Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/248

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nous trouvions possible tout ce qui paroissoit possible dans les tems où il met sa scene, et où il transporte en quelque façon ses lecteurs : nous ne pouvons point, par exemple, l’accuser de manquer à la vrai-semblance, en supposant que Diane enleve Iphigenie au moment qu’on alloit la sacrifier, pour la transporter dans la Tauride. L’évenement étoit possible suivant la theologie des grecs de ce tems-là. Après cela, que des personnes plus hardies que moi osent marquer les bornes entre la vrai-semblance et le merveilleux par rapport à chaque genre de poësie, par rapport au tems où l’on suppose que l’évenement est arrivé ; enfin par rapport à la credulité, plus ou moins grande, de ceux pour qui le poëme est composé. Il me paroît trop difficile de placer ces bornes. D’un côté, les hommes ne sont point touchez par les évenemens qui cessent d’être vrai-semblables, parce qu’ils sont trop merveilleux. D’un autre côté, des évenemens si vrai-semblables qu’ils cessent d’être merveilleux, ne les rendent gueres attentifs. Il en est des sentimens comme des évenemens. Les sentimens où il n’y a rien de merveilleux, soit

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par la nob