Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/251

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et le dénouëment de la piece, laquelle fournit d’acte en acte des situations merveilleuses, est encore très-interessant. Cependant on ne compta jamais cette tragedie parmi celles qui sont l’honneur de notre théatre. Elle ne touche que par surprise, et l’on desavouë son émotion propre dès qu’on fait reflexion à l’extravagance de la supposition sur laquelle toutes les situations merveilleuses de la tragedie sont fondées. On n’a presque point de plaisir à revoir une piece qui suppose que la ressemblance du roi Tiberinus et d’Agrippa fut absolument si parfaite, même du côté de l’esprit, que l’amante d’Agrippa après avoir eu de longues conversations avec lui, continuë à le prendre pour Tiberinus. J’avoüerai cependant qu’un poëme sans merveilleux me déplairoit encore plus qu’un poëme fondé sur une supposition sans vrai-semblance. En cela je suis de l’avis de M Despreaux, qui prefere le voïage du monde de la lune de Cyrano aux poëmes sans invention de Motin et de Cotin. Comme rien ne détruit plus la vrai-semblance d’un fait que la connoissance certaine que peut avoir le spectateur que

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