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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/160

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Enfin les grands peintres furent toujours contemporains des grands poëtes, et les uns et les autres vécurent toujours dans le même temps que les plus grands hommes leurs compatriotes. Il a paru que de leurs jours, je ne sçai quel esprit de perfection se répandoit sur le genre humain dans leur patrie. Les professions qui avoient fleuri en même-temps que la poësie et que la peinture, sont encore déchuës avec elles. première réflexion.

il seroit inutile de prouver fort au long, qu’il est des païs où l’on ne vit jamais de grands peintres ni de grands poëtes. Par exemple, tout le monde sçait qu’il n’est sorti des extrémitez du nord que des poëtes sauvages, des versificateurs grossiers et de froids coloristes. La peinture et la poësie ne se sont point approchées du pole plus près que la hauteur de la Hollande. On n’a gueres vû même dans cette province qu’une peinture morfonduë. Les poëtes hollandois ont montré plus de vigueur et plus de feu d’esprit que les peintres leurs compatriotes. Il semble que la poësie ne craigne pas le froid autant que la peinture.