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Il y eut divers édits de suppression & rétablissement de charges de présidens, & réduction au nombre de quatre.

Le cinquieme fut rétabli en 1576, & le sixieme créé en 1577.

L’ordonnance de Blois renouvella les dispositions des précédens édits pour la suppression des nouvelles charges.

Mais en 1585 on rétablit les présidens qui avoient été supprimés.

En 1594 on créa le septieme, lequel fut supprimé, comme vacant par mort en 1597, & recréé en 1633.

Le huitieme fut créé en 1635.

Dès 1643 il y en avoit eu un neuvieme surnuméraire ; mais il ne fut créé à demeure que dans la suite.

On voit dans les registres du parlement, que la plûpart des présidens à mortier sont qualifiés de messire & de chevalier ; quelques-uns néanmoins sont seulement qualifiés maîtres : c’étoient ceux qui n’avoient point été faits chevaliers.

Présentement tous les présidens à mortier sont en possession de prendre dans tous les actes, le titre de chevalier en vertu de leur dignité, quand ils ne l’auroient pas par la naissance.

Ils prennent aussi le titre de conseillers du roi en ses conseils, parce qu’ils avoient autrefois entrée au conseil du roi.

L’habit de cérémonie des présidens, est la robbe d’écarlate, fourrée d’hermine ; & en hiver ils portent par-dessus la robe le manteau fourré d’hermine, retrousse sur l’épaule gauche, & le mortier de velours noir bordé d’un galon d’or. Il y a lieu de penser que ce galon représente un cercle d’or massif que les présidens portoient autrefois, & que c’étoit la couronne des barons.

Le style de Boyer dit, que le mortier est couvert de velours cramoisi ; cependant depuis long-tems il est couvert de velours noir.

Autrefois les présidens mettoient ordinairement leur mortier sur la tête, & le chaperon par-dessus : présentement ils portent le chaperon sur l’épaule, & ne mettent plus le mortier sur la tête que dans les grandes cérémonies, comme aux entrées des rois & des reines. Lorsqu’ils sont en robe rouge, ils tiennent leur mortier à la main. Lorsqu’ils sont en robe noire, leur habillement de tête est le bonnet quarré.

Il est d’usage que leurs armoiries soient appliquées sur le manteau d’hermine : le mortier se met au-dessus du casque, lequel pose sur l’écu.

Pour être reçu président, il faut être âgé de 40 ans, suivant l’Edit du mois de Novembre 1683 ; mais le roi dispense quelquefois à 30 ans.

Les présidens à mortier ne font tous, pour ainsi dire, qu’une seule & même personne avec le premier président, que chacun d’eux représente ; chacun d’eux peut en son absence, ou autre empêchement, présider tout le parlement assemblé.

Ne s’étant trouvé aucun président en 1407, Dudeac, conseiller-président aux requêtes, eut des lettres du roi pour aller présider la compagnie.

Jusqu’en 1576, il étoit d’usage que la cour assistoit en corps à leurs obseques.

Conseillers d’honneur. Voyez ci-devant à la lettre C, l’article Conseiller d’honneur.

Maîtres des requêtes. Voyez ci-devant à la lettre M, l’article Maître des requêtes.

Conseillers, sous la premiere & la seconde race de nos rois, & dès le commencement de la troisieme il y avoit dans la cour, au conseil du roi, des francs ou maîtres, autres que les barons & que les évêques, qui y avoient entrée comme barons, à cause des grands fiefs qu’ils possédoient.

Ces francs étoient des personnes libres & ingénues, choisies dans l’ordre des ecclésiastiques & des

nobles, autres que les barons, pour concourir avec eux & avec les prélats à l’administration de la justice.

Ces francs furent depuis appellés maîtres, & ensuite conseillers.

Dans les trois siecles qui ont précédé la fixation du parlement à Paris, les conseillers étoient la plûpart des abbés ; il y en avoit fort peu de laïcs, parce qu’on étoit alors dans l’opinion qui a même dure encore long-tems après, qu’il falloit avoir été reçu chevalier pour siéger au parlement. L’ignorance des laïcs, & le goût de la chevalerie, qui étoit alors seule en honneur, put éloigner les laïcs de ces places de sénateurs. On ne vouloit point de laïcs non chevaliers, tellement que les barons ne pouvoient rendre la justice en personne à leurs sujets sans être chevaliers ; de sorte que les gens de lettres, peu propres au noviciat de la chevalerie, ne pouvoient devenir sénateurs qu’en se faisant d’église : de-là tant d’ecclésiastiques dans ces trois siecles au parlement.

La preuve qu’il y avoit des sénateurs laïcs dès le commencement de la troisieme race, se tire de ce qu’il y avoit au parlement des chevaliers distingués, des barons & d’autres personnes qui étoient aussi des vassaux du second ordre, c’est-à-dire qui ne relevoient pas immédiatement du roi, lesquels n’auroient pas été admis au parlement sous ce titre de sénateurs.

La reine Eléonor voulant, en 1149, faire dissoudre son mariage avec Louis le Jeune sous prétexte de parenté, le roi y consentoit, si consiliarii sui & Francorum proceres paruissent.

L’ordonnance de Louis VIII. en 1223 les appelle chevaliers de France, per voluntatem & assensum archiepiscoporum, episcoporum, comitum, baronum, & militum regni Franciæ.

Dans un parlement tenu en 1225, le sire de Courcy ayant recusé tous les barons, le roi demeura presque seul avec quelques personnes de son conseil, rex quasi solus præter paucos consilii sui (mansit.) Saint Louis, dans une ordonnance de 1246, dit pareillement, de communi consilio & assensu dictorum baronum & militum : ces chevaliers étoient les sénateurs ou conseillers du parlement. Ainsi S. Louis ne rétablit pas les sénateurs, comme quelques-uns l’ont cru, puisqu’il y en avoit toujours eu, mais il les dispense d’être ecclésiastiques, en les dispensant aussi d’être chevaliers ; cela ne se fit même que peu-à-peu ; c’est de-là qu’ils ont conservé le titre de chevalier. On voit dans les registres sous les dates des années 1317, 1364, 1368, 1377, 1384, 1388 & 1459, qu’ils sont qualifiés messires & chevaliers, milites. En 1484, on trouve pour la premiere fois un conseiller qualifié, messire, maître.

Il y eut donc sous S. Louis des conseillers laïcs non-chevaliers.

Dans quelques-unes de ses ordonnances, il les appelle prudentes de magnorum nostrorum, & prudentum consilio ; c’étoient les gens lettrés que l’on appelloit alors en françois prud’hommes ou bons-hommes : il est dit dans le préambule des établissemens de saint Louis en 1270, qu’ils furent faits par grand-conseil de sages-hommes & de bons clercs.

Les conseillers au parlement furent nommés les maîtres du parlement, magistri curi ou magistri curiæ, on entendoit par-là les gens lettrés qui conseilloient le parlement, ils sont ainsi nommés dès 1282. Suivant le second registre olim, fol. 65. r°. où le greffier dit qu’il lui fut donné une cédule de la part des maîtres du parlement, ex parte magistrorum, au fol. 76 ils sont nommés magistri curiæ ; ce titre étoit commun aux présidens & aux conseillers.

On rapporte même que dès 1287 le parlement voyant que le nombre des clercs ou conseillers qui avoient entrée au parlement, étoit beaucoup multi-