Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/60

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Que sa sœur docte aux alarmes
Favorise également.
Mais la honte et le desdain.
Qui luy dontent le courage,
Luy font oublier soudain
Cest ingénieux ouvrage,
Lors de ses plus tins outils,
Il forge les rets subtils
Attachez à doux d’aymant,
Dont la mesme Jalousie,
Si on croit la poésie,
Lia l’un et l’autre amant.
Ayant dresse ses appas,
Il sort de son domicile,
Tournant feintement ses pas
Aux fournaises de Secile,
Où les bras accoustumez
Des Cyclopes enfumez
Coup sur coup vont martelant,
D’une tenaille mordante
Retournant la masse ardente,
Du tonnerre estincellant.
Jà ce vieillard Lemmien
Feint d’aller à l’heure, à l’heure
Pour donner au Thracien
L’opportunité meilleure :
Puis avecques un long tour
Celant son traistre retour
Pour surprendre l’estranger,
Ce sot jaloux délibère
Par un plus grand vitupère
Sa grande honte venger.
A peine ce Dieu boiteux
Avait la porte passée,
Et jà l’amant convoiteux
Tenoit sa dame embrassée :
Et pressant l’yvoire blanc,
Or’ la cuisse, ores le flanc,
Or’ l’estomac luy serroit,
Cueillant à lèvres descloses
L’ame qui parmy les roses