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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/199

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grands artisans nez sans ancêtres. L’école de Venise et celle de Florence dégenererent et s’anéantirent en soixante ans. Il est vrai que la peinture se maintint à Rome en splendeur durant un plus grand nombre d’années. Au milieu du siecle dernier on y voïoit même encore de grands maîtres. Mais ces peintres étoient des étrangers, tels que Poussin, les éleves des Carraches qui vinrent faire valoir à Rome les talens de l’école de Boulogne et quelques autres. Comme cette école avoit fleuri plus tard que celle de Rome, elle a survécu à la premiere. Qu’on me permette l’expression, il ne vint point de taillis à côté de ces grands chênes. Le Poussin en trente années de travail assidu dans un attellier placé au milieu de Rome, ne forma point d’éleve qui se soit acquis un grand nom dans la peinture, quoique ce grand homme fût aussi capable d’enseigner son art, qu’aucun maître qui jamais l’ait professé. Dans la même ville, mais en d’autres temps, Raphaël mort aussi jeune que l’étoient ses éleves, avoit formé dans le cours de dix ou douze années une école de cinq ou six peintres, dont les ouvrages font encore une partie de la gloire du maître. Enfin, toutes les écoles d’Italie, celles