Page:Dostoïevski - Inédits.djvu/261

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enfin, comment ne pas tomber dans l’impuissance en cherchant éternellement des impressions, comme la rime pour un mauvais vers, en se tourmentant de la soif d’activité extérieure, en s’effrayant enfin, jusqu’à en être malade, de ses propres illusions, de ses propres chimères, de sa propre rêverie et de tous ces moyens auxiliaires par lesquels, en notre temps, on tâche, n’importe comment, de remplir le vide de la vie courante incolore.

Et la soif d’activité arrive chez nous jusqu’à l’impatience fébrile. Tous désirent des occupations sérieuses, beaucoup avec un ardent désir de faire du bien, d’être utiles, et, peu à peu, ils commencent déjà à comprendre que le bonheur n’est pas dans la possibilité sociale de ne rien faire, mais dans l’activité infatigable, dans le développement et l’exercice de toutes nos facultés. Par exemple, chez nous, y a-t-il beaucoup d’hommes occupés d’une affaire con amore, comme on dit ? On dit que nous autres Russes nous sommes paresseux par nature, que nous n’aimons pas à nous occuper des affaires, et que si l’on nous y oblige, nous le faisons de telle façon que cela ne ressemble pas à une chose sérieuse. Est-ce vrai ? D’après quelle expérience nous attribue-t-on cette qualité nationale si peu enviable ? En général, chez nous, depuis quelque temps, on déclame trop sur la paresse, sur l’inaction. On se pousse mutuellement à une activité meilleure et plus utile, et on ne fait que se pousser. Aussi, pour un rien, nous sommes prêts à accuser nos confrères, peut-être simplement parce qu’ils ne ripostent pas trop, comme l’a déjà remarqué Gogol. Mais essayez vous-mêmes, messieurs, de faire le premier pas vers cette activité meilleure et utile. Présentez-la-nous sous n’importe