Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nçois le donnoient souvent à leurs amoureux. Les dames françoises, ausquelles sur tout il faut être complaisant, ne trouveroient point ces heros assez gracieux. Le veritable amour jette souvent du ridicule sur les personnages les plus serieux. En effet le parterre rit presqu’aussi haut qu’à une scene de comedie à la répresentation de la derniere scene du second acte d’Andromaque, où Monsieur Racine fait une peinture naïve des transports et de l’aveuglement de l’amour veritable, dans tous les discours que Pyrrhus tient à Phoenix son confident. L’auteur anglois qui réprend la parole, prétend que nos poëtes, afin de pouvoir mettre de l’amour par tout, ont pris l’habitude de donner le nom d’amour et de passion à l’inclination generale d’un sexe pour l’autre sexe, determinée en faveur d’une certaine personne par quelques sentimens d’estime et de préference. Ils ont donc fait chausser le cothurne à cette inclination machinale, qui n’est rien moins qu’une passion tragique et capable de balancer les autres passions. Quelques-uns même n’ont pas de honte de donner pour un veritable amour une passion qui ne commence