Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/214

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suite plusieurs regnes tranquilles qu’on peut regarder comme le siecle d’or réel et historique. Nerva, Trajan, Adrien, Antonin et Marc-Aurele qui se succederent immédiatement, et dont l’avenement à l’empire fut aussi paisible que celui d’un fils qui succede à son pere, étoient à la fois de grands princes et de bons princes. Leurs regnes contigus composent presque un siecle de cent ans. Il est vrai que plusieurs empereurs furent des tyrans, et que les guerres civiles, par le moïen desquelles un grand nombre de ces princes parvint à l’empire ou le perdit, furent très-fréquentes. Mais la mauvaise humeur de Caligula, de Neron, de Domitien, de Commode, de Caracalla et de Maximin, ne tomboit gueres sur les gens de lettres, et tomboit encore moins sur les artisans. Lucain le seul homme de lettres distingué qui ait été mis à mort dans ces temps-là, fut condamné comme conspirateur et non pas comme poëte. La mort de Lucain dégoûta-t-elle ceux qui avoient du génie de faire des vers ? Stace, Juvenal, Martial et plusieurs autres qui ont pû le voir mourir, n’ont pas laissé de composer. La mauvaise humeur des empereurs,