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Ce fruit distillé dans un ballon, fournit une huile essentielle qui va au fond de l’eau, & dont l’odeur est agréable. On emploie ce fruit pour assaisonner les alimens ; il fortifie l’estomac, il aide la digestion, il récrée les esprits, & augmente le mouvement du sang. Les chirurgiens du pays emploient les feuilles de cet arbre dans les bains pour les jambes des hydropiques, & pour faire des fomentations sur les membres paralytiques. Phil. trans. n°. 192. (D. J.)

Poivre à queue, (Hist. des drog. exot.) Les habitans de l’île Bourbon appellent poivre à queue une graine aromatique qui n’est guère plus grosse qu’un grain de millet ; cette graine a un goût piquant & poivré ; elle vient en bouquets à l’extrémité des branches d’une plante sarmenteuse qui croît aux Indes dans les bois, & s’entortille autour des arbres comme nos vignes sauvages. (D. J.)

Poivre petit, (Botan.) nom vulgaire donné à la semence de l’agnus castus. Cette semence est presque ronde, grise, grosse comme le poivre, ayant un goût un peu âcre & aromatique.

Poivre, eau de, (Science microscop.) Le microscope a découvert quantité de sortes de petits animaux dans de l’eau de poivre factice : voici la maniere de la préparer & d’examiner les insectes qu’elle contient.

Jettez du poivre noir ordinaire, grossierement pulvérisé, dans un vaisseau ouvert, ensorte que le fond en soit couvert de la hauteur environ d’un demi-pouce : versez-y de l’eau de pluie ou de riviere, ensorte qu’elle s’éleve au-dessus du poivre d’un pouce ou à-peu-près : agitez bien l’eau & le poivre la premiere fois que vous les mêlez ensemble, mais n’y touchez plus dans la suite : exposez votre vaisseau à l’air sans le couvrir, & dans peu de jours vous y verrez une petite pellicule qui couvrira toute la surface de l’eau, & qui réfléchira les couleurs du prisme. Vous trouverez au microscope que cette pellicule contient des millions de petits animaux que vous aurez peine à distinguer au commencement, même avec la plus forte lentille, mais qui deviennent tous les jours plus gros, jusqu’à ce qu’ils aient pris leur grandeur naturelle. Quoique leur nombre croisse excessivement chaque jour, jusqu’à ce qu’à la fin presque tout le fluide paroisse en vie, cependant ces animaux restent principalement sur la surface de l’eau, & ne s’y enfoncent pas beaucoup, à-moins qu’ils ne soient effrayés ou détournés ; mais lorsque cela arrive ils s’y précipitent quelquefois tous à-la-fois, & ne paroissent plus de quelque tems. Dans les chaleurs de l’été cette pellicule s’éleve plûtôt sur la surface, & l’on s’apperçoit qu’elle est plus serrée que dans un tems froid, quoique cependant au milieu de l’hiver l’expérience réussisse si l’eau n’est pas glacée.

Si vous prenez de cette écume environ la grosseur de la tête d’une épingle, avec le bec d’une plume nouvellement taillée, ou avec un petit pinceau, & si vous l’appliquez à un morceau de talc, vous verrez d’abord avec la troisieme lentille, ensuite avec la premiere, différentes sortes d’insectes plus petits les uns que les autres, & qui different considérablement non-seulement en grandeur, mais en especes.

Voici ceux que l’on a observé. 1°. La longueur de la premiere espece est d’environ le diametre d’un cheveu, & leur largeur trois ou quatre fois plus petite ; leurs corps sont fort minces & transparens, mais le côté qui paroît en-dessous est plus noir que l’autre. Ils se tournent eux-mêmes dans l’eau très-souvent, & présentent tantôt le dos, & tantôt le ventre. Leur contour est comme garni d’une frange ou d’un grand nombre de piés extraordinairement petits, qui se distinguent sur-tout aux deux extrémités ; dans l’une on voit aussi certaines soies plus longues que les piés, & qui ressemblent à une queue : leur mouve-

ment est rapide ; & comme ils tournent, retournent

& s’arrêtent subitement, il semble qu’ils sont continuellement occupés à chasser leur proie. Ils peuvent se servir de leurs piés pour marcher, comme pour nager ; car lorsqu’on met un cheveu parmi eux, on les voit souvent courir sur ce cheveu d’un bout à l’autre, & prendre différentes postures extraordinaires.

