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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/229

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tatuës, des vases et des autres curiositez ne laissoient pas dans l’occasion de les emporter à Rome où ils voïoient qu’on en faisoit tant de cas. On conçoit que Mummius qui voulut enrichir Rome des dépoüilles de Corinthe ne s’y connoissoit gueres, par la menace ridicule qu’il fit aux maîtres des navires qui les y devoient transporter. Jamais perte n’auroit été moins réparable que celle d’un pareil dépôt, composé des chef-d’ œuvres de ces artisans rares, qui contribuent autant que les grands capitaines, à rendre leur siecle respectable aux autres siecles. Cependant Mummius en recommandant le soin de cet amas précieux à ceux ausquels il le confioit, les menaça très-sérieusement, si les statuës, les tableaux et les choses dont il les chargeoit de répondre venoient à se perdre, qu’il en feroit faire d’autres à leurs dépens. Mais bien-tôt, continuera-t-on, tous les romains sortirent de cette ignorance, et bien-tôt le simple soldat ne brisat plus les vases précieux en saccageant les villes prises. L’armée de Silla rapporta de l’Asie à Rome, ou pour parler avec plus de précision, elle y rendit