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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/198

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où ils avoient atteint d’eux-mêmes. Ces grands hommes, qui pour ainsi dire, se sont formez de leurs propres mains, ne sçauroient former par leurs leçons ni par leurs exemples des éleves qui soient leurs égaux. Ces successeurs, qui reçoivent des enseignemens donnez par des maîtres excellens : ces successeurs, qui par cette raison et par bien d’autres, devroient surpasser leurs maîtres, s’ils avoient autant de genie que ces maîtres, occupent leur place sans la remplir. Les premiers successeurs des grands maîtres, sont encore remplacez par des sujets moindres qu’eux. Enfin, le génie des arts et des sciences disparoît jusqu’à ce que la révolution des siecles le vienne encore tirer une autre fois des tombeaux, où il semble qu’il s’ensevelisse pour plusieurs siecles, après s’être montré durant quelques années. Dans le même païs où la nature avoit produit liberalement et sans secours extraordinaire, les peintres fameux du siecle de Leon X les recompenses, les soins de l’academie de saint Luc, établie par Gregoire Xiii et par Sixte-Quint, l’attention des souverains, enfin tous les efforts des causes morales n’ont pû donner une posterité à ces