Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/120

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temps. Après s’être ennuïé du travail, il faut, avant que de se mettre au travail, qu’il se soit ennuïé de l’oisiveté. Un poëte ne dispose pas sans un travail pénible et sans une attention laborieuse l’esquisse d’un long ouvrage. Le travail de limer et de polir ses propres vers est encore ennuïeux. Il est impossible que l’attention sérieuse sur des minuties que ce travail exige, ne fatigue pas bien-tôt. Cependant il faut la continuer durant long-temps. J’en appelle à témoin les poëtes à qui la perséverance dans ce labeur a manqué. Il est vrai que les poëtes trouvent un plaisir sensible dans l’entousiasme de la composition. L’ame livrée toute entiere aux idées qui s’excitent dans l’imagination échauffée, ne sent pas les efforts qu’elle fait pour les produire : elle ne s’apperçoit de sa peine que par cette lassitude et par cet épuisement qui suivent la composition. Ceux qui composent des vers sans être poëtes, sont contens de c