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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/371

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sur un objet, qu’il connoît en son entier et qu’il voit par toutes ses faces. Toutes les beautez et toutes les imperfections de ces sortes d’ouvrages sont sous les yeux du public. Rien de ce qui doit les faire loüer ou les faire blâmer n’est caché pour lui. Il sçait tout ce qu’il faut sçavoir pour en bien juger. Le prince qui a donné au general sa commission, ou bien au ministre son instruction, n’est pas aussi capable de juger de leur conduite, que l’est le public de juger des poëmes et des tableaux. Les peintres et les poëtes, continuera-t-on, sont du moins les plus malheureux de tous ceux dont les ouvrages demeurent à découvert sous les yeux du public. Vous mettez tout le monde en droit de leur faire leur procès, même sans rendre aucune raison de son jugement, au lieu que les autres sçavans ne sont jugez que par leurs pairs , qui sont encore tenus de les convaincre dans les formes avant que d’être reçus à prononcer leur condamnation. Je ne pense pas que ce fut un si grand bonheur pour les peintres et pour les poëtes de n’être jugez que par leurs pairs. Mais répondons plus sérieusement. Lorsqu’un ouvrage traite de sciences ou de connoissances