Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fut un géometre auprès de lui, et l’on sçait le beau nom que le cardinal D’Est donna au ramas informe d’histoires mal tissues ensemble qui composent le Roland furieux. L’unité d’action y est si mal observée, qu’on a été obligé dans les éditions posterieures d’indiquer, par une note mise à côté de l’endroit où le poete interrompt une histoire, l’endroit du poeme où il la recommence, afin que le lecteur puisse suivre le fil de cette histoire. On a rendu en cela un grand service au public, car on ne lit pas deux fois L’Arioste de suite, et en passant du premier chant au second, et de celui-là aux autres successivement, mais bien en suivant independamment de l’ordre des livres les differentes histoires qu’il a plûtôt incorporées qu’unies ensemble. Cependant les italiens, generalement parlant, placent L’Arioste fort au-dessus du Tasse. L’academie de la Crusca, après avoir examiné le procès dans les formes, a fait une décision autentique qui adjuge à L’Arioste le premier rang entre les poetes épiques italiens. Le plus zelé défenseur du Tasse confesse qu’il attaque l’opinion generale, et que tout le