Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/447

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s qu’elles sont réellement sans exagerer les chagrins qui les accompagnent, et les malheurs qui les suivent. C’est encore par des exemples qu’il nous instruit. Enfin ce qui doit achever de nous convaincre de sa sincerité, nous nous reconnoissons nous-mêmes dans ses tableaux. Or la peinture fidelle des passions suffit seule pour nous les faire craindre, et pour nous engager à prendre la résolution de les éviter avec toute l’attention dont nous sommes capables. Il n’est pas besoin que cette peinture soit chargée. Qui peut, après avoir vû le cid, ne point apprehender d’avoir une explication chatoüilleuse dans un de ces momens où nos humeurs sont aigries ? Quelle résolution ne forme-t-on pas de ne point traiter les affaires qui nous tiennent trop au cœur dans ces instans, où il est si facile que l’explication aboutisse à une querelle ? Ne se promet-on point de se taire, du moins dans toutes les occasions où notre imagination trop émuë peut nous faire dire quatre mots, que nous voudrions racheter par un silence de six mois. Cette crainte des passions ne laisse point d’avoir quelque effet.

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