Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/145

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dont ils se sçavent gré. Ce qui prouve seul qu’ils ne sont pas veritablement amoureux ; ils prétendent mettre d’accord l’amour avec la raison, deux choses aussi peu compatibles que la fievre et la santé. Les amoureux ne sont point concertez. En amour on se querelle sans sujet, on se raccommode sans raison. Les idées des amans n’ont point de liaison suivie. Le cours de leurs sentimens n’est pas mieux reglé que le cours de ces vagues qu’un vent capricieux soûleve à son gré durant la tempête. Vouloir assujetir ces sentimens à des principes, vouloir les ranger dans un ordre certain, c’est vouloir qu’un frenetique ait des visions suivies dans ses delires. Mais il importe peu quelle soit la substance des choses qu’on présente à certaines nations,