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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/157

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provoquent ces liberalitez, et qui par les merveilles qu’ils enfantent attirent sur leurs arts une attention que le monde n’y faisoit pas quand ces arts étoient encore grossiers. Tacite remarque que les temps feconds en hommes illustres, sont aussi fertiles en hommes capables de leur rendre justice, virtutes üsdem… etc. . Ne sçauroit-on croire donc qu’il est des temps où dans le même païs, les hommes naissent avec plus d’esprit que dans les temps ordinaires ? Peut-on penser, par exemple, qu’Auguste, quand il auroit été servi par deux mecenes, auroit pû, s’il eut regné aux temps où regna Constantin, changer par ses libéralitez les écrivains du quatriéme siecle en des Tite-Lives et en des Cicerons ? Si Jules Ii et Leon X avoient regné en Suede, croit-on que leur munificence eut formé dans les climats hiperborées, des Raphaëls, des Bembes et des Machiavels ? Tous les païs sont-ils propres à produire de grands poëtes et de grands peintres ? N’est-il point des siecles stériles dans les païs capables d’en produire ? En méditant sur ce sujet, il m’est souvent