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mot drungus se prend pour un gros de soldats ou d’ennemis, sans en déterminer le nombre. Le titre de drungarius est donné, dans Luitprand, au chef d’une armée navale, & même à celui qui est chargé de l’armement d’une flotte ; & dans les écrivains de l’histoire bysantine, drungarius vigiliæ, ou drungarius imperialis, signifie l’officier chargé de poser les sentinelles, & de relever les postes dans le palais de l’empereur. Chambers. (G)

DRUSEN ou DRUSES, s. m. (Hist. nat. Min.) Les ouvriers qui travaillent aux mines en Allemagne, entendent par-là des filons poreux, spongieux, dépourvûs de parties métalliques, & qui ressemblent assez à des os cariés ou vermoulus, ou à des rayons de mouches à miel. La rencontre de ces druses déplaît infiniment aux mineurs ; ils prétendent qu’elle leur annonce que le filon va devenir moins riche, joint à ce qu’ils s’attendent à trouver peu aprés un roc vif très-difficile à percer. Il y a lieu de croire que ces druses sont occasionnés ou par l’action du feu soûterrein qui peut avoir volatilisé & dissipé les parties métalliques d’une portion du filon, ou par l’action de l’eau & des autres dissolvans du regne minéral, qui peuvent avoir dissous & entraîné les parties métalliques, en ne laissant que la pierre qui leur servoit de matrice ou d’enveloppe. Voyez Filons & Exhalaisons minérales.

Les Naturalistes allemands désignent encore très fréquemment par drusen, un assemblage ou groupe de plusieurs crystaux, de quelque nature, forme & couleur qu’ils puissent être. C’est ainsi qu’ils appellent spath-drusen, druses de spath, un amas de crystaux spathiques, qu’en françois l’on nommeroit crystallisation spathique ; ainsi dans ce dernier sens, drusen signifie la même chose que le mot générique crystallisation. (—)

DRUSENHEIM, (Géog. mod.) ville d’Alsace sur la Moter, près du Rhin.

* DRUSES, s. m. pl. (Hist. & Géog. mod.) peuples de la Palestine. Ils habitent les environs du mont Liban. Ils se disent Chrétiens ; mais tout leur christianisme consiste à parler avec respect de Jesus & de Marie. Ils ne sont point circoncis. Ils trouvent le vin bon, & ils en boivent. Lorsque leurs filles leur plaisent, ils les épousent sans scrupule. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’on les croit François d’origine, & qu’on assûre qu’ils ont eu des princes de la maison de Maan en Lorraine. On fait là-dessus une histoire, qui n’est pas tout-à-fait sans vraissemblance. Si les peres n’ont aucune répugnance à coucher avec leurs filles, on pense bien que les freres ne sont pas plus difficiles sur le compte de leurs sœurs. Ils n’aiment pas le jeûne. La priere leur paroît superflue. Ils n’attachent aucun mérite au pélerinage de la Meque. Du reste, ils demeurent dans des cavernes ; ils sont très-occupés, & conséquemment assez honnêtes gens. Ils vont armés du sabre & du mousquet, dont ils ne sont pas mal-adroits. Ils sont un peu jaloux de leurs femmes, qui seules savent lire & écrire parmi eux. Les hommes se croyent destinés par leur force, leur courage, leur intelligence, à quelque chose de plus utile & de plus relevé, que de tracer des caracteres sur du papier ; & ils ne conçoivent pas comment celui qui est capable de porter une arme, peut s’amuser à tourner les feuillets d’un livre. Ils font commerce de soie, de vin, de blé & de salpetre. Ils ont eu des démêlés avec le Turc qui les gouverne par des émirs qu’il fait étrangler de tems en tems. C’est le sort qu’eut à Constantinople Fexhered-den, qui se prétendoit allié à la maison de Lorraine.

D R Y

DRYADES, s. m. plur. dans la Mythologie, c’é-

toient les nymphes des bois, sorte de divinités imaginaires

qui présidoient aux bois & aux arbres en général ; car le mot grec drus, qui signifie proprement un chêne, se prend aussi souvent pour tout arbre en général.

On feignoit donc que les forêts & les bois étoient spécialement sous la protection des Dryades, qu’on y supposoit errantes ; & c’étoit la différence qu’on mettoit entre elles & les Hamadryades, qui, selon les Poëtes, habitoient aussi les bois, mais de maniere qu’elles étoient chacune comme incorporée à un arbre, cachée sous son écorce, & qu’elles naissoient & périssoient avec lui ; ce qu’on avoit imaginé pour empêcher les peuples de détruire trop facilement les forêts. Pour couper des arbres, il falloit que les ministres de la religion eussent déclaré que les nymphes qui y présidoient, s’en étoient retirées & les avoient abandonnés. Ovide & Lucain ont fondé sur ces idées alors dominantes, deux belles fictions ; & le Tasse, dans sa Jérusalem délivrée, fait trouver à Tancrede sa Clorinde, enfermée dans un pin, où elle est blessée d’un coup qu’il donne au tronc de cet arbre ; & Armide sous l’écorce d’un myrthe, lorsqu’il s’agit de couper la grande forêt occupée par les diables. Ces fictions font une partie du merveilleux de son poëme. Voyez Hamadryades.

Quelques auteurs ont écrit qu’il y avoit chez les anciens Gaulois, des prophétesses ou devineresses appellées Dryades ; mais il ne faut entendre par-là que les femmes des druides qui habitoient les bois, & qui se mêloient de prédire l’avenir. Voyez Druides. Chambers. (G)

DRYITES, (Hist. nat.) nom que quelques naturalistes donnent au bois de chêne pétrifié.

* DRYOPIES, adj. f. pl. (Myth.) fêtes qu’on célébroit en Grece, en l’honneur de Dryops fils d’Apollon. C’est tout ce qu’on en sait.

DRYPIS, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en œillet, composée de plusieurs pétales disposés en rond, & découpés pour l’ordinaire en deux parties. Ces pétales sortent d’un calice fait en forme de tuyau, avec le pistil qui devient dans la suite un fruit arrondi & sec. Ce fruit n’a qu’une capsule, dans laquelle il se trouve une semence qui a la forme d’un rein. Nova plant. Amer. gener. &c. par M. Micheli. (I)

D U

DUALISME ou DITHÉISME, s. m. (Théolog.) opinion qui suppose deux principes, deux dieux, ou deux êtres indépendans & non créés, dont on regarde l’un comme le principe du bien, & l’autre comme le principe du mal.

Cette opinion est fort ancienne : on a coûtume de la faire remonter aux mages des Persans. M. Hyde croit pourtant que l’opinion de deux principes indépendans, n’est qu’un sentiment particulier d’une secte de Persans, qu’il appelle hérétiques, & que l’ancien sentiment des mages étoit semblable à celui des chrétiens touchant le diable & ses anges. Il s’appuye en cela sur quelques auteurs orientaux, dont il rapporte les paroles : les curieux pourront le consulter. De relig. vet. Pers. c. jx. art. 21.

Le dualisme a été extrèmement répandu. Plutarque prétend que ç’a été l’opinion constante de toutes les nations, & des plus sages d’entre les philosophes. Il l’attribue, dans son livre d’Isis & d’Osiris, non-seulement aux Persans, mais encore aux Chaldéens, aux Egyptiens, & aux Grecs, & en particulier à Pythagore, à Empedocles, à Héraclite, à Anaxagore, à Platon, & à Aristote. Il prétend sur-tout que Platon a été de ce sentiment. L’autorité de Plutarque est si grande, que bien des gens ont cru après lui, que c’étoit-là l’opinion générale de ceux d’entre les