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de & l’Andalousie), tout y quadre, selon Bochart, à la description des Poëtes.

Le plus important est de découvrir l’origine de leurs fables, touchant le séjour des ames après la mort. On ne peut douter ici que la premiere notion des champs élysées, de même que celle de l’enfer, ne soit venue d’Egypte. Voyez Enfer.

Consultez Vossius, le Clerc, & autres ; voyez aussi Jacques Winder, de vitâ functorum statu, apud Ethnicos.

M. Pluche, dans son histoire du ciel, donne à cette fable une explication assez simple. Diodore de Sicile dit que la sépulture commune des Egyptiens étoit au-delà d’un lac nommé Acherusie : que le mort étoit apporté sur le bord de ce lac, au pié d’un tribunal composé de plusieurs juges, qui informoient de ses vie & mœurs. S’il n’avoit pas été fidele aux lois, on jettoit le corps dans une fosse ou espece de voyerie qu’on nommoit le Tartare. S’il avoit été vertueux, un batelier conduisoit le corps au-delà du lac dans une plaine embellie de prairies, de ruisseaux, de bosquets, & de tous les agrémens champêtres. Ce lieu se nommoit élisout ou les champs élysées, c’est-à-dire pleine satisfaction, séjour de repos ou de joie. Hist. du ciel, tom. I. pag. 124 & 126. (G)

Au reste si les Poëtes ont varié sur la situation des champs élysées, ils ne sont pas plus d’accord sur le tems que les ames y doivent demeurer. Anchise semble insinuer à Enée son fils, qu’après une révolution de mille ans, les ames bûvoient de l’eau du fleuve Léthé, & venoient dans d’autres corps ; en quoi Virgile adopte en quelque maniere la fameuse opinion de la métempsycose qui a eu tant de partisans, & qui devoit encore son origine aux Egyptiens. Voy. Métempsycose. Add. de M. le Chev. de Jaucourt.

ELYTROIDE, sub. f. en Anatomie, est l’une des trois tuniques propres des testicules. Ce mot vient du grec ἔλυτρον, vagina, guaine, & εἶδος, forme.

L’élytroïde est la seconde des tuniques propres des testicules : elle ressemble à une guaine, ce qui la fait nommer aussi vaginale par quelques auteurs ; elle est formée par la dilatation de la production du péritoine ; sa surface interne est tapissée d’une membrane particuliere très-fine, qui forme une espece de diaphragme qui empêche la communication entre la guaine du cordon spermatique & la capsule ou tunique vaginale du testicule ; & l’externe est cellulaire, ce qui la rend d’autant plus adhérente à la premiere des tuniques propres, qui se nomme érythroïde. Voyez Erythroïde. (L)

EM

* EMACURIES, s. f. (Myth.) fêtes qui se célebroient à Lacédémone au tombeau de Pélops ; là de jeunes garçons se foüetoient jusqu’à ce que le tombeau fût arrosé de leur sang. Voilà des fêtes qui se sentent bien du caractere dur & austère du peuple. Voyez Fêtes.

EMAGE, s. m. (Comm.) ancien droit qui se leve sur le sel en quelques endroits de Bretagne, & particulierement dans les bureaux de la prevôté de Nantes. La pancarte de cette prevôté porte, que le roi & duc prend sur les sels de Poitou le sixieme denier du prix que se monte l’ancienne coûtume appellée émage. Dict. de Comm. & de Trév. Voyez l’article Sel. (G)

* EMAIL, s. m. (Art méch.) branche de l’art de la Verrerie. L’émail est une préparation particuliere du verre, auquel on donne différentes couleurs, tantôt en lui conservant une partie de sa transparence, tantôt en la lui ôtant ; car il y a des émaux transparens, & des émaux opaques. Voyez à l’article Verrerie, l’art de colorer le verre.

Les auteurs distinguent trois sortes d’émaux : ceux qui servent à imiter & contrefaire les pierres précieuses ; voyez Pierre précieuse : ceux qu’on employe dans la peinture sur l’émail ; & ceux dont les Emailleurs à la lampe font une infinité de petits ouvrages, tels que des magots, des animaux, des fleurs, des aigrettes, des poudres brillantes, &c. Ils prétendent que ces émaux sont les mêmes pour le fond, & que s’ils different, ce n’est que par les couleurs & la transparence.

Le P. Kircher est un des premiers qui ait parlé de la peinture en émail. Voyez ce qu’il en dit dans son mundus subterraneus, ouvrage de génie, mais dont le mérite est un peu rabaissé par le mêlange du vrai & du faux.

On a cru pendant long-tems, que la peinture encaustique des anciens étoit la même chose que notre peinture en émail. Ce fait commence à devenir très-douteux. Voyez l’article Encaustique.

Il est vrai que les anciens ont connu l’art de la Verrerie, & qu’ils ont possédé le secret de porter des couleurs dans le verre ; ce qui conduisoit naturellement à la peinture en émail : mais il ne paroît point qu’ils y soient arrivés. Ils touchoient à beaucoup d’autres découvertes que nous avons faites, de même que nous touchons à beaucoup d’autres que nous laisserons à faire à nos neveux, qui ne s’étonneront pas qu’elles nous ayent échappé, s’ils ont un peu de philosophie.

Nous allons donner en premier lieu la maniere de faire les émaux, d’après Neri & Kunckel ; nous expliquerons ensuite la maniere de les employer, ou le travail de l’émailleur, que nous diviserons en trois parties, l’art de peindre sur l’émail, l’art d’employer les émaux clairs ou transparens, & l’art de souffler l’émail à la lampe.

I. De la préparation des émaux. Kunckel qui se connoissoit en ouvrages de Chimie, faisoit le plus grand cas de l’art de la verrerie de Neri. Il s’est donné la peine d’éprouver tous les procédés que Neri a prescrits dans ce traité, & il a trouvé dans le livre des émaux en particulier tant d’exactitude, qu’il ne balance point à dire que quand Neri ne nous auroit laissé que ce morceau, il mériteroit la réputation qu’il s’est acquise. C’est à M. le baron d’Holback que nous devons la traduction de l’ouvrage de Neri, des notes de Merret, du commentaire de Kunckel, & de plusieurs autres morceaux intéressans, qui forment ensemble un volume in-4o. très-considérable, d’où nous allons extraire la premiere partie de cet article.

Préparer une matiere commune pour toutes sortes d’émaux. Prenez trente livres de plomb & trente livres d’étain bien purs ; faites calciner, passez les chaux au tamis, remplissez d’eau claire un vaisseau de terre vernissé, faites-y bouillir les chaux ; lorsqu’elles auront un peu bouilli, retirez le vaisseau de dessus le feu, & versez l’eau par inclination, elle entraînera avec elle la partie la plus subtile des chaux. Versez de nouvelle eau sur les chaux qui resteront au fond du vaisseau, faites bouillir comme auparavant, & décantez ; réitérez la même manœuvre jusqu’à ce que l’eau n’entraîne plus aucune portion des chaux. Alors prenez ce qui en restera au fond du vaisseau, & le récalcinez ; opérez sur ces métaux calcinés derechef, ou sur ces secondes chaux, comme vous avez opéré sur les premieres. Quant à l’eau qui s’est chargée successivement de la partie la plus subtile de la chaux, faites-la évaporer à un feu, que vous observerez sur-tout de rallentir sur la fin ; sans cette précaution, vous risquerez de tacher la partie de la chaux qui touchera le fond du vaisseau.

Prenez de cette chaux si déliée & de la fritte de tarse ou caillou blanc, que vous broyerez & tami-