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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/221

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empêché qu’il n’y eut de grands peintres, de grands sculpteurs, de grands orateurs et de grands poëtes, puisqu’ils n’empêchoient pas qu’il ne s’y trouvât un peuple entier d’artisans médiocres. Quand les arts sont assez cultivez pour former un grand nombre d’artisans médiocres, ils en formeroient d’excellens, si le génie ne manquoit pas aux ouvriers. Rome est encore aujourd’hui remplie de tombeaux et de statuës qu’on reconnoît certainement par les inscriptions ou par les coëffures des femmes, pour avoir été faits depuis l’empire de Trajan jusqu’à l’empire de Constantin. Comme les romaines changeoient leur coëffures aussi souvent que les françoises changent la leur, on peut connoître à peu près par la forme des coëffures, qui se trouvent dans les monumens romains, sous quel empereur ils ont été faits, et cela, parce que nous sçavons par les médailles des femmes et des parentes des empereurs en quel temps une certaine mode a eu cours. C’est ainsi qu’on pourroit, à l’aide du recueil des modes en usage en France depuis trois cens ans, que Monsieur De Gaignieres avoit ramassé,