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légere du même nom. C’est une espece de branle à quatre, huit personnes. Voyez Branle.

COTIR, v. act. (Jard.) c’est la même chose que taillé, froissé, ou meurtri ; être frappé trop rudement. Il ne se dit que des fruits & n’est pas fort usité. La grêle a côti ces poires.

COTISATION, s. f. (Jurisp.) est l’imposition qui est faite sur quelqu’un de la cote-part, qu’il doit supporter d’une dette, charge, ou imposition commune à plusieurs.

La taille, le sel dans les lieux où il s’impose, & les autres charges & subventions doivent être supportées par chaque habitant suivant sa cotisation, telle qu’elle est faite sur le rôle qui contient les différentes cotes assignées à chacun. Voyez Cote, Taille, Gabelle, Sel, Rôle. (A)

COTISER, v. act. (Jurisp.) signifie comprendre quelqu’un dans un rôle, & lui imposer sa part des charges auxquelles il doit contribuer. Ce terme est surtout usité en matiere de tailles. On ordonne ou on défend aux asséeurs & collecteurs de comprendre ni cotiser quelqu’un dans leur rôle des tailles. (A)

COTITÉ ou QUOTITÉ, sub. f. (Comm.) se dit ordinairement de la taxe ou part que chacun paye d’une imposition, ou du cens que les vassaux doivent au seigneur. On l’employe aussi dans le Commerce pour signifier la part ou portion que chacun doit porter dans une société ou compagnie de commerce. (G)

COTON, sub. m. (Hist. nat. Ornitholog.) petits d’un oiseau de l’Amérique, qu’on appelle diable ou diablotin : il paroît que ce sont les becs-figues du pays. Ils sont couverts d’un duvet jaune & épais, & tous blancs de graisse. C’est un mets fort délicat. Voyez Diable.

* Coton, s. m. (Hist. nat. bot.) xilon ; genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche, ouverte & découpée, du fond de laquelle s’éleve un tuyau pyramidal, ordinairement chargé d’étamines. Le calice pousse un pistil qui enfile la partie inférieure de la fleur, & le tuyau, & qui devient dans la suite un fruit arrondi, divisé intérieurement en quatre ou cinq loges. Ce fruit s’ouvre par le haut, pour laisser sortir les semences qui sont enveloppées d’une espece de laine propre à être filée, appellée coton du nom de la plante. Tournefort.

Le P. du Tertre, le P. Labat, M. Frezier, &c. disent que l’arbuste qui porte le coton s’éleve à la hauteur de huit à neuf piés ; qu’il a l’écorce brune, & que sa feuille est divisée en trois : lorsque sa gousse est mûre & qu’elle commence à se sécher, elle s’ouvre d’elle-même ; alors le coton qui y étoit extrèmement resserré sort, s’étend, & si l’on ne se hâte de le cueillir, le vent en enleve une partie considérable qui se disperse entre les feuilles & les branches de l’arbre, s’y attache & se perd. Il est d’une grande blancheur, & rempli de graines noires de la grosseur du pois, auxquelles il est tellement adhérent, que ce ne seroit pas sans beaucoup de travail & de patience qu’on parviendroit à l’éplucher à la main. Aussi a-t-on imaginé de petits moulins à cet usage, dont nous parlerons ailleurs.

L’arbuste qui produit cette utile marchandise est commun en plusieurs endroits du Levant, des Indes orientales, occidentales, & sur-tout aux îles Antilles ; on le cultive aussi en Sicile & dans la Pouille. Des auteurs contraires à ceux que nous avons cités plus haut, disent qu’il n’est guere plus grand que le pêcher, & qu’il s’étend en buisson ; que la couleur de sa fleur varie selon la qualité du terroir, tantôt violette, tantôt d’un jaune doré ; que son fruit, sa coque ou gousse se noircit en mûrissant ; qu’il y a une sorte de coton qui rampe comme la vigne qu’on ne soûtiendroit pas sur des échalats ; qu’il y a dans la terre ferme du Brésil un cotonier de la hauteur des plus grands

