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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/158

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venu dans l’esprit plusieurs idées que je reconnois moi-même pour être plûtôt de simples lueurs que de véritables lumieres. J’ignore donc encore après toutes mes refléxions, s’il est bien vrai que les hommes qui naissent durant certaines années, surpassent autant leurs ancêtres et leurs neveux en étenduë et en vigueur d’esprit, que ces premiers hommes dont parle l’histoire sainte et l’histoire profane, et qui ont vécu plusieurs siecles, surpassoient certainement leurs descendans en égalité d’humeurs et en bonne complexion. Mais il se trouve assez de vrai-semblance dans mes idées pour en discourir avec le lecteur. Les hommes attribuent souvent aux causes morales, des effets qui appartiennent aux causes physiques. Souvent nous imputons aux contre-temps, des chagrins dont la source est uniquement dans l’intemperie de nos humeurs, ou dans une disposition de l’air qui afflige notre machine. Si l’air avoit été plus serain, peut-être aurions-nous vû avec indifference une chose qui vient de nous desesperer. Je vais donc exposer ici mes refléxions d’autant plus volontiers, qu’en fait de probabilité et de conjectures,