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emploie son suc dans les ulceres internes, ainsi que pour arrèter les regles trop abondantes, les fleurs blanches, & la dyssenterie ; ce remede est fort utile dans le crachement de sang, le pissement de sang, le diabete & l’ulcere des poumons.

Quelques filles, au rapport d’Hoffman, savent se servir adroitement de la décoction de pié de lion, dont elles font un demi-bain pour réparer leur virginité. Elles tâchent aussi, par cette même décoction, d’affermir leurs mammelles ; pour cet effet, elles trempent un linge dans la décoction de cette plante, & elles l’appliquent sur leur sein.

Pié de loup (Botan.) le vulgaire appelle ainsi l’espece de mousse terrestre nommée par Tournefort, moscus terrestris clavatus, parce qu’il a des pédicules qui s’élevent d’entre les rameaux, & qui représentent vers leur sommet une petite tête ; cette petite tête, quand on la touche en automne, jette une poudre jaune, subtile, qui étant séchée, s’enflamme & fulmine presque comme de la poudre à canon. (D. J.)

Pié d’oiseau, ornithopodium, genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite une silique en forme de faucille, composée de plusieurs pieces jointes ensemble, & ordinairement plissée : chacune de ces pieces renferme une semence arrondie. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les siliques sont réunies plusieurs ensemble, & qu’elles ont quelque ressemblance avec le pié d’un oiseau. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Pié de pigeon, (Botan.) par les botanistes, geranium columbinum. Voyez Bec de grue, (Botan.)

Pié de pigeon ou Bec de grue, (Mat. med.) les feuilles de cette plante ont une saveur styptique & gluante. Tournefort recommande le sirop fait de leur suc pour la dyssenterie : son extrait a la même vertu. De quelque maniere que l’on donne cette plante, elle arrête d’une maniere surprenante le sang de quelque endroit qu’il coule. Geoffroi, mat. med. Cet éloge est trop général & trop positif ; il n’est pas même à la maniere de Geoffroi : il faudroit bien se garder de trop compter sur un pareil secours dans des hémorrhagies dangereuses.

Le pié de pigeon a beaucoup d’analogie avec une autre espece de geranium ou bec de grue, appellée herbe à Robert. On emploie indifféremment l’une ou l’autre de ces plantes. Voyez Herbe a Robert. (b)

Pié de poule, (Botan.) nom que le peuple donne à l’espece de gramen ou chien-dent, appelle par Tournefort, gramen dactylon, radice repente. Ce même nom de pié de poule, est encore donné par le vulgaire au lanium folio cautem ambiente minus, de Tournefort. Si l’on ne rejettoit pas les noms vulgaires des plantes, la Botanique deviendroit un chaos ; il faut apprendre les noms de l’art & s’y tenir. (D. J.)

Pié de veau, (Bot.) genre de plante à fleur monopétale, anomale, & dont la forme ressemble à l’oreille d’un âne ou d’un lievre. Le pistil sort du fond de cette fleur, & il est entouré à sa base de plusieurs embryons qui deviennent dans la suite autant de baies presque rondes, dans chacune desquelles il y a une ou deux semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles ne sont pas divisées, ou qu’elles ont simplement de petites découpures. Tournefort. Inst rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte 34 especes de ce genre de plante, dont il suffira de décrire la plus commune qui est d’usage en Médecine. Elle est nommée arum vulgare, non maculatum. C. B. P. 195. I. R. H. 158 ; en anglois, the common wake-Robin, or, arum, with plain leaves ; & en françois, pié de veau sans taches.

Sa racine est tubéreuse, charnue, de la grosseur du pouce, arrondie, mais mal formée ; blanche, remplie d’un suc laiteux, garnie de quelques fibres. Ses

feuilles sont longues de neuf pouces, presque triangulaires, semblables à une fleche, luisantes & veinées. Sa tige est environ de la hauteur d’une coudée, cylindrique, cannelée ; elle porte une fleur membraneuse d’une seule piece, irréguliere, de la figure d’une oreille d’âne ou de lievre, roulée en maniere de gaîne, d’un blanc verdâtre. Au fond de cette fleur est le pistil, d’un jaune pâle, à la naissance duquel plusieurs grains, comme ceux des raisins, ou plusieurs baies se trouvent rassemblées en une tête oblongue. Ces baies sont sphériques, de couleur de pourpre, molles, pleines de suc ; elles renferment une ou deux petites graines, un peu dures & arrondies. Toute la plante est d’une saveur fort âcre, & qui brule la langue.

Le pié de veau marqué de taches, arum maculatum, vulgare, maculis candidis vel nigris, C. B. P. 195. I. R. H. 158, ne differe de l’espece précédente, que par les taches blanches ou noires dont ses feuilles sont parsemées ; ces deux especes de pié de veau s’emploient en Medecine. Voyez Pié de veau, Matiere medicale.

L’arum montant d’Amérique, à grandes feuilles percées, arum hederaceum, amplis foliis perforatis, du P. Plumier s’attache au tronc des arbres de la même maniere que nos lieres ; cette espece d’arum étrangere est le bois des couleuvres d’Acosta, & du P. du Tertre. Hist. des Antilles.

L’arum d’Amérique à feuilles de sagittaire, & qui s’éleve en arbrisseau, arum americanum arborescens, sagittariæ foliis, du même P. Plumier, porte un fruit qui pique la langue, tandis que sa racine est douçâtre & d’un assez bon goût ; c’est l’arum esculentum, sagittariæ foliis viridi-nigrantibus, de Sloane Cat. Jam. (D. J.)

Pié de veau, (Mat. méd.) c’est la racine de cette plante qui est principalement en usage en Médecine. Cette racine fraîche a une saveur âcre & brûlante, qui se dissipe en très-grande partie par la dessiccation & par la décoction. Elle tient un rang distingué parmi les stomachiques, les béchiques incisifs, & les fondans ou desobstruans purgatifs. On la regarde aussi comme un bon fébrifuge. Elle est très-recommandée dans l’asthme humide, la toux invéterée & suivie de crachats épais & gluans, les pâles couleurs, la cachexie, la jaunisse & les affections mélancholiques-hypochondriaques. La dose de cette racine seche est d’un demi-gros jusqu’à un gros & demi, en poudre & reduite sous forme d’opiat, avec un excipient convenable. C’est principalement avec le miel qu’on l’incorpore, lorsqu’on l’emploie contre l’asthme humide. On la fait entrer aussi dans les apozemes & les bouillons apéritifs & fondans.

La racine de pié de veau est de la classe de celles qui donnent une fécule voyez Fécule. Quelques auteurs ont cru retrouver dans cette fécule les vertus de la racine entiere, mais dans un degré plus mitigé. Ils se sont trompés, cette fécule est dépourvue de toute vertu médicinale.

La racine de pié de veau fraiche, adoucie par la cuite, dans l’eau ou dans le vinaigre, est donnée pour un bon diurétique, & un excellent vulnéraire. Van-helmont la recommande à ce dernier titre dans les chutes des lieux élevés.

Les feuilles pilées & reduites en forme de cataplasme, ou simplement battues & flétries entre les mains, sont dans plusieurs provinces, un remede populaire, fort efficace contre les brûlures, les écorchures, les coups aux jambes, aux coudes, &c. qui entament la peau, les ulceres récens, &c.

La racine de pié de veau entre dans l’eau générale, dans l’opiat mésentérique, dans l’emplâtre diabotanum, la poudre cachectique de Quercetan, &c. (b)

Pié d’ane, (Conchyl.) nom vulgaire donné à une espece d’huitre, différente de l’huitre commune par