Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/420

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C’étoit par la voïe de la récitation que les anciens poëtes publioient ceux de leurs ouvrages qui n’étoient pas composez pour le théatre. On voit par les satyres de Juvenal, qu’il se formoit à Rome des assemblées nombreuses pour entendre réciter les poëmes que leurs auteurs vouloient donner au public. Nous trouvons même dans les usages de ce temps-là une preuve encore plus forte du plaisir que donne la simple récitation des vers qui sont riches en harmonie. Les romains, qui joignoient souvent d’autres plaisirs au plaisir de la table, faisoient lire quelquefois durant le repas Homere, Virgile et les poëtes excellens, quoique la plûpart des convives dussent sçavoir par cœur une partie des vers dont on leur faisoit entendre la lecture. Mais les romains comptoient que le plaisir du rithme et de l’harmonie dût suppléer au mérite de la nouveauté qui manquoit à ces vers. Juvenal promet à l’ami qu’il invite à venir manger le soir chez lui, qu’il entendra lire les vers d’Homere et de Virgile durant le repas, comme on promet aujourd’hui aux convives une reprise de brelan après le souper. Si mon lecteur,