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faire entendre par ce discours qu’Adonis n’avoit pas mérité d’être mis au nombre des dieux, & assurément il avoit raison. Si l’on doit honorer la mémoire de quelqu’un, c’est sans contredit de celui qui par ses travaux, ses bienfaits, ses lumieres, ou qui par des découvertes utiles, a rendu d’importans services aux hommes ; mais il étoit honteux de déifier un jeune efféminé connu seulement par l’amour d’une déesse insensée, dont les galantes avantures devoient plutôt être ensévelies dans l’oubli, qu’immortalisées par des fêtes qui en rappelloient à jamais le souvenir. (D. J.)

Temple d’Alexandrie, (Antiq. égypt.) c’est ainsi qu’on nommoit par excellence du tems des Ptolemées, les Sérapéon. Voyez Sérapéon, & Temple de Sérapis. (D. J.)

Temple d’Anaïtis, (Antiq. cappadoc.) il est vraissemblable que cette déesse des Cappadociens est Diane, ou la lune ; Plutarque ne laisse aucun lieu d’en douter, puisqu’il dit dans la vie d’Artaxerxès Mnémon, que ce prince établit à Aspasie sa concubine, prétresse de la Diane que les habitans d’Ecbatane appellent Anaïtis. De plus, Pausanias nous apprend que les Lydiens avoient un temple de Diane sous le nom d’Anaitis.

Mais l’anecdote la plus curieuse sur cette déesse, soit qu’elle fût Diane, la lune ou Venus, nous la devons cette anecdote à Pline, liv. XXXII. ch. xxiij. « Dans une expédition, dit-il, que fit Antoine contre l’Arménie, le temple d’Anaïtis fut saccagé, & sa statue qui étoit d’or mise en pieces par les soldats, ce qui en enrichit plusieurs. Un d’eux qui s’étoit établi à Boulogne en Italie, eut l’honneur de recevoir un jour Auguste dans sa maison, & de lui donner à souper. Est-il vrai, lui dit ce prince, pendant le repas, que celui qui porta les premiers coups à la déesse, perdit aussi tôt la vûe, fut perclus de tous ses membres, & expira sur le champ ? Si cela étoit, répondit le soldat, je n’aurois pas le bonheur de voir aujourd’hui Auguste chez moi, étant moi-même celui qui lui donnai le premier coup, dont bien m’en a pris ; car si je possede quelque chose, j’en ai obligation à la bonne déesse, & c’est d’une de ses jambes, seigneur, que vous soupez aujourd’hui ». (D. J.)

Temple d’Apollon, (Antiq. greq. & rom.) le fils de Jupiter & de Latone eut des temples sans nombre dans toute la Grece, sur-tout à Delphes, à Claros, à Ténédos & à Milet. Ce dernier temple étoit un des quatre qui faisoit l’admiration de Vitruve. On l’avoit bâti d’ordre ionique, ainsi que celui de Claros ; mais l’un & l’autre n’étoient pas encore achevés du tems de Pausanias.

Apollon eut aussi des temples dans toute l’Italie, & principalement à Rome. Entre ceux qui embellissoient cette capitale, le premier & le plus renommé est sans doute celui qu’Auguste lui consacra sur le mont Palatin, après la victoire d’Actium.

Ce temple fut construit de marbre blanc & de forme ronde. Il étoit par ses ornemens l’un des plus magnifiques de Rome. Le char du soleil en or massif, décoroit le frontispice, les portes étoient d’ivoire ; en entrant dans le temple, on voyoit une belle statue d’Apollon, ouvrage du célebre Scopas ; un chandelier à plusieurs branches, suspendu à la voute, éclairoit l’intérieur de l’édifice ; ces ouvrages des plus célébres artistes avoient été enlevés des temples de la Grece. Le sanctuaire du dieu étoit orné de plusieurs trépiés d’or.

