s. v. Ἄκτια ; Clem. Alex. Protrept. p. 49 d, éd. Lugd ; Aelian. Hist. an. XI, 8.
  3. Strab. l. c. ; Suet. Aug. 18 ; Dio Cass. LI 1.