Quelle différence d’un amant à un époux ! d’une femme à une maîtresse ! Homme sans expérience, tu ne sais pas cela.
J’espère l’ignorer toujours.
Y a-t-il un amant qui voie sa maîtresse avec d’autres yeux, et qui parle autrement ?
Vous avez vu Sophie !… Si je la quitte pour un rang, des dignités, des espérances, des préjugés, je ne mériterai pas de la connaître. Mon père, mépriseriez-vous assez votre fils pour le croire ?
Elle ne s’est point avilie en cédant à votre passion : imitez-la.
Je m’avilirais en devenant son époux ?
Interrogez le monde.
Dans les choses indifférentes, je prendrai le monde comme il est ; mais quand il s’agira du bonheur ou du malheur de ma vie, du choix d’une compagne…
Vous ne changerez pas ses idées. Conformez-vous-y donc.
Ils auront tout renversé, tout gâté, subordonné la nature à leurs misérables conventions, et j’y souscrirai ?
Ou vous en serez méprisé.
Je les fuirai.
Leur mépris vous suivra, et cette femme que vous aurez entraînée ne sera pas moins à plaindre que vous[1]… Vous l’aimez ?
- ↑ Tout ce passage, depuis : Vous êtes mon père, était supprimé à la représentation.