chênes, & dans l’île de Ste Catherine un autre, dont la feuille est large & divisée en cinq segmens pointus, & le fruit de la grosseur d’un petit œuf de poule ; qu’on tire de la fleur & de la feuille du cotonier cuites ensemble sous la braise, une huile rousse & visqueuse propre à la guérison des ulceres ; que l’huile de la graine est un bon cosmétique, &c. Quoi qu’il en soit de ces propriétés, il est sûr que le coton mis sur les plaies en forme de tente, y occasionne l’inflammation. Leuvenoeck qui a recherché la cause de cet effet au microscope, a trouvé que les fibres du coton avoient deux côtés plats d’où il a conclu qu’elles avoient comme deux tranchans ; que ces tranchans plus fins que les molécules dont les fibres charnues sont composées, plus fermes, & plus roides, divisoient ces molécules, & occasionnoient par cette division l’inflammation.

Passons maintenant à d’autres considérations sur le coton, relatives à sa récolte, à son filage, & aux opérations qui précedent son emploi. Cet emploi est très-étendu ; mais le seul qui puisse singulierement piquer notre curiosité, c’est celui qui se fait en mousselines & autres toiles qui nous viennent des Indes & qui nous étonnent par leur finesse. Nous en donnerons le détail le plus exact & le plus circonstancié d’après des mémoires de M. Jore habitant de Roüen, qui a employé son tems & une partie de son bien à perfectionner le filage du coton, & qui étoit parvenu à en faire des ouvrages aussi beaux que ceux qui nous viennent de l’Inde : ils nous ont été communiqués par M. le chevalier Turgot, qui s’est instruit de cette fabrique, par un goût pour les Arts utiles d’autant plus digne de nos éloges, qu’il est très-estimable en quelques personnes que ce soit, & qu’il est malheureusement trop rare dans celles de son rang & de sa fortune.

Les îles françoises de l’Amérique fournissent les meilleurs cotons qui soient employés dans les fabriques de Roüen & de Troyes. Les étrangers, nos voisins, tirent même les leurs de la Guadeloupe, de Saint-Domingue, & des contrées adjacentes. Ils ont différentes qualités. Celui qu’on appelle de la Guadeloupe est court, la laine en est grosse ; & la maniere de filer le coton dont on parlera plus bas, ne lui convient point. Celui de Saint-Domingue peut être filé, comme nous le dirons, lorsqu’il est bien beau : on peut le remêler avec d’autres cotons plus fins, & en faire certains ouvrages. Mais tous ces endroits en fournissent une autre espece qu’on appelle de Siam blanc à graine verte, pour le distinguer d’un autre de la même qualité, mais d’une couleur différente. Celui-ci est roux ; l’autre est blanc ; sa laine est fine, longue, & douce sous la main ; sa graine est plus petite que celle des autres cotons, & la laine y est souvent adhérente : cette graine est noire & lisse, quand le coton a bien mûri. Si au contraire la culture & la récolte ont été mal conduites, la laine y demeure attachée, & ses extrémités qui en ont été séparées, sont vertes, sur-tout lorsque le coton a été nouvellement recueilli. Cette espece n’est point cultivée en Amérique, quoiqu’on convienne de sa supériorité ; parce que sa graine étant petite, s’engage entre les cylindres du moulin, s’y écrase, tache la laine, & la remplit d’ordures ; défaut considérable qui en diminue beaucoup le prix : d’ailleurs ce coton est trop leger pour les fileuses des fabriques de Roüen, &c. il leur faudroit beaucoup plus de tems pour en filer une livre, que pour une livre de tout autre ; ainsi elles ne l’estiment point, & sur leur mépris intéressé, on l’a abandonné. Ce même coton est cultivé au Mississipi, climat qui ne lui convient pas comme les îles de l’Amérique : aussi il n’y mûrit pas ; la laine en est courte & fortement attachée à la graine, ensorte qu’il n’est pas possible d’en faire un bon usage.