Auguste déposa dans la base de la statue d’Apollon les livres des Sibylles enfermés dans des cassettes dorées. Le jeune Marcellus son neveu, consacra dans ce temple, une précieuse collection de pierres gravées. L’édifice étant achevé, l’empereur en fit la dédicace l’an 726 de Rome, trois ans après la bataille

d’Actium. Horace composa dans cette occasion l’ode qui commence par ces mots :

Quid dedicatum poscit Apollinem
Vates !

Le temple d’Apollon Palatin étoit précédé d’une cour de figure ovale, environnée d’une superbe colonnade de marbre d’Afrique ; les statues des Danaïdes remplissoient les autres colonnes. On avoit placé au milieu de cette cour les statues équestres des fils d’Egyptus ; l’autel du dieu étoit accompagné des statues des filles de Proetus, ouvrage de l’artiste Myron, armenta Myronis, dit joliment Properce.

Auguste fit bâtir près du temple une galerie qui contenoit deux magnifiques bibliotheques ; l’une pour les ouvrages de poésie & de jurisprudence écrits en latin ; l’autre étoit destinée aux ouvrages des auteurs grecs. Ces édifices devoient être fort élevés, car il y avoit dans la bibliotheque grecque une statue d’Apollon, haute d’environ quarante-cinq piés ; Lucullus l’avoit enlevée de la ville d’Apollonie du Pont, & cette ville l’avoit payée cinq cent talens, environ deux millions cinq cent mille livres de notre monnoie. Les savans de Rome s’assembloient ordinairement dans ces bibliotheques ; on décidoit dans ces assemblées des nouveaux ouvrages de poésie.

Le sénat fut souvent convoqué par Auguste dans le temple d’Apollon ; il ordonna même que la distribution des parfums pour purifier le peuple, & le disposer à la solemnité des jeux séculaires, se feroit devant ce temple, comme devant le temple du capitole ; & cet usage étoit encore observé sous le regne de Domitien.

La derniere assemblée de la fête séculaire, fut aussi convoquée dans ce temple ; les chœurs des enfans y chanterent des hymnes sacrés en l’honneur d’Apollon, adoré sous le nom & l’emblême du soleil, dont le char décoroit comme nous l’avons dit le frontispice de l’édifice ; après ces chants, ils firent des vœux pour la prospérité de l’état.

Alme sol, curru nitido diem qui
Promis & celas, aliusque & idem
Nasceris ; possis nihil urbe Româ
Visere majus.

Si Palatinas videt æquus arces,
Rem que Romanam, latiumque felix ;
Alterum in lustrum, meliusque semper
Proroget oevum
.

Le soleil, au bout d’un certain nombre de révolutions dans le zodiaque, devoit ramener la même solemnité & les mêmes vœux pour la puissance éternelle de l’empire romain.

Sur l’une des portes du temple d’Apollon Palatin, on voyoit les Gaulois qui tomboient du capitole, & sur l’autre les quatorze enfans de Niobé, fille de Tantale, qui périrent misérablement pour l’orgueil de leur mere, qui avoit irrité la colere de Latone & d’Apollon.

Au reste Properce, liv. II. éleg. xxxj. a fait la description de ce temple, on peut la lire ; j’ajouterai seulement que c’étoit aux branches du magnifique candelabre de ce temple, & qui en éclairoit tout l’intérieur, que les poëtes attachoient leurs ouvrages, après que le public les avoit couronnés.

Lorsque l’académie françoise fut placée au louvre, elle fit frapper une médaille qui n’est pas trop modeste. L’on voit sur cette médaille Apollon tenant sa lyre, appuyé sur le trépié d’où sortent ses oracles ; la légende est, Apollon au palais d’Auguste. (D. J.)

Temples de Bacchus, (Antiq.) on reconnoissoit ce dieu dans toutes ses statues, à sa couronne de pampre, à son air de jeunesse, à ses longs cheveux,