Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/310

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veikine en train de réveiller son ami Remniov et le couple s’était entretenu pendant un fort long temps. Puis le premier s’était éloigné et il l’avait entendu essayer d’ouvrir la porte de la cuisine avec une clef. La patronne certifia par la suite que cette clef se trouvait sous son oreiller et qu’elle avait disparu cette nuit-là. Puis Océanov avait cru entendre les deux hommes s’en aller derrière le paravent et y allumer une bougie.

Au surplus, il n’en savait pas davantage, car il s’était endormi pour ne se réveiller qu’avec les autres au moment où tous s’étaient précipités à bas du lit sur un cri à réveiller un mort. Il leur avait semblé à tous voir disparaître la lueur d’une bougie Pendant cette alerte, le bruit confus d’une lutte retentissait derrière le paravent. Lorsqu’il y eut de la lumière, on put constater que c’étaient Romniov et Zimoveikine qui se battaient, s’accablaient de reproches et s’agonisaient d’injures. Remniov cria même :

— Ce n’est pas moi ; c’est cet assassin !

— Lâche-moi ! vociférait M. Zimoveikine. Je suis innocent et prêt à en prêter serment !

Ils n’avaient plus figure humaine, mais, tout d’abord, on n’y fit guère attention, car le malade avait quitté son lit. Ce n’est qu’une fois les belligérants séparés qu’on retrouva M. Prokartchine étendu sous sa couche et probablement sans connaissance. Il avait attiré sur lui sa couverture et