2°. Une espece assez commune, est celle de ceux dont la longueur est environ le tiers de l’épaisseur d’un cheveu, & qui ont des queues cinq ou six fois aussi longues que le corps. Quelquefois lorsqu’ils sont sans mouvement, ils poussent en-dehors une langue frangée ou barbue, & l’on voit continuellement un courant qui coule vers eux, & qui est causé vraissemblablement par le mouvement précipité de quelques nageoires fines, ou de quelques jambes trop subtiles pour être discernées.

3°. Une autre espece de la grandeur de la derniere, mais sans queue, paroît quelquefois sous une figure ovale, semblable au poisson plat nommé carrelet. On peut voir leurs piés, qui sont fort petits, & c’est lorsque l’eau est sur le point de s’évaporer, car alors ils les mouvent fort promptement. De tems en tems on en voit deux joints ensemble.

4°. Une quatrieme espece paroît semblable à des vers fort minces, environ cinquante fois aussi longs que larges ; leur épaisseur est à-peu-près la centieme partie de celle d’un cheveu ; leur mouvement est uniforme & lent, balançant leur corps ordinairement, mais fort peu en s’avançant ; ils nagent aussi facilement en avant qu’en arriere, mais il est difficile de déterminer l’extrémité où leur tête est placée.

5°. Une cinquieme sorte est si prodigieusement petite, que le diametre d’un grain de sable en contiendroit plus de cent bout-à-bout, & qu’il en faudroit par conséquent plus d’un million pour égaler un grain de sable en volume : leur figure est presque ronde.

6°. Une sixieme sorte est environ de l’épaisseur des précédentes, mais ils sont presque doubles en longueur. Il y en a surement d’autres especes, qu’il n’est pas possible de distinguer.

Il est assez agréable pendant que ces petits animaux sont devant le microscope, d’observer les différens effets que produisent parmi eux les différentes mixtions : par exemple, si l’on y verse la plus petite goutte qu’on puisse imaginer d’esprit de vitriol avec la pointe d’une épingle, on voit ces animaux s’étendre immédiatement après, & tomber morts. Le sel distillé les tue, mais avec cette différence, qu’au lieu de s’applatir comme dans le premier cas, ils se roulent en figure ovale. La teinture de sel de tartre les jette dans des mouvemens convulsifs, après quoi ils deviennent foibles, languissans, & meurent sans changer de figure. L’encre les tue aussi promptement que l’esprit de vitriol, mais elle semble les resserrer en différentes manieres. Le sucre dissous les fait aussi périr, mais alors quelques-uns meurent plats, & les autres ronds.

Si l’on laisse évaporer l’eau sans aucun mélange, quelques-uns de ces insectes périssent d’abord, mais d’autres non ; & si l’on y verse une goutte d’eau fraîche, en peu de tems plusieurs de ces derniers revivent & se mettent à nager de nouveau. (D. J.)

POIVRER, v. act. (Cuisine.) c’est assaisonner de poivre.

Poivrer, terme de Fauconnerie ; on dit poivrer l’oiseau ; c’est le laver avec de l’eau & du poivre quand il a la gale ou la vermine ; on poivre aussi l’oiseau pour l’assurer.

POIVRIER, s. m. (Botan. exot.) c’est l’arbre ou l’arbrisseau qui produit le poivre ; mais comme cette graine, ce fruit, cette baie est fort variée suivant les